Chapitre 51 - Soif de Sang

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Note : ce chapitre contient une illustration réalisée par Noémie DUMONT que nous ne pouvons malheureusement pas publier sur Scribay. Vos pouvez la retrouver sur mon compte Wattpad, Instagram ou Facebook ! Bonne lecture :)

Anario suivit la sorcière à travers les arbres mais il la perdit vite de vue. Ainsi, il accéléra le pas et tomba sur un gouffre. C’était celui où avaient été entreposés les wendigos, une sorte de mini canyon sur plusieurs kilomètres de long. En dessous de lui, il la vit se tenir debout, comme si elle l’attendait. En regardant à ses pieds, il se demanda comment elle avait bien pu faire pour y descendre, puis il remarqua que les parois étaient légèrement en pente et que, bien que cela puisse être dangereux, il y avait bien des chances de les emprunter pour arriver en bas. Il hésita, puis fit un premier pas, essayant de descendre en s’inclinant sur le côté, un pied devant l’autre, lorsque soudain, il glissa sur un caillou et dégringola jusqu’en bas, se rattrapant de justesse sur ses jambes pour ne pas tomber. Il se redressa, secoua rapidement ses vêtements avec ses mains pour y faire tomber la poussière et s’avança vers elle, perplexe.

— Pourquoi n’étais-tu pas là quand nous avions besoin de toi ? Plusieurs soldats sont morts par ta faute et mon frère aurait pu se faire tuer lui aussi.

— Il n’est pas mort ? Quel dommage, c’était pourtant mon but.

— Que dis-tu ?! s’écria-t-il. C’est toi qui contrôlais cet homme, Ohtar ?

— En quelque sorte. C’était l’une de mes idées pour tuer Vorondil mais apparemment, elle a échoué.

— Salope ! cria brutalement le prince.

— Calme-toi. J’ai mes raisons.

— Quelles raisons sont assez sensés pour vouloir la mort de mon frère ?

— Le trône. Si je veux m’en emparer, alors il est sur ma liste, comme toi d’ailleurs.

— Tu n’es qu’une folle ! J’avais raison de me méfier de toi, mais le trône ne sera jamais le tien. Je serai là pour t’empêcher de le prendre, et tant que mon père règnera, je serai à ses côtés pour ne pas te laisser approcher.

Isil se mit à rire, comme si Anario venait de sortir la plus idiote des sottises. Elle rit fortement avant de s’arrêter net et elle le regarda d’un air sévère. Elle sortit quelque chose du sac qu’elle tenait dans les mains avant de la jeter devant elle, roulant jusqu’aux pieds du prince. Lorsqu’elle s’arrêta, Anario aperçut avec horreur la tête de son père ; sa langue sortait de sa bouche, ses yeux étaient figés et ses paupières n’étaient même pas fermées. Il avait devant lui la tête de son défunt père coupée par cette horrible sorcière. Un sentiment de haine et de tristesse l’envahit. Il sentit alors des larmes monter en lui et il avait peine à respirer.

— Qu’as-tu encore fait ?!

— Ne te l’ai-je pas dit ? Le trône sera à moi. Et maintenant qu’il n’y a ni roi ni reine pour y régner, il ne me reste qu’à tuer les héritiers. Même si ce n’est pas moi qui vais le faire.

— JE NE TE LE PARDONNERAI JAMAIS ! cria-t-il.

Anario était furieux. Il saisit son épée à deux mains et se rua sur elle pour l’embrocher. Isil ne bougea pas d’un poil. Un homme courut alors vers lui et le repoussa d’un coup tranchant. Le prince vola dans les airs sur quelques mètres avant de tomber violemment. Devant lui se trouvait un homme costaud, ou plutôt un garçon, âgé d’à peine seize ou dix-sept ans au plus. Il avait les cheveux courts et gris, rasés sur le côté, une cicatrice sous son œil et un masque de fer qui recouvrait le bas de son visage. Derrière lui se trouvaient trois autres hommes dont on ne pouvait voir le visage, recouverts par un capuchon noir comme l’était Dagnir, et à quelques pas d’Isil, se tenait fièrement Aegnor.

