Pipes nocturnes
Jess n’avait jamais sucé une bite. Jusqu’à il y a peu, sa relation avec cet étrange appendice masculin se résumait à quelques visions d’organes démesurés dans des productions pornographiques frisant le grotesque, et l’unique – et sacro-sainte – apparition de la queue de Math au sortir de sa douche. Deux expériences éloignées des moyennes nationales – 12 cm, disait Wikipédia, Jess avait poussé les recherches à leur paroxysme – et somme toute relativement peu représentative.
Lorsque l’on évoque la fellation, les représentations qu’en avaient Jess tombaient encore un peu plus bas. Il y avait bien les retours post-sorties en boîte de cette péteuse d’Amélie, qui disparaissait toujours en cours de soirée pour réapparaitre le lendemain matin, ne tarissant plus sur tous les mâles qu’elle avait pu accrocher à son tableau de chasse. Des balivernes, évidemment ! Du moins, c’est ce que disait Jess pour se rassurer. Et mis à part Amélie et ses pipes baveuses et quelques blowjobs numériques qu’elle sautait généralement d’un coup de curseur, c’était à nouveau tout. Le vide. Nada.
Elle avait jusqu’ici toujours eu l’habitude de mentir à ses potes, lorsque le sujet du cul, l’alcool aidant, apparaissait lors de leurs soirées pyjama. Elle avait décrit avec force détails comment elle avait sucé un hollandais « méga sex » lors de ses vacances au camping d’Angoulême, l’été d’avant. Douces rêveries prononcées avec une telle verve que Jess finissait par autant croire ses âneries que son propre auditoire. N’empêche, le fait est que le pauvre Hollandais bien gaulé n’avait existé nulle part, et surtout pas dans ce camping d’Angoulême où elle avait été contrainte à suivre le couple de ses parents entre la table du repas, la table de l’apéro et les abords de cette piscine décidément fréquentée que par le troisième âge du quartier…
Du coup, lorsqu’elle se retrouva avec ce sexe démesuré à quelques centimètres de son nez, elle fut inéluctablement prise d’une hésitation.
Que faire ?
Comment s’y prendre ?
Allait-elle être dégoûtée d’avoir ça en bouche ?
Si c’était le cas, comment arrêter tout sans le vexer ?
Bref, trop de questions et le risque non négligeable de finir comme une biche figée devant les phares d’un poids lourds lancé à pleine allure. Si dans le cas de Jess il y avait peu de chance qu’elle finisse en purée de cervelle étalée sur un kilomètre de bitume, elle avait tout de même tout intérêt à passer rapidement à l’action. Après tout, depuis le temps qu’elle voulait s’y mettre… Ce soir de presque pleine lune lui tendait les bras pour cocher plusieurs cases de sa to do list, et effacer pour de bon l’étiquette « encore vierge » de sa mémoire interne.
Elle avait alors tiré la langue et, tout en maintenant fermement son esquimau improvisé – et tout sauf glacé ! – lécha ce sexe de la base jusqu’au gland. Sous la langue, le goût était étrange. Salé, musqué. Un goût d’homme, assurément. Un goût ni franchement agréable, ni désagréable. Ce qui était satisfaisant, par contre, c’était la tête de son amant. Si des rides d’anxiété trahissaient une appréhension à abandonner sa bite entre les lèvres de sa colocataire, la première lape suffit à les faire s’évaporer totalement. Il soupira, un léger sourire niais détendant ses joues empourprées par le retournement de situation qui venait de bousculer sa soirée.
- Jess tu fais ça tellement bien…
Flattée, le compliment la fit mouiller. Elle le voulait en elle, encore. Elle voulait qu’il la soulève, qu’il la plaque au mur, qu’ils baisent par terre comme des chiens. Mais avant tout ça, elle voulait le sucer correctement, apprendre, tâtonner avec sa bouche, séparer en étudiant la physionomie de ses traits ce qui était bon, ce qui était très bon et ce qui lui faisait un putain de bien. Et tandis qu’elle maintenait des deux mains sa bite, elle posa ses lèvres délicatement sur la couronne du gland pour, en les entrouvrant, l’avaler avec une suave lenteur qui l’obligea à lâcher un râle provenant du fond de sa cage thoracique.
Elle maitrisait diablement bien ses mouvements et elle s’en étonna. Peut-être au final était-il facile de faire du bien à une bite ? Ou peut-être était-elle simplement une reine du sexe ? N’empêche qu’elle l’avait en bouche, désormais. Et qu’il avait apposé ses deux mains sur le sommet de sa tête, pour qu’il l’avale encore, encore juste un peu, un peu plus. Presqu’aussitôt elle se retira, recommençant des mouvements plus infimes rien qu’avec sa langue. Il ne fallait pas céder. La frustration serait son amie dans cette pipe qu’elle voulait dantesque.
Que vas-tu faire s’il te jouit dans la bouche ?
La question traversa son esprit, elle l’éluda en recommençant à le sucer plus goulument.
- Putain tu me fais monter Jess.
Elle grogna, peinant à prononcer les consonnes la langue encombrée de son chibre.
- Euh inerdis euh ouiiir ! Uh as compris ?
Il sourit, faillit pouffer. Elle cracha sa bite, avec un large filet de bave reliant son gland à ses lèvres.
- J’ai dit je t’interdis de jouir t’as bien compris. J’ai envie que tu me prennes encore, ok ?
- Encore ?
Elle soupira :
- Tais-toi maintenant et ne jouis pas maintenant, c’est tout ce que je te demande, conclut-elle en le reprenant en bouche.
Mais tandis qu’elle l’avala un peu plus, sentant des fuites de liquide pré-séminal salé venir envahir ses papilles, Math sursauta tout en la repoussant violemment. Elle faillit tomber en arrière, avant de se rattraper in extremis à l’accoudoir du canapé.
- T’es complètement malade, qu’est-ce qui se passe ?, fit-elle en se passant un bras sur les lèvres, pour en essuyer les souillures.
- Un mouvement ! Putain, y a eu un mouvement dehors, juste là !
Il pointait du doigt la baie vitrée rendue opaque par la nuit qui baignait la rue.
- T’as rêvé…
- J’ai rien rêvé du tout…
Alors Jess se leva, pivota sur ses talons pour se retrouver en un instant le cul collé à la bite de Math. De légers mouvements de bassins décalottait le sexe en érection, encore lubrifié de bave. Il glissait entre les fesses de sa colocataire, venait titiller la circonférence épilée de son anus, s’y attardait tandis que Jess maitrisait ses mouvements avant de repartir pour un tour. Le pinceau de son sexe dessinait des coulures transparentes de cette rosée d’excitation qui monte pour prévenir de l’arrivée imminente de l’orgasme. En tartinait les fesses de Jess, qui reprenait son étrange danse de dos qui lui faisait tant de bien. Math eût tôt fait d’oublier le mouvement qu’il avait cru voir à l’extérieur. Pourtant, sans qu’aucun d’eux ne le sachent, la créature qui avait pénétré Jess tout à l’heure se tenait désormais dans leur appartement, les observant avec attention.
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