Chapitre 44 - Alliance

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Note : ce chapitre contient une illustration réalisée par Noémie DUMONT que nous ne pouvons malheureusement pas publier sur Scribay. Vos pouvez la retrouver sur mon compte Wattpad, Instagram ou Facebook ! Bonne lecture :)

Sauron et Maedhros avaient réservé une chambre dans une auberge de l’un des villages appartenant à la cité de Nevrestir. Il s’agissait du petit village de Doningal où vivaient très peu d’habitants. Il était entouré d’une muraille en bois avec un portail unique qui se fermait le soir. De nombreuses créatures sillonnaient les alentours et il était donc dangereux de ne pas le fermer pendant la nuit. En son centre se trouvait la prestigieuse auberge du Mahtar, aussi dite « L’Auberge du Guerrier », car c’était ici que se réunissaient les voyageurs, la plupart du temps des mercenaires ou des chevaliers. Elle était reconnaissable par son toit en tuiles rouges et ses torches à l’entrée qui permettaient de la repérer de loin. Les deux compagnons partageaient ainsi une humble chambre avec deux lits en bois, un bureau dans le coin et une grande fenêtre. Sauron dormait dans celui de droite. Cela faisait une journée entière qu’il ne s’était pas levé. Lorsqu’il entendit Maedhros pousser la porte d’entrée, il se retourna doucement sous sa couette pour le regarder. Maedhros s’assit en face de lui.

— Tu n’as pas assez d’entraînement. C’est pour ça que tu t’épuises à utiliser autant ton aura, remarqua-t-il.

— Je n’en doute pas, mais je n’ai pas eu l’occasion de m’entraîner davantage… répondit Sauron.

— Fais attention à ne l’utiliser que quand tu en as réellement besoin pour le moment. Avec le temps, tu seras capable de la maintenir autant que tu le voudras.

— Tu as raison. Je devrais justement aller m’entraîner un peu.

Sauron souleva sa couette. Il s’assit sur le bord du lit quelques minutes pour se réveiller doucement. Il se leva et marcha jusque dans un recoin où se trouvait un bac d’eau. Il s’arrêta devant et se débarbouilla le visage, puis il se redressa et croisa son regard dans le miroir. Il vit ainsi la marque d’encre sur son torse ainsi que sa large blessure quasiment cicatrisée. Il baissa le menton et la contempla tout en la caressant du bout des doigts.

— Ton corps se regénère plus rapidement que celui d’un humain, remarqua Maedhros.

Sauron se retourna et prit sa chemise qui était posée sur la chaise du bureau. Il l’enfila, puis fit de même avec son armure, mit son foulard autour du cou, chaussa ses bottes et accrocha sa claymore sur son dos. Maedhros se leva et le suivit jusqu’à la porte d’entrée. Sauron jeta un dernier coup d’œil à la pièce pour être sûr de ne rien avoir oublié avant de sortir. Il sursauta brusquement à la vue de la personne se trouvant debout de l’autre côté.

— Ne disparais pas sans rien dire ! s’écria Nessa. Je me suis inquiétée ! Où étais-tu ?!

Sauron recula, étonné de la voir ici. Elle le poussait et lui criait dessus pour ne pas l’avoir prévenue de son départ. Soudain, son regard croisa celui de Maedhros et elle s’arrêta net.

— Maedhros ? Que fais-tu ici ?

— Vous vous connaissez ? demanda Sauron, curieux.

— Je suis souvent venu voir son oncle, répondit-il. Lui et moi avions beaucoup fait affaire.

— Comment savais-tu que j’étais ici ? poursuivit Sauron.

— Après ton départ, je t’ai cherché mais je ne t’ai pas trouvé. J’étais inquiète ! Ce matin, un homme du château m’a dit t’avoir croisé près de Doningal alors je suis venue te chercher ! Mais où étais-tu ?

Sauron ne répondit pas. Il ne pouvait dire à Nessa qu’il était parti car il était le roi des démons, lui dire qu’il avait peur de lui-même et de ce qu’il serait capable de faire aux personnes qui l’entouraient. Il avait besoin de se retrouver seul et de chercher sa véritable identité dans tout ce qui lui était arrivé. Maedhros remarqua la gêne dans son regard. Il mit son bras autour des épaules de la jeune femme et l’entraîna hors de la chambre.

