Chapitre 34 - Transformation
Note : ce chapitre contient une illustration réalisée par Noémie DUMONT que nous ne pouvons malheureusement pas publier sur Scribay. Vos pouvez la retrouver sur mon compte Wattpad, Instagram ou Facebook ! Bonne lecture :)
Sauron s’aventura dans la forêt. Il se faufila entre les arbres, passa devant la montagne de Sanire et arriva en vue de la cité perdue de Done. Il s’arrêta devant l’entrée de l’église et contempla la porte. Il détacha sa cape et son foulard pour les poser à terre par peur d’être gêné s’il devait se battre. Il mit ses deux mains contre la porte et poussa de toutes ses forces. Celle-ci s’ouvrit difficilement en grinçant. Lorsqu’elle fut complètement ouverte, il vit l’intérieur de l’église à moitié en ruine. La lune éclairait les lieux à travers les vitraux. Au bout, là où était habituellement positionné le chef de la Guilde Nocturne, était assis Dagnir qui l’attendait.
— J’étais sûr que tu viendrais.
— Je n’allais pas décliner ton invitation, répondit Sauron en souriant.
— Alors, as-tu réussi à organiser tes pensées ?
— Plus ou moins…
— Qu’est-ce que tu es venu chercher ici ?
Tandis que Sauron marchait doucement le long de l’allée, Dagnir se leva, détacha ses armes de sa taille et les jeta à terre. Sauron hésita quelques instants puis retira sa claymore de son dos et la posa contre une colonne de pierre.
— Je veux que tu me parles de mon père.
Dagnir s’arrêta quelques mètres en face de Sauron. Il concentra son aura tout autour de lui, une couleur rouge intense, comme ses yeux, qui devenait de plus en plus lumineuse. Puis il invoqua les démons de la nuit, ces mains brumeuses qui avaient retenu Sauron. Elles recouvrirent les murs. Il le regarda droit dans les yeux et ajouta :
— Si tu me bats, je te dirai tout ce que tu voudras.
Sauron resta silencieux. Il regarda derrière lui mais sa claymore avait été emprisonnée par les mains noires. Il se retourna vers Dagnir avec un petit sourire au coin des lèvres.
— Alors c’était toi ?
— Oui. Et non. Mon chef les a convoquées pour te chercher, au cas où tu ne viennes pas à moi.
— Où est ton chef ?
— Ce ne sont pas les règles du jeu, répondit Dagnir, un peu fâché.
Il bondit devant lui et lui donna un violent coup dans l’abdomen, le faisant voler jusqu’au bout de la pièce. Sauron releva son dos et vit les mains du mur essayer de l’attraper. Il se retira rapidement et se leva.
— À ta guise !
Il était un peu sur les nerfs. Il concentra lui aussi son aura autour de lui, puissante et rouge comme celle de Dagnir. Plusieurs mains surgirent du mur et agrippèrent son torse.
— Ne me sous-estime pas, répondit Dagnir. Les démons se réjouissent que vous soyez enfin réunis.
Sauron en avait assez d’être lui aussi sous-estimé. S’il devait tuer Dagnir pour sortir de là, il le ferait. Sa colère semblait alimenter sa puissance ; d’un coup, il la fit amplifier, faisant fuir les démons. Dagnir fit un bond en avant et courut vers sa cible à toute vitesse. Sauron mit son bras devant lui et se concentra un court instant pour libérer son ondo. Un jet sanglant sortit de son poing et parcourut toute la pièce, brisant une partie du mur du fond. Dagnir s’était dégagé de la trajectoire, mais pas suffisamment. Le jet était bien plus rapide que celui de leur dernier affront. Il lui trancha le côté de la cuisse, déchirant son pantalon.
Il observa les dégâts quelques instants, assez surpris, et se retourna vers Sauron qui était déjà à sa portée. Sauron lui infligea un horrible coup de poing dans le ventre qui le fit voler dans les airs. Dagnir cracha du sang après avoir eu le souffle coupé. Il regarda Sauron de haut et utilisa lui aussi l’ondo. C’était comme une grosse boule de feu qui se détacha de sa main et vint détruire les dalles du sol.
Un bruit brutal retentit dans l’église. La poussière du sol se leva comme un nuage et, derrière les morceaux de pierre, on ne distinguait pas de trace de Sauron. Dagnir atterrit dans un coin et observa la scène, presque satisfait. Il ne vit pas que son adversaire avait, en fait, été expulsé de l’autre côté de la pièce en tentant de fuir de justesse. Il s’appuya sur le mur du fond et se leva doucement. Du sang coulait de sa bouche et il l’essuya d’un coup sec avec son bras.
— Tu me crois déjà mort ?
— Cela m’aurait déçu si tu l’étais. J’ai attendu tant d’années ce moment, depuis que ton père est mort.
Sauron se figea, Mon père, mort ? Pourquoi m’aurait-il fait venir jusqu’ici si c’était vraiment le cas ? Pourquoi faire tant de mystères ? Il fronça les sourcils et fusilla Dagnir du regard. Son aura ne cessait de devenir de plus en plus grande face à toute cette colère et son incompréhension. Cela ne déplaisait pas à Dagnir. Il n’attendait que ça.
— Ou… est-il vraiment mort ? Est-ce que tu veux que je t’envoie vérifier par toi-même ?
Dagnir se tourna vers Sauron et se remit en position pour relâcher son aura encore plus puissante. Sauron décida de faire de même, il ne pensait plus correctement, alimenté par la haine. Tous deux libérèrent leur ondo simultanément. Ils vinrent s’entrecroiser, créant une immense lumière rouge et un puissant vent qui détruisit les bancs des alentours. Alors que Sauron pensait prendre le dessus, les mains noires lui attrapèrent la jambe et le lancèrent sur le côté comme une vulgaire poupée de chiffon. Il se cogna violemment la tête mais se releva aussitôt, à l’affût du moindre mouvement provenant de son adversaire.
