Spin-Off Halloween
Joyeux Halloween confiné à tous ! Pour cette occasion je vous propose un spin-off (série-dérivée / hors série) ayant lieu dans l'univers de La Légende de Sauron. Je vous laisse découvrir et j'espère que ça vous plaira
Mettez-vous dans l'ambiance : https://www.youtube.com/watch?v=oAX7owJcPHo&feature=emb_title
Cauchemar d'Halloween
Acte I : La neige rouge
La neige tombait doucement sur le royaume d'Aeglas se trouvant au nord des terres du roi Calion. Les arbres étaient dépourvus de feuilles et leur écorce était sombre. Le vent sifflait comme un hurlement lugubre, faisant craquer les branches mortes. Deux corbeaux volaient dans le ciel. La lumière de la lune se reflétait sur leurs plumes noires aux reflets bleus et leurs yeux ténébreux observaient la seule trace de vie de ces lieux. A quelques mètres en-dessous d'eux avançait un cavalier sur sa monture. Il n'avait pas tout à fait trente ans mais s'en rapprochait. Ses cheveux bruns mi-longs tombaient sur sa nuque et il possédait une barbe naissante. Ses yeux dorés brillaient dans la nuit et une cicatrice recouvrait son œil gauche. Enfin, il portait une fourrure sur son dos ainsi que deux dagues attachées à sa taille.
Sa monture avait une robe couleur souris ; ses poils étaient gris cendré tandis que ses crins et ses extrémités étaient noirs. Ses sabots s'enfonçaient dans le sol blanc. Les deux compagnons semblaient suivre des traces de sang. Des gouttes d'un rouge intense formaient un chemin qu'ils suivaient de près.
— Nous y sommes presque Asto. Pas besoin de te presser, elle est déjà morte à l'heure qu'il est, dit-il à son cheval.
L'homme se baissa légèrement vers l'avant afin de caresser le long cou poilu de sa monture. Cela faisait un bon moment qu'ils traquaient leur proie et la bête était épuisée. Elle s'arrêta net. De la salive coulait sur son menton et de la buée sortait de ses larges narines. Son cavalier glissa le long de son flan et posa pieds à terre. Les deux volatiles tournant au-dessus de sa tête descendirent à toute vitesse en sa direction et se posèrent sur le cadavre se trouvant en face de lui. Ils croassèrent en battant des ailes. L'un d'eux enfonça son bec pointu dans la tête de la victime afin d'en arracher son œil. L'organe tomba à côté de ses pattes crochues. Son homologue se précipita pour s'en emparer en l'agrippant par le nerf puis s'envola avec. Ils se suivirent dans le ciel de manière agressive pour se disputer le butin.
— Maudits piafs !
L'homme s'approcha du corps glacé. Il s'agissait d'une femme à la peau mate. Ses cheveux blonds étaient en bataille, témoignant de la violence dont elle avait été victime. Elle était recouverte de bleus virant au vert et sa robe était déchirée. Il l'examina de haut en bas, elle était recouverte de sang encore humide au niveau du ventre et des cuisses comme si elle avait été sauvagement violée. Il posa sa main sur son abdomen et s'aperçu alors qu'elle était éventrée. Son avant-bras s'enfonça sous sa peau, arrivant jusqu'à ses organes internes. Ses doigts gelés bouillonnaient au contact de ses entrailles encore chauds. L'homme afficha un visage perplexe. Il se releva doucement en secouant sa main.
— Notre quête n'est pas tout à fait terminée mon ami, remarqua-t-il en faisant signe à son animal de s'approcher.
Asto avança vers son maître en trainant les sabots. Le guerrier saisit un tissu épais posé sur sa monture et l'utilisa pour emballer le corps de la défunte. Il pris soin d'attacher le tout avec une corde tressée. Il la souleva et la chargea sur le derrière de son cheval.
— Nous devons retrouver l'enfant qu'elle portait...