— Oh, je ne t’ai pas présenté, voici la Guilde Nocturne. Ils sont charmants. Lorsque vous serez morts, toi, ton frère et ton stupide petit ami Sauron, je règnerai alors sur ton royaume et ce monde, tandis qu’Aegnor sera à la tête de celui des démons.

Le jeune adversaire était très agile et rusé. Il avait également une force incroyable mais c’était surtout son esprit qui le rendait aussi puissant. Son nom était Eöl et il était l’un des membres de la Guilde. Son aura apparut rapidement autour de son corps, d’un bleu intense. Il s’approcha petit à petit d’Anario, complètement secoué par ce coup tranchant. Il pressa le pas et bondit sur lui pour lui infliger une horrible droite enrobée d’aura, mais quelqu’un s’interposa et agrippa ce poing dans sa main pour le stopper.

— Sauron ?! Qu’est-ce que… ? murmura Anario.

— Espèce de crétin ! Tu quittes le campement sans même nous en informer !

C’était bien le jeune Sauron qui tenait le poing d’Eöl dans sa main droite. Il avait lui aussi concentré son aura sanglante autour de lui et elle prenait bien le dessus sur celle de son adversaire. Ce dernier retira sa main rapidement et sauta quelques pas vers l’arrière. Aegnor sourit gracieusement à la vue de ce nouvel invité.

— Cela sera encore plus pratique, de vous tuer tous les deux ici même.

— Si quelqu’un va mourir ce soir, ce sera vous.

Sila était lui aussi à leurs côtés. Il s’approcha d’Anario et l’agrippa dans ses griffes avant de l’emmener au loin.

— Désolé Anario, mais si je dois combattre, tu seras dans mon chemin.

— Voyons ce que tu nous réserves, répondit Aegnor.

— Je m’en charge, ajouta Eöl.

D’un geste brusque, il ouvrit plusieurs petits portails, comme ceux invoqués par Estrid pour faire sortir les wendigos, un trou obscur et noir formé par les brumeuses mains démoniaques. Il y en avait quatre desquels sortirent des loups au gabarit de lions, les poils noirs, des oreilles pointues, de longues griffes tranchantes, des cornes sur le front et des yeux complètement blancs. Ils hurlèrent sous la lumière de la lune et coururent en direction de Sauron, ne pensant qu’à l’égorger avec leurs dents pointues.

Sauron n’avait pas la tête à ça. Il avait désigné Eöl comme sa première cible et n’avait pas le temps de jouer avec ces vulgaires chiens. Lorsque le premier arriva à sa portée, il lui infligea un brutal coup de poing dans la gueule, cassant plusieurs de ses crocs et le faisant voler sur plusieurs mètres vers la gauche, puis il tua le deuxième à l’aide d’un ondo tranchant avant de courir en direction du jeune garçon. Sila sortit ses griffes brillantes et d’un coup de patte, il saisit les deux loups restants afin de les écraser contre le sol. Ils couinaient et se débattaient en essayant de lui mordre la chair, mais celle-ci était bien trop robuste pour leurs petits crocs. Le dragon les regarda avec ses deux grands yeux lumineux, puis il saisit leurs têtes dans sa gueule, tira et les arracha de leurs corps, avant de les avaler.

Sauron arriva devant Eöl. Ils échangèrent plusieurs coups en corps-à-corps, tous aussi violents les uns que les autres. Par moments, c’était Eöl qui contrait un coup de pied de Sauron au niveau de son visage, tandis qu’à d’autres, c’était Sauron qui contrait son adversaire en évitant ses coups, inclinant sa tête sur le côté. Ils étaient d’une vitesse surprenante. On les voyait à peine. Soudain, Sauron repensa à ses entraînements avec Anario. Il dirigea son coude dans la joue de son adversaire, mais celui-ci saisit son arrière-bras pour le contrer. Or, ce n’était pas sa première intention, juste une petite diversion. Il utilisa l’ondo et le fit sortir non de son poing, mais de ce coude qui était en contact avec le visage d’Eöl. Brusquement, celui-ci fut éjecté vers le côté à la vitesse de l’éclair. Il vola, tomba et continua à rouler sur le sol avec la vitesse du jet.