— Avais-tu si peur de mourir au point de m’écarter lâchement ?
— Si c’est ainsi que tu veux me qualifier, autant ne pas faire les choses à moitié, répondit Dagnir en se moquant de lui.
Un bruit sourd traversa le sol, relevant certaines dalles. Il se déplaçait comme une taupe sous la terre. Soudain, il s’arrêta juste à côté de Dagnir et un bruit d’explosion se fit entendre. Les dalles éclatèrent en mille morceaux, volant dans les airs. Sauron mit son bras devant son visage pour se protéger. Un immense basilic sortit de la terre, un gros serpent vert, écailleux et visqueux, avec de larges narines et des crocs tranchants. C’était presque comme le dragon qu’il avait vu, mais sans pattes. Il se racla longuement la gorge et quelque chose sortit de sa gueule. Sauron n’en crut pas ses yeux… C’était le corps d’Anario, recouvert de bave.
— Il errait aux alentours de l’église, et je déteste qu’on m’espionne.
— ANARIO ! QUE LUI AS-TU FAIT ?! cria Sauron, énervé.
— Ne t’inquiète pas, il se réveillera bientôt.
Les yeux de Sauron devinrent rouges, l’intérieur de son corps le brûlait. Il avait l’impression que la haine s’était matérialisée en lui comme un virus et attaquait chacune de ses cellules. Ses muscles se gonflèrent anormalement. Il sentait ses os s’élargir, lui faisant mal aux articulations. Sauron regarda Dagnir, apeuré.
— Qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’est-ce que tu m’as fait ?
— Moi ? Rien, c’est toi qui es comme ça.
Sauron regarda ses mains s’épaissir et ses ongles pousser comme des griffes de loup. Ses oreilles devinrent légèrement pointues, tout comme ses dents. Son aura l’enveloppait comme une bulle rouge. Lorsqu’il ouvrit les yeux, son regard avait été remplacé par deux globules complètement rouges et lumineuses.
— Tu sens cette force couler en toi ? N’est-ce pas formidable d’être un démon ?
Dagnir jeta Anario dans les airs en direction de Sauron qui l’attrapa. Il l’examina un instant pour voir s’il n’était pas blessé et le posa à terre, toujours dans l’incompréhension de la situation.
— Je vais te tuer et te donner à manger à mon basilic.
Sauron ne répondait plus de ses actes. Il était contrôlé par une force inconnue. Son aura avait désormais l’apparence de flammes venant tout droit des ténèbres. Il cria comme un animal enragé. Sa puissance monta jusqu’au plafond, brisant la pierre. Une partie du toit s’éclata complètement, laissant l’air frais de la nuit entrer dans les lieux.
— Profite d’une telle puissance. Tu seras bientôt trop épuisé pour l’utiliser. Je crois que je me suis enfin décidé à te parler sérieusement. Viens écouter mes belles paroles !
— J’en ai assez que tu joues avec moi, cette fois-ci, tu vas mourir !
Cette phrase poignante retentit dans la pièce jusqu’au ciel qui répondit par de forts éclairs. Quelques secondes plus tard, des gouttes tombèrent à leurs pieds et la pluie s’installa. Je vais profiter de cette puissance, bien qu’elle me soit inconnue. Sauron décida de concentrer toute son aura dans son bras gauche. C’était dangereux de s’aventurer dans des recoins si mystérieux de lui-même. Dagnir fut impressionné par la quantité de puissance qu’il réussissait à regrouper dans sa main. Il libéra son ondo en plein dans le visage de son ennemi. C’était comme un coup de patte de loup, poussant le vent violemment. Une énorme tempête rouge traversa la salle et détruisit le mur de l’entrée, emportant la porte avec elle. Les débris volèrent dans le ciel. Il ne restait rien devant lui. Le corps du basilic fut projeté dans les airs et retomba brutalement sur le sol. Sauron était de plus en plus essoufflé. Il s’approcha de la bête prudemment et l’observa. Il toucha son corps avec son pied mais cette dernière ne réagit pas, complètement morte. Il examina les lieux en les balayant du regard et ne vit aucune trace de Dagnir. Est-ce que je l’aurais vraiment tué ? Sauron retourna aux côtés d’Anario, toujours inconscient. Il le secoua légèrement en l’appelant à haute voix.
— Anario, réveille-toi ! Tout est terminé !
Cet instant suffit pour lui rappeler l’état de son corps, toujours enveloppé d’une couche rouge. Il regarda ses mains, recouvertes de griffes pointues. C’est vrai, j’ai toujours cet horrible maléfice que m’a infligé Dagnir. Soudain, il crut entendre un bruit venant de derrière lui. Il se releva et se tourna vers le corps du serpent qui était en train de bouger. La peau de son cou forma une sorte de boule qui grossit de plus en plus, puis elle éclata, faisant gicler du sang et des entrailles. Dagnir avait complètement coupé la peau de son basilic avec la claymore de Sauron et sortit de son corps comme un papillon après sa mue. Il se dressa face à lui, recouvert de sang et de salive visqueuse, puis jeta l’épée au sol.
— Je t’ai dit… DE NE PAS ME SOUS-ESTIMER ! cria-t-il.
Dagnir cracha sur le sol et regarda Sauron avec une soif de sang. Ce dernier ressentit l’intérieur de son corps le brûler. Il était encore plus haineux de voir que son adversaire s’en était sorti.
— Je vais te faire découvrir ce que tu es vraiment, descendant de Raug et fils de Dovahkiin !
Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers
Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun
Corrigée par Mélany BIGOT
Actuellement disponible sur Amazon en version papier !
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