Acte II : Le petit être fragile
Les mystérieux coéquipiers rejoignirent la lisière de la forêt se situant non loin de l'endroit où ils avaient ramassé le cadavre d'une femme brutalement assassinée. L'homme leva la tête vers le sommet des sapins enracinés devant lui. Des petites étincelles vertes tombaient du ciel, à peine visibles à l'œil nu. Il essaya de les attraper avec sa main droite. Des particules de magie... Les sorcières ne doivent pas être bien loin. Il décrocha ses dagues de sa ceinture et les saisis entre ses doigts.
— Attends-moi ici Asto.
Il avança pas à pas dans l'obscurité, traquant les traces de sang et les minuscules lumières témoignant de l'usage de sorts démoniaques. Il concentra son aura autour de lui et sentit la présence de plusieurs personnes à quelques arbres de là. Il se cacha derrière les troncs en s'approchant sans se faire remarquer. Il arriva assez proche pour distinguer un jeune homme d'une vingtaine d'années recouvert de blessures tenant le fœtus sous son bras et une tête humaine de la main opposée. Il possédait des cheveux bruns ébouriffés et des yeux marron. La moitié inférieure de son visage était recouverte d'un tissu noir, tout comme son cou. Il était vêtu d'un pantalon sombre, de bottes en cuire et d'une tunique fermée à la taille par une ceinture en métal sur laquelle pendaient des couteaux aux lames aiguisées. Devant lui se tenaient deux femmes énervées.
— Comment as-tu pu décapiter notre grande sœur aussi rapidement ?! s'interrogea l'une d'elle.
— Rends-nous sa tête et le bébé par la même occasion, il s'agit d'un sacrifice de qualité pour notre seigneur.
— Reprenez votre sœur si vous le souhaitez, répondit le jeune homme en lançant la tête vers ses adversaires. L'enfant reste avec moi.
— Nous ne nous laisserons pas faire !
La première femme concentra sa force au creux de sa main. Un cercle de magie noire était tatoué sur sa paume. Une lueur verte apparue créant une boule d'énergie dangereuse. Elle dévisagea son opposant d'un regard meurtrier mais fût vite interrompue par un bruit aigüe. Les deux sorcières se retournèrent, interpellées par le sifflement de l'homme qui les observait dans l'ombre. Au même moment, il lança ses dagues vers elles. Elles volèrent dans les airs rapidement et tranchèrent la gorge des sœurs avant de revenir dans les mains de leur propriétaire. A peine eurent-elles le temps de se regarder dans les yeux que leur peau se déchira et leur sang gicla. Leurs corps tombèrent sur le sol rejoignant celui gisant déjà dans la neige. L'inconnu raccrocha ses armes sur sa taille et avança vers le jeune homme. Ce dernier le fixa. Comment a-t-il fait pour contrôler ses lames ainsi ? se demanda-t-il. Aucun des deux guerriers ici présents ne prononça un mot. La plus âgé souleva son bras et fit signe à l'autre de ramener quelque chose en bougeant ses doigts.
— Ramènes-moi le corps du petit par ici.
Son interlocuteur baissa ses yeux vers le fœtus sans vie et ensanglanté. Il était si petit et fragile, pourtant il ne semblait lui restait que quelques semaines avant de naître. Il était recroquevillé et ses yeux étaient fermés. Etrangement, il paraissait serein, comme s'il était simplement endormi. Puis, il releva le visage vers l'inconnu. Si je possédais sa puissance, cela serait plus simple pour tuer ces vilaines sorcières de merde.
— Comment as-tu pu manipuler tes dagues à distance ? J'ai bien vu que tu ne les as pas simplement lancées, elles étaient guidées par ta volonté.
— Tu as l'air bien sûr de toi mon garçon.
— Ne m'appelle pas comme ça, je ne suis pas un enfant. J'ai eu dix huit ans l'été dernier, répliqua-t-il vexé.