Il ne s’attendait pas à une telle technique, et bien qu’il eût son aura pour le protéger, il y avait tout de même un trou dans sa chair, comme si on lui avait passé une épaisse aiguille dans la joue.

— Maintenant, c’est à ton tour Aegnor ! cria Sauron, un peu trop sûr de lui.

Il inspira profondément et libéra toute son énergie intérieure. Son aura bougeait comme une tempête autour de lui. Il la déplaça dans ses poings. La personne qui aurait le malheur d’y goûter ne pourrait sans doute pas se relever. Sauron croisa ses bras devant lui et deux charges se dérobèrent de ses mains, semblables à l’ondo, mais à la place de n’être qu’un jet, c’étaient des petits projectiles de la taille d’un caillou ou d’une pierre. Ces derniers volèrent simultanément en direction du chef de la Guilde Nocturne. Lorsqu’ils entrèrent en contact, ils fusionnèrent alors, créant une charge encore plus vaste avant d’exploser. Cependant, cette grosse boule d’énergie ne blessa aucun des adversaires. Isil avait invoqué les mains démoniaques, des millions qui s’étaient réunies pour former des plateformes quelques mètres dans les airs, des sortes de piliers sur lesquels se tenaient Aegnor et ses membres, l’observant de haut.

Alors que Sauron regardait Aegnor sur son perchoir, quelque chose se jeta sur lui et lui mordit violemment l’épaule. C’était l’un des loups invoqués par Eöl, qui se trouvait à quelques mètres de lui. Le garçon avait repris connaissance et s’était relevé pour rouvrir quelques-uns de ses portails. Sauron donna un coup sec avec son épaule vers l’avant pour lui faire lâcher prise. La bête tomba puis se rua à nouveau sur lui. Lorsqu’elle bondit, il la saisit à la gueule, une main sur son museau et l’autre sur le bas de sa mâchoire, l’empêchant de le mordre. Ses bras se contractèrent, et d’un coup violent, il les écarta et déchira complètement la gueule du loup qui mourut sur le coup. Les autres furent complètement dévorés par Sila qui se battait avec eux aux côtés d’Anario.

Eöl courut à toute vitesse vers Sauron. Ils échangèrent à nouveau plusieurs coups de poing, de pied et même de tête. Ils évitaient les attaques, en reçurent d’autres, mais l’aura de Sauron était bien plus puissante et ses frappes étaient donc plus blessantes. Soudain, ils reculèrent tous les deux, reprenant leur souffle en se fixant dans les yeux. Combien de temps vais-je pouvoir maintenir mon aura ? Comme l’a dit Maedhros, je ne suis pas suffisamment entraîné pour pouvoir l’utiliser assez longtemps. Il faut que j’en finisse rapidement avec lui.

Cela faisait déjà un bon moment que les deux jeunes hommes se battaient, mais si Sauron ne mettait pas un terme à ce petit combat, il serait bien trop épuisé pour s’occuper d’Aegnor comme il le devait. Eöl porta un coup de pied violent au niveau de son visage. Sauron lui saisit alors le mollet avant qu’il ne le touche. Ce dernier se tourna rapidement dans les airs, fit une pirouette en arrière et tira sa jambe pour que son adversaire le relâche. À peine eut-il le temps de remettre les pieds à terre que Sila s’approcha en plein vol et fit sortir des flammes de sa gueule juste devant lui. Elles consumèrent rapidement le sol et le garçon n’arrivait plus à apercevoir son concurrent. C’est alors que, sorti de nulle part, Sauron traversa les flammes avec sa claymore à la main, comme si sa peau était aussi résistante que celle du dragon, et, d’un coup sec, il transperça le torse d’Eöl. Il enfonça son arme jusqu’à ce que le manche touche la peau de son adversaire avant de la ressortir, recouverte de sang. Le jeune garçon était encore debout. Sauron rangea son épée dans son dos puis porta un coup de poing dans son visage qui le fit tomber violemment vers l’arrière. L’aura qui entourait Sauron disparut. À ce moment-là, Aegnor sauta de son perchoir.