— C’est moi qui lui ai demandé de m’accompagner quelque part. J’avais besoin de lui.

— Quoi ? Mais tu le connais ?

— Bien sûr que oui. C’est un ami. Allons manger quelque chose au lieu de nous prendre la tête ! s’exclama-t-il.

Sauron les regarda longer le couloir. Il observa Maedhros en souriant, puis il ferma la porte de la chambre et les suivit jusqu’en bas des escaliers. Ils s’installèrent autour d’une table dans le réfectoire. La serveuse, habillée d’un jupon, d’un corset et d’une blouse, leur apporta des chopes de bière et des assiettes de ragoût de poulet chaud.

— Tenez. C’est pour vous, et bon appétit !

— Merci beaucoup, répondit Sauron.

— Cela te fera du bien de manger avant l’entraînement ! ajouta Maedhros.

— Tu vas t’entraîner ?

— Bien sûr. Je dois me tenir prêt pour la bataille de Ladolar. Je ne vais pas laisser la Guilde et Anario tous seuls.

— Une armée de sauvages marche en ce moment vers Ladolar. Ils y seront dans deux jours environ. Des rumeurs disent même que des wendigos les accompagnent.

— Deux jours ?! Des wendigos ? Il faut vraiment que je me mette au travail alors, remarqua Sauron en se dépêchant de manger. Nessa, je dois te montrer quelque chose.

— Tu es sûr que c’est une bonne idée ? demanda Maedhros, perplexe.

— C’est le seul moyen d’envoyer des renforts.

Les trois compagnons s’empressèrent de finir leur repas dans le silence, se levèrent de table, remercièrent la serveuse et sortirent de l’auberge. Enfin, ils quittèrent le village à pied en direction de la montagne de Sanire. Ils traversèrent la forêt et arrivèrent devant la grotte du dragon. Nessa regarda ses camarades avec un regard d’incompréhension.

— La grotte du dragon ? murmura-t-elle.

Sauron s’avança doucement à l’intérieur, mais il n’entendit aucun bruit. Soudain, un rugissement vint de l’extérieur, et il ressortit aussitôt. Le bruit semblait provenir du sommet de la montagne, un plateau rocheux qui donnait sur tous les environs.

— Avec cet argument, tu ne pourras que convaincre ton oncle de nous aider ! s’exclama Sauron.

— Quel argument ?

— Suis-moi, tu comprendras.

Il grimpa sur les rochers qui recouvraient le sommet de la montagne, en escalada une dizaine et arriva sur un petit plateau de roches. Là, se trouvait le dragon. Il sillonnait les environs avec ses grands yeux lumineux. Il pouvait voir sur plusieurs kilomètres. Sa vue était extraordinaire, il arrivait à faire un zoom avec ses pupilles. Elles devenaient plus épaisses et lui permettaient d’observer ce que les yeux de Sauron ne pourraient même pas apercevoir. Lorsque Nessa eut fini de grimper jusqu’à eux, elle fut surprise de voir la bête. Elle recula, apeurée.

— Ne t’inquiète pas. Il ne va rien t’arriver, dit Sauron.

— Tu es sûr d’être prêt ? chuchota Maedhros.

Sauron inspira profondément. Il s’approcha doucement du dragon qui se redressa devant lui. Il le regarda dans les yeux, le contempla et leva doucement sa main vers son visage. Le dragon l’observa à son tour. Il vit toute l’aura qui flottait autour de l’humain se trouvant devant lui. Une aura ténébreuse et puissante. Mais il sentait une force bien plus poignante qui était enfermée en lui. Il voyait sa forme démoniaque camouflée sous ce qui semblait être une enveloppe charnelle. Le monstre savait tout de Sauron. Il pouvait tout déchiffrer s’il avait un démon en face de lui. C’était l’une de ses capacités.

