LE FLAMANT ROSE

Presque phosphorescent tant sa robe étincelle,

Le flamant rose illumine l’aurore. Un lac

Tranquille étend ses ors, bercé d’un doux ressac ;

Par-dessus, chaque oiseau figure une chandelle.

Ils sont des millions comme lui, les pieds dans l’eau,

Qui, de leur bec crochu, vont cravacher la vase,

Puis s’envoler soudain au son de quelque oukase

Pour teindre l’horizon d’une couleur ponceau.

Ces myriades d’ailes ricochent à la diable ;

Un ronflement : le ciel d’éternuer. Un œuf

Tombe, une silhouette, un profil pur et neuf,

De dos d’une beauté sublime et admirable !

Las, quand tu te tournes, flamant, comme ces gens,

De près tes traits sont laids et tes détails cinglants.