Sauron était dans une concentration ultime. Il savait qu'au fond de lui demeuraient une force et une volonté immenses qu'il n'avait jamais pu exploiter jusqu'à présent. Il avait réussi à pleinement maîtriser la fermeture et l'ouverture de ses pores, son aura l'enveloppait complètement, comme une seconde peau. Le jeune homme gardait les yeux fermés. Elle grandissait de plus en plus, devenant épaisse et virant au rouge. La puissance qu'elle renfermait envahit les lieux sur plusieurs mètres, rendant l'air pesant. Anario, qui s'entraînait juste à côté de lui, sentit l'aura de Sauron lui parcourir le corps et l'immobilisa quelques instants. Qu'est-ce que c'est ? se demanda-t-il. D'où vient cette horrible force ? Il essaya de tourner son corps tant bien que mal, ralenti par l'atmosphère. Doucement, il fit demi-tour et dirigea son regard vers son compagnon. Il le vit entouré d'une aura vive et sanglante, se mettant en position pour la faire jaillir du bout de son poing. Anario avait un mauvais pressentiment, il lâcha son arme à terre et s'approcha de lui à toute vitesse :

— Sauron ! Att-

Trop tard. Au même moment, Sauron avait déjà avancé son poing, relâchant son aura qui vint percuter l'un des rochers se trouvant en face. En seulement un millième de seconde, il éclata en morceaux. L'aura continua son chemin jusqu'à la montagne. Sauron avait perdu équilibre lors de son mouvement, le faisant brusquement reculer et tomber violemment sur le sol tandis qu'Anario pliait ses coudes et positionnait ses deux bras devant son visage pour se protéger des éclats. Un bruit de craquement se fit entendre jusqu'au ciel, quelques arbres s'effondrèrent et une chute entraîna plusieurs pierres ainsi que les quelques végétaux dans le gouffre.

— Votre Majesté ! cria le maître en courant vers lui. Vous allez bien ? J'ai entendu un énorme vacarme !

— Tout va bien Fantur. Un simple glissement de pierres tombant dans le gouffre. L'écho était surprenant, plus de bruit qu'autre chose.

— Je pensais que quelque chose était arrivé. Vous n'êtes pas blessé au moins ?

— Ne vous inquiétez pas. Garde ! Raccompagnez le maître.

Fantur se laissa raccompagner jusqu'à la porte par l'un des soldats. Il n'était pas complètement convaincu par cette explication et jeta un dernier regard dubitatif vers Sauron avant de quitter les lieux. Anario attendit qu'il soit parti, puis il s'approcha de Sauron. Il lui saisit l'arrière-bras pour l'aider à se relever.

— Tu n'as rien ?

— Je vais bien, j'ai juste trébuché. Je ne m'attendais pas à ça.

Moi non plus, pensa Anario. Il est déjà rare de rencontrer un descendant capable de développer l'ondo, mais en plus, il a l'air puissant. Il le fixa pendant quelques instants alors que ce dernier frottait ses vêtements afin d'enlever la poussière et les éventuels éclats qui s'étaient accrochés sur lui. Ce garçon a une force incroyable, son bon fond le rend puissant et à la fois dangereux. L'horloge du château sonna midi, ce qui étonna Sauron qui n'avait pas vu l'heure passer. Il se redressa d'un coup et se tourna rapidement vers le clocher pour constater.

— Déjà ?! Le temps passe trop vite, je ferais mieux de trouver Cirth.

Effectivement, « déjà ». Il faut des semaines, parfois des mois complets, pour maîtriser cette technique en temps normal. Je ferais mieux de rester dans les alentours pour le surveiller, pensa Anario. Le prince invita son compagnon à rejoindre la salle principale. Il mit son bras droit sur ses épaules et le félicita. Lorsqu'ils entrèrent dans les couloirs, deux gardes se mirent en position derrière eux pour la sécurité d'Anario et les suivirent tout le long du chemin. Ils descendirent un grand escalier de bois menant au hall d'entrée. Sur leur droite se trouvait la porte donnant sur la salle principale et le réfectoire tandis que sur la gauche se trouvait la salle de cérémonie dans laquelle ils s'étaient rendus hier. Devant se tenait la grande porte qui les séparait de la cour extérieure. Cirth entra justement par celle-ci.

— Sauron ! Je te cherchais, tu avais dit qu'on allait se rejoindre, je me suis dis que tu m'avais laissé derrière.

— Pas du tout, répondit-il en rigolant. J'ai juste fait un petit détour.

— Je voulais t'emmener visiter la capitale. En plus, il y a un grand marché aujourd'hui, ça te tente ?

— Oui bien sûr ! s'exclama Sauron. Merci pour tout. Nous nous reverrons plus tard, ajouta-t-il en se tournant vers Anario.

Le prince les regarda passer la porte du château. Il avait été étonné par les progrès qu'avait faits Sauron en si peu de temps. Un sentiment d'admiration et de curiosité l'envahissait à son sujet. Il avait envie de passer plus de temps avec lui et d'en apprendre davantage sur son nouvel ami. Juste avant que les deux jeunes hommes ne ferment la porte, Anario pressa le pas et les suivit.

— Je viens avec vous ! s'exclama-t-il en marchant jusqu'au portail.

— Je vois que tu t'es fait un ami de qualité ! s'adressa Cirth à Sauron d'un air un peu moqueur. En tout cas, tu n'as pas intérêt à me laisser derrière.

Cirth suivit les pas d'Anario vers la sortie. Sauron les regarda de loin. En si peu de temps, il avait réussi à se faire deux bons amis et il en était très fier. Il esquissa un grand sourire et courut vers eux pour les rejoindre.

Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers

Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun

Corrigée par Mélany BIGOT

Actuellement disponible sur Amazon en version papier !

Soutenez-nous :) Le lien est dans les commentaires ▼