— Je vais jouer un peu avec toi maintenant.

Il s’approcha de Sauron. Ils échangèrent plusieurs coups, mais cette fois-ci, Sauron était moins rapide et moins puissant. Son aura ne le soutenait plus. Aegnor souriait face à la joie de pouvoir le frapper. Il lui infligea plusieurs coups de poing au visage, le faisant reculer. Sauron courut à nouveau vers lui, évita l’un de ses crochets à la tête et tenta de le cogner avec son pied, mais celui-ci entra en contact avec la jambe d’Aegnor. Sauron fit demi-tour sur lui-même et frappa alors avec son autre jambe qui s’enfonça dans les côtes de son adversaire, le poussant violemment sur le côté. Le chef de la Guilde se redressa rapidement et bondit sur le jeune homme. Leurs poings se cognèrent l’un contre l’autre brutalement. Aegnor tourna furtivement son poignet quelques secondes après l’impact, saisit l’avant-bras de Sauron, le souleva dans les airs avant de l’écraser contre le sol. Il en profita alors pour concentrer son aura dans son poing et le dirigea vers le jeune roi. Au bon moment, Sauron se roula sur le flanc pour éviter le coup, se releva et sauta en arrière. Lorsque le poing d’Aegnor recouvert d’aura entra en contact avec le sol, un craquement se fit entendre et la terre se craquela en morceaux tout autour de lui.

— Je me suis entraîné pour ce moment.

Aegnor regroupa ses mains. Une boule d’aura noire se forma entre elles, sombre et à la fois si lumineuse. Il avança rapidement ses bras d’un geste brusque et la charge s’en échappa sèchement en direction de son adversaire. Sauron ne savait pas quoi faire. Il n’avait plus assez d’aura pour se protéger et le projectile était bien trop rapide pour l’éviter. Instinctivement, il mit alors ses bras devant son visage. Aegnor n’en croyait pas ses yeux, son aura passa au-dessus de Sauron, repoussée par une sorte de bouclier transparent.

— Impossible, murmura-t-il.

Peut-être que tu n’as plus d’aura, mais moi, j’en ai tout un stock pour toi ! s’exclama Sila.

Sila ?

Une aura sombre entourait les pattes du dragon et son corps. Elle traversait le sol et entrait en contact avec Sauron, l’envahissant complètement. En regroupant ses bras devant lui, il avait créé un bouclier, évitant ainsi de justesse la charge meurtrière d’Aegnor. À une vitesse folle, Sauron enchaîna plusieurs ondos sortant successivement de son poing droit, puis du gauche, du droit à nouveau, et ainsi de suite, comme des projectiles de guerre. Cependant, Aegnor ne s’avouait pas encore vaincu. Il fit alors de même et elles entrèrent chacune en contact. Les impacts créaient de petites explosions lumineuses qui les empêchaient de voir devant eux. Aegnor en profita. Il bondit d’un coup au-dessus d’elles et tomba sur Sauron qui l’évita d’un bond en arrière avant d’atterrir violemment dans le sol, à quelques mètres devant lui. Le jeune homme se précipita rapidement sur lui, son poing en avant chargé de toute son aura qui ne recouvrait plus du tout son corps mais seulement cette partie spécifique. Lorsqu’il arriva à sa portée, Aegnor se le prit en pleine figure. Il vola dans les airs sur plusieurs mètres à une vitesse impressionnante avant de tomber sur le sol, s’y enfonçant complètement. Il se releva à quatre pattes en le regardant au loin.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Sauron profita de ces quelques moments de faiblesse pour ressortir sa technique utilisée un instant plus tôt. Il concentra son aura dans ses poings et lâcha deux charges qui se rencontrèrent. Il était sûr de son mouvement. Cette charge ne pouvait échapper à Aegnor qui serait bien trop lent s’il essayait de s’enfuir, mais c’était sans prévoir l’interposition d’un des membres de la Guilde.

Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers

Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun

Corrigée par Mélany BIGOT


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