Chocolat

2 minutes de lecture

Mon addiction. Mon rendez-vous quotidien de seize heures, l'heure sacrée du goûter. Une journée n'en est pas une sans ses deux barres de chocolat.

Dès quinze heures, je guette ce moment. L'heure de mettre la musique en pause, de pouvoir quitter, la conscience tranquille, ce que je faisais jusque-là. Le moment d'aller jusqu'à la cuisine pour surveiller l'état de la tablette. Quelqu'un a-t-il touché à ma drogue ? Aurais-je ma dose quotidienne ? Si la dose s'avère insuffisante, je vais la chercher. Ou je me venge sur le pain. Dans un cas comme dans l'autre, quelque chose croquera entre mes dents. Quelque chose cédera sous mes molaires, et me fera sentir cette canine légèrement en retrait par rapport aux autre dents.

D'une tablette à l'autre, certains taux d'ingrédients peuvent varier. Le chocolat d'une même marque peut prendre un goût pâteux de caramel, ou brusquement, au lieu d'avoir un goût de chocolat au lait donnera une impression plus cacaotée. À chaque marque ses caractéristiques, que je reconnaîtrais les yeux fermés, qu'il s'agisse de la texture, de la forme des carrés ou des barres, ainsi que du goût habituel ou des changements de recettes.

Une fois la dose en main, la musique peut reprendre. Un premier quart de la dose disparaît, l'analyse de la recette utilisée détecte le niveau de sucre. Le second quart disparaît rapidement. Le troisième dure plus longtemps, l'heure d'une gorgée sonne. Enfin, le dernier quart n'a jamais le temps de fondre, qu'importe la température ambiante.

Sans le sens de l'odorat, je ne saurais vous dire si les changements de recettes ont une odeur particulière. Ou si l'ajout de menthe y modifie quelque chose, bien que je me doute de la réponse.

Le dernier quart disparu, le rituel du goûter s'achève. La journée peut se poursuivre. Tout peut reprendre. À moins que je ne sois pas chez moi à l'heure sacrée. Alors toute occasion est bonne à prendre pour compenser. Et si nulle compensation ne fut possible, alors ma première action une fois à la maison, après les chaussures et le sac expédiés, ainsi que les mains lavées avec impatience, je peux m'adonner à mon rituel. Tout contre-temps est haïs et maudit sur cent vingt générations.

"Le gras, c'est la vie" disait le sage Caradoc. Faux. Le chocolat, c'est la vie. Amen.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Hilaze ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0