Le monde de demain
Le monde de demain sera la plus grande guerre que l’humanité n’aura jamais connu.
Une bataille contre une matière grise invisible qui s’accapare un bonheur insipide au goût amer de féraille dont nous attendons ardemment leur réaction ou la disparition de leur cupidité.
Une bataille contre l’asservissement des consciences, quant à l’aube des longues canicules, nos cerveaux matraqués par des informations orientées, nous nous rendrons compte de notre illusion dans les incendies de notre liberté.
Une bataille contre l’uniformisation et l’aveuglement des populations, quant à la plume de Tocqueville, nous nous rendrons compte que la dystopie de ses écrits n’était qu’un avertissement réel de notre vie.
Une bataille des scientifiques face aux économistes qui vendent la croissance éternelle quand les scientifiques exposent inlassablement la loi de la physique, mais l’argent a un bien meilleur écho que la logique chimique ou biologique et les tristes larmes des scientifiques auront raisons des comptes des économistes.
Une bataille des pensées individuelles face au devoir collectif où le sacrifice des uns créera des distorsions face à l’inaction des autres au sein même des groupes familiaux.
Une bataille des héros silencieux face aux gueulards que l’on entend plus que de raison, que le cœur à l’ouvrage nous démantèlerons pièce par pièce.
Une bataille contre les ignares bien-pensants qui, dans leur grande parure, se retrouveront bientôt nus de la tête au pied quand le petit peuple découvrira la finalité de leur réalité.
Une bataille pour l’éducation de nos chérubins afin qu’ils ne nous haïssent pas d’avoir traité la vie de cette manière. Une bataille pour que je puisse continuer à aimer mes parents et ne pas les accabler des choses que je ne verrais plus, des choses que je ne sentirais plus ou ne toucherais plus.
Une bataille de l’idée même que l’on se fait de la vie, où la tentation pécuniaire est bien plus forte et bien plus grande que n’importe quel geste de bonté.
Une bataille contre l’individualisme grandissant, où l’on continue à se diviser de plus en plus, où aux soirées d’entreprises, l’on se fait encore aspirer le cerveau par une paille en plastique pour nous dire que ce que nous faisons est bien.
Une bataille contre le système économique qui n’a d’adage que la maximisation des profits, en aucun cas, notre espérance de vie.
Une bataille de se dire qu’en écrivant cela, les sceptiques et les acquis se diront que ses discours noirs ne méritent pas leur place dans le débat.
Une bataille contre et pour vous, qui dans votre simple appareil, a la lecture de ce texte, vous vous direz qu'il ne s'agit pas d'être aussi alarmiste mais qu'au fond de vous même, votre science est aussi confuse que votre raison et que l’idée de renouveau est évidente.
Une bataille contre moi-même à me culpabiliser de tous les maux, à se dire que nous devons faire plus, que nous devons aller plus vite, que nous devons changer le monde, que derrière mon écran, dans la futur chambre de mon enfant, au quatrième étage d’un bloc de béton, dans une banlieue dortoir, je me demande comment.
Seulement, face à la mort, nous nous décomposerons petit à petit à se dire que la pomme du jardin valait mieux que l’or du monde, que le jardin biologique valait bien plus que le parc d’attraction et qu’il sera bientôt la maxime des communicants.
Quand nous nous réveillerons, nous nous penserons aux mots de l’Abbé Pierre, que nous avons plus de sang sur nos mains que l’enfant avec une kalachnikov.
Quant au doux réveil de mon enfant dans son berceau dans les chaleurs meurtrières des étés, il exprimera ses premières interrogations, quant à son âge avancée, il ne reconnaîtra les animaux de la savane que dans les bouquins.
Le monde de demain sera beaucoup plus chaud mais beaucoup plus beau car le défi de l’humanité est avéré, il y a dans cette gageure le sentiment qu’il est temps pour nous de sauver le monde.
Il nous faut déclasser l’espèce humaine du haut de la chaîne et redonner tous les pouvoirs à la dictature de la nature, sans jamais au grand jamais, s'y opposer.
Il y aura du liquide noir, du rouge sang, du bleu énergétique mais il y aura avant tout du vert. Le monde de demain sera vert, vert d’esprit, vert de conscience, vert de vie car c’est du vert dont dépend l’humanité et non pas de l’or de votre pensée.
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