Venin
J’ouvre le tiroir de ma commode. A l’intérieur, une feuille, poussiéreuse,
jaunie. Une écriture à l’encre bleue, aux traits penchés. Silencieuse…
Je relis ces mots et je pleure
Je croise mon regard dans mon miroir
Je vois, les cernes, la pâleur
D’un temps passé si amer ce soir.
Dans ce reflet, j’aperçois au coin de mon oeil
une larme qui naît et se faufile, jusqu’au seuil
De ma vie, ébréchée. Elle me nargue, m’évite,
Se défile. Ma main la poursuit, s’irrite.
Mais, la petite perle transparente poursuit sa route
Au gré de mes mots, de mes doutes.
Et finit par s’arrêter, là, sur mon cœur.
Ici, elle se pose et meurt.
Soudain, une fleur jaillit.
Immédiatement la voilà cueillie.
Une autre, froide et noire, surgit.
Je l’attrape dans un sombre cri.
Et m’écroule sur le sol, terrassée
Par la vie. Morte, tuée par mon passé.
Morte sans avoir fini de vivre,
Le reflet, peu à peu, s'efface : ici, plus d’avenir.
La fleur, satisfaite d’avoir accompli
Son forfait, s’offre à nous dans un rire plein de mépris.
La terrible plante peut enfin faner, dans le repli
De mon existence, définitivement flétrie.
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