— Tu es donc plus jeune que moi d'une décennie.
Un vent glacial vint traverser les lieux, faisant trembler les arbres. Le bruit d'une branche craquant sous un poids se fit entendre. Le jeune homme dégaina l'un de ses couteaux prêt à le lancer dans la direction du son. Son invité lui fit signe de s'arrêter.
— Ne blesse pas mon cheval.
Asto arriva vers eux et s'approcha de son maître qui lui caressa le museau affectueusement.
— Je t'avais dis de m'attendre, tu es vraiment têtu.
— C-Comment savais-tu que c'était lui de si loin ? Nous ne pouvions même pas l'apercevoir dans la nuit.
— Je maîtrise l'ondo, je suis capable d'exploiter mon aura pour augmenter ma puissance. C'est ainsi que j'ai sentis la présence de ma monture à travers les airs, et c'est de cette façon que je contrôle mes armes à distance.
— L'ondo hein ? Comment t'appelles-tu ?
— Je me nomme Terendul. Le corps qui se trouve sur ma monture est celui de la mère du bébé. Ils sont des citoyens de Nevrestir égarés, ma mission était de les retrouver. Maintenant confie-moi le corps.
Le jeune homme souffla exaspéré. Il enjamba les cadavres et marcha vers le mystérieux Terendul. Arrivé en face de lui, il leva légèrement les yeux afin de regarder son visage, puis il lui tendu le fœtus.
— C'était une petite fille, remarqua-t-il. Mon nom est Rana.
— Merci, répondu le guerrier en saisissant le petit être fragile. Je sais qui tu es, ta réputation te précède « Chasseur de Sorcières ».
Acte III : Duo improbable
Terendul et Rana étaient debout entre les arbres. Les flocons avaient cessé de tomber. Les deux hommes avaient enterré la mère et son enfant au pied d'un rocher et brûlés les corps des trois sorcières. Les premiers rayons du soleil apparurent à l'horizon marquant l'aube d'une nuit ténébreuse.
— Ne devais-tu pas ramener les corps à Nevrestir ?
— Je ne peux les ramener dans cet état, il est plus sage qu'ils trouvent le repos ici.
Terendul glissa sa main dans sa poche et en sortit une pièce en or étincelante. Il la lança en direction de Rana qui l'attrapa au vol. Ce dernier la croqua avec ses dents pour en vérifier son authenticité.
— Tu as trouvé l'enfant et tu l'as défendu, je te dois une partie de ce qu'on m'a offert pour ce travail.
— Tu es un mercenaire toi aussi ?
— Oui, on peut dire cela.
— Reprends ta pièce. Si tu veux m'être redevable apprends-moi plutôt à utiliser l'ondo, dit Rana d'un ton déterminé.
Il la renvoya en direction de Terendul. Celui-ci la saisit dans sa main et la contempla en souriant avant de la mettre directement dans la poche de Rana.
— La maîtrise de l'ondo ne vaut pas une simple pièce, et puis je suis quelqu'un de très occupé.
Terendul saisit les rênes de son cheval et le tira derrière lui afin de sortir de la forêt. Rana le suivit à la trace, insistant. Il ne dit pas un mot. Ils marchèrent à plusieurs mètres de distance pendant une journée entière, jusqu'au moment où ils arrivèrent dans un petit village inanimé. Les habitants étaient méfiants et très peu accueillants. Tout le monde se dévisageait. Sur la place centrale était dressé un bûcher. Terendul s'arrêta devant une auberge. Il accrocha sa monture à l'extérieur, devant un abreuvoir rempli d'eau fraîche. Puis il entra dans l'enceinte du bâtiment et s'assit à une table. Rana s'installa en face de lui. Le patron de l'établissement s'approcha d'eux.
— Comme d'habitude mon ami ? demanda-t-il en s'adressant à Terendul.
