Aujourd’hui, je te revois pour la première fois depuis bien des années et un sourire fend mon visage. Je ne sais même pas à quand remonte notre dernière altercation et en vérité je m’en fiche.

Tout ce dont je me souviens, c’est que tu m’as fait souffrir. Que tu m’as humiliée et rabaissée. Par ta faute, je me pensais indigne de l’amour que me portait mes proches. Je ne pensais rien valoir. Comme si le physique était la seule et unique chose qui comptait, comme s’il définissait ce que l’on était, comme si je n’avais rien à offrir au monde.

Dans mes souvenirs, aussi lointains soient-ils, je te déteste. À l’heure de nos retrouvailles, je pensais avoir envie de te frapper. Vouloir te faire subir toutes les brimades qui te faisaient sourire à l’époque. Vouloir t’insulter de tous les noms d’oiseaux possibles et imaginables, munie de la repartie nécessaire à te faire fermer ton caquet. Œil pour œil, dent pour dent.

En réalité, quand je te vois aujourd’hui, je me dis que mon sourire se suffit à lui-même. Tu as perdue de ta superbe, et là où je me suis relevée plus forte, tu t’es effondrée. Mieux encore, je te remercie d’avoir contribué à faire de moi la personne que je suis devenue. Je n’ai rien à t’envier, et c’est sans doute la plus belle des revanches. La vie est étrange, et je l’en remercie.