Le dragon comprit donc qu’il avait devant lui un démon aux capacités spéciales, étonnantes et puissantes. La dernière fois qu’il avait été dans cette situation, il n’était encore qu’un œuf.

Dovahkiin ? demanda-t-il.

Le jeune homme fut surpris. Il entendit une voix grave dans sa tête, comme si quelqu’un s’y trouvait. Il recula brusquement. Nessa et Maedhros le regardèrent, inquiets. Il ne disait pas un mot mais avait un drôle de comportement. Qu’est-ce que c’était ? s’interrogea-t-il.

Non, tu n’es pas Dovahkiin. Dovahkiin me parlait.

Sauron regarda soudainement la bête. Plus il l’observait, plus il comprenait que c’était elle qui communiquait avec lui à travers son esprit. Alors, il avait raison. Ce dragon avait bien été ramené par son père lors de son dernier voyage. Il l’avait caché ici après avoir eu peur qu’il ne fasse du mal à sa bien-aimée. Il le regarda droit dans les yeux.

C’est bien toi qui me parles ?

Qui d’autre ? Tu es un démon mais tu sembles tout ignorer de ton monde. Les dragons peuvent parler à travers les esprits des autres. Tu crois que nous sommes de simples bêtes comme celles qui peuplent votre terre ?

Je n’ai jamais vu de dragons auparavant. Il y a encore quelque temps, j’ignorais tout des démons, d’Evralar et de mon identité.

Je sais très bien que tu essayes de m’apprivoiser depuis ta dernière visite, mais c’est moi qui décide si tu peux m’approcher.

Pourtant, tu ne m’as pas attaqué la dernière fois.

Le dragon approcha sa gueule du visage de Sauron et le laissa toucher son museau avec sa main afin de lui montrer qu’il ne lui ferait aucun mal. Puis il jeta un œil à ses camarades et se retourna.

J’ai très bien senti que tu avais changé depuis ta première visite. Je n’arrivais pas à voir complètement que tu étais un démon, mais maintenant, je vois tout. Tes cornes, tes griffes, tes oreilles, tes dents tranchantes, et ce sceau, qui semble te canaliser.

Alors tu as dû comprendre que je ne suis pas Dovahkiin, mais son fils.

Ce qui me fait rire, c’est que tu te caches derrière cette marque d’encre. Tu as peur de ne pas contrôler le démon qui est en toi ?

J’ai peur de leur faire du mal, répondit Sauron en regardant Nessa et Maedhros.

Mon nom est Sila. Sois rassuré, tu ne seras jamais capable de me faire du mal.

Sauron concentra son aura autour de lui. Plus il s’approchait de Sila, plus elle semblait s’amplifier. Ils étaient comme connectés. Malgré lui, ses signes démoniaques se firent voir. Il regarda Nessa avec ses yeux rouges. Rapidement, elle mit sa main sur les flèches de son arc accrochées dans son dos. Elle fut tétanisée par une telle force et surprise par une telle transformation. Maedhros la regarda. Il s’approcha d’elle et lui prit la main. Celle-ci comprit à travers son regard qu’il savait déjà tout de ce qu’il se passait.

— Ne t’inquiète pas, Nessa. Je suis toujours le même.

— Il a raison. Tu peux le croire, ajouta Maedhros.

— Maedhros, je te la confie. Allez voir le seigneur Lomion. J’espère que nous nous retrouverons à Ladolar.

Sauron se retourna vers Sila. Il s’approcha de lui, glissa sa main le long de sa nuque écailleuse, mit son pied droit sur sa patte, agrippa le haut de son aile et grimpa sur son dos. Sila le regarda. Il s’avança sur le bord du sommet et se jeta dans le vide avec le jeune homme accroché à lui. Ensemble, ils chutèrent sur plusieurs mètres. Nessa courut sur le bord pour observer la scène. Elle était certaine que ce n’était qu’un coup de folie et ne pouvait croire qu’il l’avait apprivoisé. Soudain, Sila remonta dans le ciel. Ses grandes ailes se déployèrent avec élégance et il émit un fort rugissement avant de s’éloigner au loin.

Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers

Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun

Corrigée par Mélany BIGOT


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