— Tout à fait mon brave, répondit-il en lui donna une pièce.
— Et le petit il veut quoi ?
— Le petit ?
— Il ne reste pas ici, remarqua le guerrier.
— La même chose, rétorqua-t-il en glissant sa pièce sur la table, fier de lui.
L'aubergiste saisit les deux pièces de monnaie avec grand plaisir et revint servir un repas chaud et gourmand ainsi que des bières savoureuses aux deux hommes qui se fixaient du regard depuis un bon moment. Ils mangèrent sans échanger un mot.
— Tu es bien persévérant, n'es-tu pas un loup solitaire ?
— Mon objectif est de devenir plus fort, et ce par tous les moyens.
Terendul soupira tout en affichant un sourire affectueux. Il se reconnaissait à travers Rana. Lorsqu'il avait son âge il possédait lui aussi un mauvais caractère, il était solitaire, froid et très peu bavard. Cela l'amusait donc de la taquiner de la sorte. Il se leva et monta à l'étage. Le patron le suivit juste derrière, puis Rana grimpa les escaliers à son tour.
— Il faudra partager la dernière chambre, voici les clés.
— Mmh... grogna Rana.
Ils entrèrent tous les deux dans l'étroite pièce. Terendul s'affala sur son couchage sans même enlever ses chaussures, il était épuisé. Rana s'approcha du miroir se trouvant dans le coin, près de la fenêtre. Il détacha sa ceinture de couteaux et la posa sur une petite table en bois se trouvant à côté de lui. Puis, il enleva sa tunique et le vêtement qui cachait son visage afin de se laver la face avec un sceau d'eau. Terendul, curieux, tourna sa tête vers lui pour l'observer. Il remarqua alors de nombreuses cicatrices sur le dos du jeune homme. Ce petit aurait-il vraiment vécu l'enfer ? Les rumeurs disent qu'il traque les sorcières depuis qu'il a dix ans et son corps semble témoigner de ses échecs comme de ses réussites. Comment peut-il être encore vivant en ne combattant qu'avec ses lames ? pensa Terendul admiratif et perplexe. Rana se sécha avec un chiffon avant de s'asseoir à son tour sur son lit. Il fixa l'homme se trouvant en face de lui.
— Tu n'a pas intérêt à t'enfuir dans la nuit, je suis un excellent chasseur, je suivrai ta trace, menaça-t-il.
Terendul souris à nouveau. Rana semblait agacé de le voir agir ainsi depuis leur rencontre, il avait l'impression qu'il se moquait de lui. Il fronça les sourcils et se glissa sous sa couette. Les deux compagnons s'endormir petit à petit, tandis que la flamme éclairant la lanterne du plafond diminuait jusqu'à s'éteindre complètement.
Acte IV : Douloureuses pertes
Il faisait nuit noire et Rana avait le sommeil agité. Il avait beaucoup de mal à s'endormir à cause du vacarme provenant de l'extérieur. Il ouvra les yeux et se tourna pour regarder si Terendul était lui aussi éveillé, mais il avait disparu. Il enfila ses bottes rapidement et s'habilla de manière approximative. Il ouvrit la porte de leur chambre et examina le couloir commun. Personne... Il dégringola les marches et rejoignit le réfectoire mais il était vide lui aussi. Mais où sont-ils tous ?
— A mort ! A MORT ! hurlait un groupe d'individus se trouvant dehors.
Rana se rapprocha de la porte d'entrée, il saisit la poignée en fer et l'ouvra doucement. Lorsqu'il mit le pied dehors, il se retrouva sur la place du village. Des petits particules de feu virevoltaient comme des lucioles, venant se poser sur le sol. Qu'est-ce qu'il se passe ? Il avança vers le troupeau de villageois entassés mais n'arrivait pas à voir ce qu'ils regardaient tous, il était trop petit. Il se faufila entre eux afin d'arriver au premier rang. Là, il vit une femme et une jeune fille accrochées au bûcher entrain de brûler. Elles pleuraient et criaient de douleur. Il tourna autour afin de se rendre en face d'elles. Brusquement, il eut le souffle coupé. Rana suffoqua. Les deux personnes attachées se trouvaient être sa petite sœur Silana et sa mère.
