Bellis perennis
J'aimais la comparer à une pâquerette. Symbole annonciateur des beaux jours et de l'insouciance. Je l'appelais d'ailleurs "ma p'tite pâquerette". Et pour cause.
Comme une pâquerette, elle était vivace, délicate et surtout éclatante de beauté.
Comme une pâquerette, elle était jolie. Manon était la plus jolie fille que je connaissais et Dieu sait que j'en connaissais beaucoup. Sa beauté rayonnait aux alentours, éblouissant et laissant un sillon de lumière sur son passage. Oui, Manon était jolie.
Comme une pâquerette, elle était sauvage. Manon était une de ces filles qui ne tiennent pas en place. Du matin au soir, elle ne cessait d'aller et de venir, sautillant gaiement sans jamais s'arrêter. Elle riait aux éclats sans se soucier de son entourage, courait dans l'herbe au risque de salir sa robe. Oui, Manon était sauvage.
Comme une pâquerette, elle était parfumée. Comment pourrais je oublier le parfum de Manon ? Certains jours, elle sentait la vanille. D'autres jours, la fleur d'oranger. Une douce odeur qui vous invitait à la serrer dans vos bras sans plus jamais la lâcher. Oui, Manon était parfumée.
Comme une pâquerette, elle était résistante. Si la fleur se ferme afin de pouvoir résister au mauvais temps, Manon elle, affrontait le mauvais temps sourire aux lèvres. Du haut de ses 6 ans, elle m'avait dit "Ne pleure pas maman. Si je ris, c'est que je vais bien". Oui, Manon était résistante.
Comme une pâquerette, elle était éphémère. Manon n'est plus là. L'hiver est arrivée et avec elle la pneumonie. Les pâquerettes ont disparu des champs, ma p'tite pâquerette s'en est allée avec elles. Oui, Manon était éphémère.
Jolie, sauvage, parfumée, résistante, éphémère, c'était bien une fleur des champs, ma Bellis perennis.
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