Chapitre 02 - Le Survivant

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Les chairs moisies virant au vert, ou encore à un semblant de violet lavande, portaient des entailles assez profondes. Certains auraient laissé affirmer qu'il s'agissait de l'œuvre d'une bête à la mâchoire imposante, elle n'était pas assez fine pour être celle d'un loup et elle était encore trop petite pour être l'œuvre d'un ours ou d'un grizzly. C'étaient des crocs plus aiguisés que ceux d'un cobra, plus longs et plus épais que ceux d'un lion. Mais il n'existait dans ce monde a priori aucune bête qui réunissait toutes ces qualités de faucheuse, et si elle existait, il n'y aurait aucun homme assez courageux ni assez stupide pour lui tenir tête. Aussi invraisemblable que cela parût, il y avait encore trace de vie dans le cimetière forestier car, étouffé en dessous des corps, un souffle retentit.

Sous quelques-uns des cadavres entassés au milieu, il y avait bien eu un souffle, puis un deuxième, une respiration. Les corps inertes commencèrent à bouger doucement, comme si on osait à peine les effleurer. Le bras du plus léger prit vie, son coude se leva, puis se rabaissa et se releva à nouveau en même temps que son dos. Il glissa sur le flanc, laissant apparaître les os de ses côtes complètement griffées, et se retrouva sur le ventre, dévoilant deux avant-bras tachés de sang qui semblaient l'avoir poussé. Les mains de ces bras se crispèrent, enfoncèrent leurs ongles dans la terre et rampèrent pour permettre à leur hôte de sortir de son terrier humain. Un corps bien vivant se tortillait sur le sol, essayant tant bien que mal de se déloger des cadavres putréfiés sous lesquels il avait été coincé. Il rampa péniblement, ralenti par le poids des corps et son souffle irrégulier affecté par l'odeur immonde qui avait envahi ses poumons. Enfin, il s'était libéré et il s'allongea sur le dos afin de reprendre son souffle.

C'était un jeune homme d'à peine vingt ans. Il était mince et élancé, légèrement musclé avec des épaules prononcées. Il était vêtu d'une blouse en coton vert et d'un pantalon noir, éclairci par le temps. Ses vêtements étaient déchirés et tachés de sang. Il portait également deux canons d'avant-bras en cuir épais, le même qui avait été utilisé par le cordonnier pour confectionner ses bottes. En plus de posséder un corps bien bâti, les traits de son visage étaient aussi doux que ceux d'un ange. Ses cheveux châtains tombaient sur son front et cachaient ses yeux noirs qui s'accordaient parfaitement avec l'atmosphère des lieux.

L'homme qui se trouvait allongé au milieu de ce carnage, qui respirait l'odeur du sang et des chairs pourries et qui pouvait entendre chaque bruit se produisant à l'intérieur de son corps, cet homme, c'était Sauron.

Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers

Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun

Corrigée par Mélany BIGOT

Actuellement disponible sur Amazon en version papier !

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