— FAITES-LES DESCENDRE !! cria-t-il.
— Nous les avons choisies comme sacrifice pour notre seigneur, répondit une sorcière debout à côté de lui.
— Faites-les descendre où je vous tue tous ! ordonna le jeune homme.
— Toi, nous tuer ? Et puis quoi encore ? Espèce de microbe, répliqua une consœur de son espèce.
Rana était énervé. Il les assassina du regard et mit sa main sur sa ceinture pour saisir l'un de ses couteaux mais il n'arrivait pas à en attraper un. Surpris, il regarda à sa taille, rien. Il ne portait pas ses armes. Déterminé il donna alors un coup de poing à la première sorcière. Trop petit, il n'arriva qu'à frapper ses hanches et ne sembla pas lui faire du mal. Cette dernière, agacée, le poussa violemment contre le sol. Il tomba et se cogna la tête. Il se releva difficilement. Qu'est-ce qu'il se passe bordel ?! Il leva ses mains au niveau de son visage pour les examiner. Elles étaient petites et frêles. Rana se trouvait dans son corps d'enfant. Il se mit alors à pleurer à chaudes larmes.
— M-Maman... murmura-t-il. Maman ? Silana ?!
Il se tourna vers le bûcher. Les cris avaient cessés. Les corps de sa mère et de sa sœur étaient consumés par les flammes. Leurs peaux fondaient comme de la cire, et leurs joues avaient disparues laissant apparaître leurs dents ainsi que leurs mâchoires osseuses. Elles ne ressemblaient plus à rien, leurs cheveux avaient disparus. Rana ressentit une horrible sensation au niveau de sa poitrine, comme si quelqu'un exerçait une pression sur son cœur et que ses côtes allaient se briser. Il recula en rampant entre les villageois, horrifié. Il se leva en s'appuyant sur son genou droit. Tout son corps tremblait. Ce n'est pas possible... se disait-il reculant un pas après l'autre tout en gardant ses yeux sur l'effrayant spectacle qui se dressait devant lui. Soudain, il se cogna contre quelqu'un. Il se retourna avec peur.
— P-Papa...?
— CHÉRIE ! SILANA !! hurla-t-il l'adulte.
La folie se lisait dans les yeux de l'homme. Le petit Rana agrippa la manche de sa veste entre ses doigts. Son père laissa une colère insensée s'emparer de lui. Il courut vers le troupeau de sorcières, laissant son fils seul derrière. Il poussa les femmes avant d'essayer d'éteindre le feu et de décrocher sa chère famille. Cet acte ne fût pas du goût de tout le monde. Le sacrifice allait s'interrompre et cela allait paraître comme une insulte envers son destinataire. L'une des vilaines envouteuses décapita la tête du père de Rana. Elle la saisit par les cheveux et la souleva au-dessus de la foule qui l'acclama. Le garçon n'arrivait plus à respirer correctement et il avait peur d'être le prochain. Il essuya la morve de son nez avec sa manche et se leva rapidement. Il courut de toutes ses forces jusqu'à la sortie du village sans se retourner.
Il rejoignit rapidement une abondante forêt obscure recouverte de racines épaisses et de ronces aux épines coupantes. Rana trébucha plusieurs fois, se blessant à répétition. Il entendait les sorcières rirent de lui au loin. Il regarda en arrière afin de vérifier qu'elles ne le suivaient pas. Brusquement, son pied tapa dans une pierre et il tomba dans une crevasse profonde. Aïe... Rana avait mal partout et plusieurs de ses os semblaient cassés. Une goutte vint humidifier son visage, puis une deuxième. Il regarda vers le ciel, il était coincé au fond d'un trou et la pluie tombait de plus en plus fort. Il avait froid et il avait peur. Sa poitrine se serra encore, la pression qui s'exerçait sur son cœur devint de plus en plus pesante. Maman... Papa... Silana... Ne me laissez pas tout seul...
