Une main s'était brusquement posée sur son épaule, le tirant légèrement vers l'arrière. Sauron se retourna rapidement, prêt à porter un coup à la tête de la personne qui se trouvait derrière lui, mais il s'arrêta en s'apercevant qu'il s'agissait de la personne la plus normale qu'il ait vue depuis son réveil dans la forêt.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu ne m'as pas du tout l'air du coin, lui demanda la voix.

Sauron baissa son poing et admira le jeune homme qui se trouvait devant lui de la tête aux pieds. Il semblait avoir plus ou moins le même âge que lui. Il avait les cheveux mi-longs, un mélange de mèches blondes et châtains, ainsi que des yeux vert très clair. Il était un peu plus grand que lui, avec des bras et des épaules musclés. Il était vêtu d'une armure de métal et de cuir noir, d'une cape bleu nuit avec une capuche à l'arrière et d'un foulard qui cachait son cou et qu'il semblait avoir l'habitude de mettre pour cacher le bas de son visage. Il avait beaucoup de charme et de prestance. Sans un mot, il lança un regard glacial en direction de la vieille femme, ce qui la fit reculer sur sa terrasse.

— Alors ? dit-il en attendant une réponse.

— Il est vrai que je ne suis pas d'ici, j'ai atterri là par hasard, mais on dirait que ce n'est pas non plus ton cas. Qui es-tu ?

— Tu ne sais pas qui je suis ? demanda-t-il, surpris, avant de glisser un petit rire. Je m'appelle Vorondil, je viens d'un campement près de la cité d'Ellor. Je suis venu chercher une épée fabriquée par un forgeron d'ici avec un acier très spécial, plus tranchant que le diamant ou que les griffes d'un dragon.

À ce moment précis, il releva l'arme qu'il tenait dans sa main droite. C'était une longue épée, presque aussi grande que lui, très large, d'un acier blanc. Elle brillait de mille feux, comme si elle renfermait des milliers de pierres précieuses, et avait un manche noir avec l'extrémité sculptée en forme de corbeau. Sauron était complètement captivé par une telle beauté, il en était presque jaloux. Alors que les deux jeunes hommes se sentaient tout seuls, ils en oubliaient les villageois tordus qui continuaient de les fixer d'un air de plus en plus agressif. Vorondil accrocha sa nouvelle épée dans son dos, se rapprocha de son cheval, un magnifique étalon brun. Il posa un pied sur l'étrier et s'assit sur la selle. Il se tourna vers Sauron et lui dit :

— Tu peux rester ici si tu as envie de te faire égorger. Sinon, je peux te ramener au campement d'Ellor et tu pourras repartir chez toi.

Repartir chez moi ? pensa-t-il. Je n'ai pas pensé à ma famille, est-ce qu'ils sont inquiets ? Est-ce qu'ils me cherchent ? Probablement pas, ils ont sûrement invité le village tout entier pour célébrer ma disparition et sont en train de prier ma mort. Est-ce que je veux y retourner ? Il hésita quelques instants avant de se mettre en tête qu'il pourrait peut-être enfin écrire sa propre histoire et ne plus être Sauron, le détesté d'Imrad. Il était presque ravi de partir aussi loin de chez lui. Vorondil lui tendit la main en espérant qu'il accepterait de le suivre. Sauron la prit volontiers. Il s'apprêtait à monter à l'arrière quand il leva la tête, le regarda droit dans les yeux, et lui répondit d'un ton timide :

— Je m'appelle Sauron.

Il serra l'avant-bras de Vorondil et monta derrière lui avec son aide. Ce dernier donna un coup de talon sur le flanc du cheval tout en agrippant les rênes. L'étalon se crispa sur ses jambes et recula légèrement avant de partir à toute vitesse de l'autre côté du village, laissant la marque de ses sabots dans la terre.

Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers

Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun

Corrigée par Mélany BIGOT

Actuellement disponible sur Amazon en version papier !

Soutenez-nous :) Le lien est dans les commentaires ▼