Chapitre 08 - Premier Combat

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Du sang coulait sous les yeux de Sauron, aveuglé. Il se les frotta rapidement. Devant lui, un homme immense fait de muscles des pieds à la tête, torse nu, avec une ceinture épaisse en cuir sur ses abdominaux saillants, avait envoyé valser un autre soldat sur quelques mètres, le tout après lui avoir fracassé la mâchoire d'un seul coup de poing. C'était un prisonnier avec lequel les soldats avaient organisé un tournoi pour déterminer à quel point il était fort. S'il arrivait à battre tous ses adversaires, on lui accorderait quelques privilèges pendant sa détention, comme un coin tranquille avec un repas chaud. Un nouvel adversaire entra dans le cercle. Il plia ses genoux et avança ses poings tout en fixant l'homme qui se trouvait devant lui. À peine eut-il fait un pas qu'il se retrouva la tête la première dans la boue, sa portée étant bien plus courte que son concurrent.

— Personne d'autre ? s'exclama le géant. Allez, encore un pour finir cette soirée en toute beauté !

La foule s'agita davantage, tous se poussant les uns contre les autres en criant de joie. Ils semblaient se divertir et ne voulaient pas que cela cesse. La bête avait su réunir des admirateurs qui trouvaient eux aussi cela très amusant. Ils s'excitèrent de plus en plus quand tout à coup, Sauron se trouva à terre, poussé par le mouvement. Il se cogna violemment la tête puis se la frotta en clignant des paupières. Quelle force, pensa-t-il.

— Toi. Tu es bien courageux, viens par ici ! s'exclama l'homme en s'adressant à Sauron.

— Moi ?! s'écria Sauron en se tournant vers lui, surpris. Non, je ne suis pas là pour combattre, c'est un malentendu, ajouta-t-il, les yeux écarquillés.

— Trop tard, tu ne peux plus faire demi-tour.

Deux soldats saisirent les bras de Sauron, le soulevèrent pour le faire tenir debout et le poussèrent brusquement au milieu du terrain. Le jeune garçon scruta la foule autour d'eux qui les acclamait. Dans quels ennuis je me suis encore fourré ? se demanda-t-il. Rapidement, il dirigea son regard vers celui de son adversaire qui semblait impatient. Celui-ci craqua ses doigts tout en souriant. Il était comme un animal assoiffé de sang. Il avança d'un pas, Sauron recula de deux. C'est alors qu'il s'élança et donna un coup de pied dans le ventre de Sauron qui s'effondra sur le sol.

L'homme agrippa sa cheville et le tira par terre avant de le traîner pour le pousser de l'autre côté. Sauron se tourna sur le ventre, plein de boue, cracha du sang et regarda la foule toujours enthousiaste. Je ne vais pas me laisser mettre à terre toute ma vie, je ne peux pas fuir, je sais me battre, moi aussi ! Il se leva rapidement en prenant appui sur son genou droit, saisit la chope de bière d'un soldat se trouvant juste devant lui et la lança violemment dans le visage de son concurrent, ce qui l'aveugla pendant quelques instants. Il en profita pour le frapper au niveau des yeux avant de lui infliger un coup au menton. Le géant, déséquilibré, recula d'un pas, puis de deux. Sa tête tournait dans tous les sens et ses yeux brûlaient atrocement. La foule était de plus en plus silencieuse, attentive à chacun de leurs mouvements. Le spectacle devenait très distrayant. Sauron mit ses poings devant lui, prêt à en recevoir davantage.

L'homme le cogna sur le flanc, ce qui le fit reculer. Sauron releva la tête et le vit foncer sur lui, il l'évita tel un matador face à un taureau tout en le poussant par derrière. Sauron lui cogna tout le côté du visage, au niveau de l'oreille, d'un coup tranchant, ce qui le déstabilisa fortement. Tous ses sens étaient agités ; sa vue et son ouïe ne fonctionnaient plus correctement. Enfin, il lui porta le coup de grâce, un coup rapide et violent sur la nuque. L'homme trébucha et tomba la tête la première, ne pouvant plus tenir debout, laissant les soldats sans voix.

— Bien joué Sauron ! s'exclama Cirth en lui donnant une tape dans le dos. Tu as su être plus habile et malin que lui, la force ne triomphe pas toujours.

— Effectivement, tu peux être fier de toi jeune homme, ajouta une voix venant de la foule.

Cirth et Sauron se retournèrent. Un homme grand se tenait devant eux, au milieu d'une petite allée qu'avaient formée les soldats. Il avait les cheveux châtains et courts, des yeux couleur saphir, un chemisier bleu marine ainsi qu'un pantalon et des bottes noirs.

— Votre Majesté, prononcèrent quelques soldats autour de lui tout en s'écartant pour lui laisser la place.

Cet homme qui fixait Sauron n'était non pas le roi Calion, mais son fils aîné, Anario. Il avait été désigné général de cette armée par son père depuis déjà quelques années et avait su les amener plusieurs fois vers la victoire. Il était très charmant, intelligent et respecté de tous. Sauron n'avait jamais eu affaire à une personne de son statut. Il ne savait guère de quelle manière il devait s'adresser à lui, ni comment se tenir dans ces conditions. De nature polie, il se contenta de répéter ce qu'il avait entendu.

— Votre Majesté, dit-il en baissant légèrement la tête.

— Ne sois pas si formel, je suis à peine plus âgé que toi et en plus, je ne suis pas encore roi, répondit Anario. Tu es un nouveau membre de la Guilde des Corbeaux ? Que dirais-tu de te battre contre moi ? Je n'accepterai ta place qu'à cette condition.

— Il ne fait pas partie de notre Guilde, ce n'est qu'un voyageur que Vorondil a ramené ici, fit remarquer Cirth.

Vorondil, qui avait observé le combat de loin, s'avança dans le cercle et s'approcha d'eux. Il posa sa main sur l'épaule de Sauron pour le rassurer, regarda Cirth comme pour le remercier et s'avança jusque devant Anario. Il posa alors ses mains sur ses hanches et, tout en le fixant du regard, il dit :

— Qu'est-ce que tu fais ici Anario ? C'est rare de te voir venir admirer les combats.

Sauron fut assez surpris de voir Vorondil s'adresser aussi familièrement au prince. Il ne connaissait pas grand-chose des règles de la hiérarchie mais ça lui semblait tout de même étrange, jusqu'au moment où, d'un ton à la fois méprisant et affectueux, Anario répondit en posant sa main sur la tête de Vorondil :

— Te voilà, petit frère.

Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers

Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun

Corrigée par Mélany BIGOT


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