— Tu n'es pas tout seul, remarqua une toute petite voix à côté de son oreille.
Rana se roula sur le côté. Il ouvrit les yeux et vit le fœtus qu'il avait protégé allongé en boule devant son visage. Ce dernier était ensanglanté et quasiment décomposé. Ils se fixèrent dans les yeux. Le garçon avait peur, son souffle était irrégulier et diminuait progressivement. Il semblait perdre connaissance.
— Ne t'inquiètes pas, je veilles sur toi, dit le petit être fragile.
Acte V : La Mara
Terendul était sur le point de s'endormir lorsqu'il sentit un désagréable vent dans le dos faisant dresser ses poils. Il eu un frisson. Elle est là... Il se retourna et se glissa au bord de son couchage afin de s'asseoir. Une silhouette, à peine visible, se trouvait sur le lit d'en face, au-dessus du corps de Rana. Peu à peu, les nuages dans le ciel passèrent leur chemin et la lumière de la lune vint traverser les vitraux de la fenêtre, éclairant ainsi la pièce et laissant distinguer un corps squelettique assis sur le torse du jeune homme. Il n'avait que très peu de peau sur les os, on pouvait apercevoir ses tendons et ses côtes, ses organes étaient manquants. Seuls quelques cheveux très fin et abîmés habillaient son crâne recouvert de moisissure. Il exerçait de la pression sur la poitrine de Rana qui était endormi, impuissant et incapable de se défendre. Il avait du mal à respirer et il suffoquait.
Terendul se leva, il s'approcha du squelette, le regardant avec mépris. Même morte une sorcière continue de maudire les humains, remarqua-t-il. Il le dévisagea. Rana souffrait, il était en sueur et ne se réveillait pas. Le guerrier inséra sa main à l'intérieur de ses vêtements et en sortit un parchemin. Il s'agissait d'un rouleau de papier jaunit et déchiré sur les bords. Il le déroula. Des incantations en elfique ancien étaient inscrites dessus ainsi qu'une série de noms inconnus rayés avec de l'encre noir. Au bas de cette liste une étincelle rouge apparu, elle en écrivit un nouveau.
— Ainsi tu t'appelles Morwen ? C'était donc toi l'aînée des trois sœurs.
Terendul avança sa main aplatie devant Morwen. Il fit un mouvement avec son bras comme s'il dessinant un rond dans les airs. Un cercle démoniaque apparu, tel un pentagramme de lumière vive.
— Ô âme maudite. Toi qui a sacrifié des humains au nom d'un imposteur, toi qui a tué un enfant blottit dans le ventre de sa mère, libère cet humain de ton emprise, libère-le de ton cauchemar. Je capture ton âme et tes pouvoirs à travers le pacte sanglant que j'ai scellé avec celui que tu trahis.
Le corps moisi se mit à trembler et à craquer. Un hurlement aigüe retentit dans la chambre. Terendul absorba l'âme du squelette dans sa paume de main avant que son corps de se désintègre en fine particules grises. Le nom « Morwen » fut instantanément rayé d'un trait sur son parchemin. Le guerrier referma son rouleau et le cacha à nouveau. Il mis sa main sur l'épaule de Rana et le secoua.
— Rana, réveilles-toi ! Si tu n'ouvres pas les yeux, ton âme erra à jamais dans ce rêve obscur.
Le jeune homme encore endormi se trouvait toujours en boule au fond de son trou, la pluie tombait sur son petit corps frêle. Il avait peur et il avait froid. La crevasse dans laquelle il se trouvait était trempée, la terre humide semblait l'engloutir. Tout d'un coup, il entendu une voix masculine l'appeler au loin. Il leva la tête vers le ciel.
