Note : ce chapitre contient une illustration réalisée par Noémie DUMONT que nous ne pouvons malheureusement pas publier sur Scribay. Vos pouvez la retrouver sur mon compte Wattpad, Instagram ou Facebook ! Bonne lecture :)

Sauron s’était complètement transformé en démon. Sa peau sanglante et ses cornes sur son front le caractérisaient. Ses yeux rouges semblaient à la fois remplis de haine et sans vie, comme si sa personnalité avait été absorbée par cette aura meurtrière. Il ne pensait plus. Il ne distinguait plus ceux qui l’entouraient. Seule la mort d’Aegnor semblait le préoccuper. Un des membres de la Guilde descendit de son poste, courant vers lui pour l’arrêter, en vain. Sauron le prit comme un vulgaire jouet et le traversa d’une onde d’aura. Son corps vola contre les parois du gouffre, détruisant le mur en petits morceaux qui chutèrent brutalement sur la terre, ne laissant que des miettes de son cadavre et des taches de sang. À la vue de ses entrailles éparpillées, personne n’eut le courage de lui tenir tête à nouveau, mais Aegnor était plus qu’heureux de ce spectacle. Il n’attendait que ça et y était préparé.

— Sauron, murmura Cirth, inquiet.

— Sauron ? Non, cette chose est inhumaine, ajouta Vorondil.

— Oui, regardez tous cette chose démoniaque. Celui que vous vouliez protéger et défendre, aux côtés de qui vous avez dormi, mangé, ri et combattu, alors que d’une minute à l’autre, il aurait pu vous tuer. REGARDEZ TOUS CE DÉMON, FILS DU DIABLE ! cria Aegnor en riant à gorge déployée. Mais ne vous inquiétez pas, je le tuerai ce soir.

À chaque pas qu’il faisait, la terre se craquelait sous ses pieds, donnant une sensation de tremblement de terre. Aegnor s’approcha d’Isil. Il mit sa main devant elle, tout en gardant son regard sur Sauron, et absorba toute l’aura de la femme pour amplifier la sienne. Isil se sentit alors soudainement épuisée tandis que le chef de la Guilde libérait toute son aura autour de son corps, plus puissante que jamais. Il tendit les bras sur les côtés, aspirant la moindre onde d’énergie se trouvant à ses côtés, le rendant plus fort qu’il ne l’était, puis il se mit en garde devant le démon.

— Allons-y, je suis prêt.

Sauron frappa son pied droit violemment en avant contre le sol. Des tas de terre et de pierre se soulevèrent. Il leur donna des coups de poing pour les envoyer brusquement vers Aegnor qui les évita successivement. Il vit une grande dalle de pierre entourée d’aura arriver droit sur lui, prit appui sur ses pieds et donna un coup de poing en plein milieu pour la faire éclater en mille morceaux, dévoilant la silhouette de Sauron, à seulement un pas de lui, qui bondissait dans sa direction. À une vitesse folle, ce dernier tomba sur lui et le roua de coups au visage. Aegnor vola dans les airs, plusieurs mètres en arrière, tournant sur lui-même avant de se rattraper sous une pluie de cailloux. Au même moment, la porte des ténèbres apparut complètement. Elle avait exactement l’apparence de celle dessinée dans le grimoire : en pierre noire, dotée de grands yeux desquels coulaient des larmes de sang. À la vue de cette porte, la puissance de Sauron semblait s’intensifier petit à petit, comme si le fait d’être aussi proche de son monde natal le rendait encore plus fort.

— Faisons ça vite, pour que je puisse te ramener chez ton père à temps, se moqua Aegnor. Si tu veux jouer avec des pierres, à toi de voir.

Sur ces mots, il donna un coup chargé d’aura dans le sol qui se craquela en plusieurs morceaux dans presque la totalité du gouffre, faisant remonter le sang comme s’il se remplissait d’eau. Il invoqua les mains brumeuses autour de lui et bondit sur les petites plateformes qu’elles créaient pour se déplacer plus rapidement à la surface du sang tandis que Sauron avait les mollets trempés.

Sila survola l’espace pour y récupérer le corps d’Anario, puis le posa de l’autre côté de la Guilde, ne pouvant faire demi-tour, gêné par la puissance que libéraient les deux combattants. Aegnor tourna de plus en plus vite autour de Sauron. Ce dernier mit ses mains sur le côté et y propulsa plusieurs charges successives et rapides telle une mitraillette de guerre. Aegnor créa un bouclier autour de lui tandis que les mains démoniaques enrobaient ses jambes pour ne pas qu’il bouge lorsque les projectiles se heurtaient à son armure d’aura. Puis il le dissipa, cherchant du regard son adversaire derrière la vapeur de sang que créait toute cette agitation.

Alors qu’il pensait que c’en était fini, une dizaine de boules d’aura volèrent dans sa direction à une vitesse folle. Plusieurs frappèrent violemment son corps, le faisant reculer presque jusqu’à l’autre bout des lieux. Aegnor se redressa, recouvert d’égratignures. Il monta ses mains vers le ciel puis tendit ses bras vers l’avant. Les mains brumeuses semblaient suivre ses indications, des milliers surgirent de la terre, grimpant comme des lierres dans le ciel avant de toutes se ruer sur Sauron, l’agrippant, le recouvrant de tous les côtés, formant comme un cachot autour de lui.