— Papa...?
Il murmura ce mot plusieurs fois. Petit à petit, la boue l'absorba tel des sables mouvants. Il se noyait sous la surface du sol. Son souffle fut coupé et son cœur s'arrêta. Il se réveilla brusquement dans la chambre de l'auberge. Il saisit le poignet de l'homme se trouvant devant lui avec force.
— Qu'est-ce que tu me faisais ?! s'écria-t-il.
Terendul saisit le bras de Rana et le tira afin qu'il lâche prise. Il l'aida à s'asseoir et le regarda profondément dans les yeux.
— Ton âme est revenue.
— M-Mon âme ? Qu'est-ce que tu racontes ? répondit-il perplexe en frotta sa poitrine encore douloureuse.
— Avec le nombre de sorcières que tu as dû tuer, je pensais qu'une Mara t'avait déjà rendu visite.
— Une Mara ?
— Certaines sorcières sont plus puissantes que d'autres, lorsqu'elles se font assassinées leur âme maudite erre dans le monde des humains pour se venger. Elles se faufilent la nuit dans la chambre de leur meurtrier et s'assoient sur leur buste. Elles plongent leur victime dans un profond cauchemar en faisant resurgir des souvenirs douloureux de leur passé. C'est ce qu'on appelle une « Mara ».
— Mon âme errait donc dans ce cauchemar et j'aurais pu la perdre à jamais ? Comment m'as-tu débarrassé d'elle ?
— C'est mon petit secret... mais sois rassuré, tu peux les faire disparaître seul avec assez de volonté.
Rana se sentit un peu humilié, il n'aimait pas paraître faible à la vue des autres, surtout s'il s'agissait d'un guerrier comme Terendul. Il se leva et s'approcha de la table se trouva près de la fenêtre. Il saisit l'un de ses couteaux entre ses doigts et retourna sur son couchage. Il s'assit dos au mur en serrant son arme. Il la souleva en la dirigeant vers le visage de Terendul.
— Ce n'est pas parce que tu m'as aidé que je vais te laisser tranquille. Je te suivrai jours et nuits jusqu'au moment où tu accepteras de m'apprendre à manier l'ondo.
— Oui, oui, je sais. Baisse ton arme et retourne te coucher.
— Je ne prendrai pas le risque de me rendormir. Je ne me sens pas en sécurité entre les créatures démoniaques et les sorcières capables de t'égorger dans ton sommeil.
— Aucune Mara ne reviendra t'importuner cette nuit, et le royaume d'Aeglas possède une guilde qui défend les habitants des bêtes telles que les wendigos.
— Je ne ferai jamais confiance à une guilde... elles ne servent à... rien...
Rana s'endormis soudainement sous le regard attentif de son compagnon de voyage. Le cauchemar qu'il avait vécu l'avait épuisé. Il avait dû faire face à des évènements qu'il avait choisi d'enfouir au plus profond de lui depuis maintenant de nombreuses années. Demain serait un autre jour et il comptait bien suivre Terendul à la trace jusqu'à ce que ce dernier accepte de partager son savoir et sa puissance. Rana avait pour objectif de tuer toutes les sorcières et de défendre les « élus », ceux sacrifiés au nom du roi des démons. S'il était hors de danger pour ce soir, ce n'était peut-être pas le cas de quelqu'un d'autre. Les Maras errent sur les terres et bien qu'elles ciblent en premier leur meurtrier, elles s'amusent souvent à perturber le sommeil d'innocents jusqu'à ce qu'ils rendent leur dernier souffle...
Et vous... quel serait votre cauchemar si la Mara entrait dans votre chambre ce soir ?
Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers
Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun
Dédicace à @kurieta_san, un abonné investis.
Actuellement disponible sur Amazon en version papier !
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