Plusieurs rayons rouges forcèrent le chemin à travers elles, émanant du corps du jeune démon. Sa puissance créa une tornade sanglante, les faisant fuir et le libérant de cette prison magique avant de disparaître lui-même comme par miracle. Le chef de la Guilde Nocturne regardait de tous les côtés. En effet, Sauron n’avait pas disparu. Il se déplaçait seulement bien trop rapidement pour qu’on puisse le voir. Il ressurgit alors soudainement devant lui, portant plusieurs coups au niveau de son visage et de son torse. Aegnor les contra tous avec ses bras, intensifiant de plus en plus son aura autour de lui, de plus en plus dynamique, pour ralentir les impacts de ses frappes. Mais cela ne semblait pas être suffisant sur la durée. Il n’en croyait pas ses yeux, mais plus Sauron portait des coups, plus ses poings traversaient l’aura de son adversaire jusqu’à frapper son corps. La sensation de douleur traversa sa chair, son sang et ses os avant de le repousser à l’autre bout du gouffre. Il effleura d’abord la surface de la large mare de sang, tournant sur lui-même, avant de s’enfoncer complètement dans la paroi de roche.

Anario était allongé près de Sila. Il était recouvert de sang mais respirait encore lentement. Il entrouvrit légèrement les yeux et vit Sauron complètement consumé par la haine. Ce qu’il voyait, c’était une tache rouge et lumineuse. Sa vue n’était pas tout à fait nette mais il sentait cette horrible puissance qui émanait de lui et qui le terrifiait. Sauron… Si tu restes dans cet état, tu risques de blesser même tes amis, comme tu as failli me tuer la dernière fois… Tous avaient les yeux rivés sur lui, observant son aura s’amplifier de plus en plus. On ne pouvait presque plus distinguer son corps. Des flammes semblaient également s’échapper de sa chair, de sa bouche et même de ses narines, tandis que des boules d’énergie se formaient tout autour de lui comme de grosses lucioles dans l’obscurité.

— Qu’est-ce que nous sommes censés faire ? murmura Vorondil, dépassé par les événements.

— Au fond de moi, quelque chose m’ordonne de le tuer… C’est un démon. Des sacrifices lui ont été faits. La mort de personnes innocentes… Celle de ma famille… dit Rana.

— Mais quelque chose dans mon cœur me rappelle qu’il a été notre ami… Pourquoi n’étions-nous pas au courant ? ajouta Vorondil.

— Moi, je crois en lui. Si Anario s’est battu à ses côtés, c’est qu’il a accepté sa vraie nature. Il est le seul qui ne semble pas se préoccuper de ce qu’il est… Et moi aussi, j’ai envie de lui faire confiance ! s’exclama Cirth. Maedhros doit sûrement avoir une solution, il faut aller le chercher !

Il se tourna vers ses camarades, les regarda de haut en bas et comprit dans leur regard vide qu’ils étaient paralysés et ne bougeraient sûrement pas, même si quelque chose les attaquait. Il fronça les sourcils et les laissa plantés là. Il s’aventura seul dans la forêt pour récupérer son cheval et chevaucha à toute vitesse vers le campement pour chercher le mage. À son retour, il serait déjà trop tard. La porte noire grinçait. Elle s’ouvrait peu à peu, libérant une odeur de mort accompagnée d’un vent puissant.

Cet événement semblait nourrir l’aura de Sauron et des membres de la Guilde Nocturne. Une boule rouge grossissait autour du jeune homme et provoqua soudainement une explosion qui envahit le gouffre tout entier, désintégrant tout ce qui se trouvait dans cette zone. Lorsque la fumée sanglante s’évapora dans le ciel, on pouvait à nouveau l’apercevoir. Son dos saignait, sa chair s’ouvrait, une peau visqueuse sortait de la plaie et des ailes apparurent brusquement. C’étaient bien des ailes, visqueuses, ou peut-être écailleuses, un mélange de chauve-souris et d’écailles de dragons.

Le corps d’Aegnor tomba de la falaise. Il se rattrapa sur ses deux jambes comme un chat sur ses pattes. Il flottait au-dessus du sang. Il avait le dos courbé, la tête vers le sol, et se redressait peu à peu en regardant Sauron. Il souriait. Sa bouche s’ouvrit de plus en plus, puis il commença à rire, les yeux grands ouverts comme s’il était fou.

— C’est bon ! C’est l’heure ! Mais j’ai soudainement envie d’absorber ta puissance avant de te tuer. Elle me fascine tellement !

L’heure de la Nuit Sanglante avait désormais sonné son dernier coup de cloche. La porte vers le monde d’Evralar était grande ouverte. Une sorte de trou noir absorbant toute énergie était apparu en son centre. Des vers immenses et visqueux s’en échappaient, sûrement des basilics mais de couleur mauve. Quelques wendigos les suivirent, puis des centaines de bêtes informes et répugnantes. Toutes sautèrent dans la mare de sang.

Aegnor puisait d’elles une nouvelle aura, bien plus sombre et puissante. Lui-même se transformait peu à peu en créature des abysses. Il devint plus grand et imposant. Ses pieds se transformèrent en sabots, de longues cornes osseuses apparurent sur sa tête. Ses yeux devinrent dorés. Ses ongles étaient désormais des griffes. Son teint devint plus foncé tandis que son nez et sa bouche s’allongaient, formant un museau épais. Ses oreilles étaient pointues et des poils poussèrent sur ses jambes, ses épaules et dans sa nuque, lui donnant l’apparence d’un homme-bouc. Il poussa alors un horrible rugissement, dévoilant ses canines tranchantes.

Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers

Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun

Corrigée par Mélany BIGOT

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