Le retour de Jeanne la pucelle d'Orléans

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31 mai 1431

    Sur le bûcher, les flammes la dévorent. La douleur est tellement horrible qu'elle ne peut se retenir de hurler. L'évêque de Beauvais, Pierre Cauchon confirme devant l'assemblée la mort de l'hérétique et sorcière Jeanne d'Arc. Alors que son corps devient cendre, le peuple applaudit et retourne à ses occupations.

31 mai 2016

    Je profite de mon après-midi de libre et pour une fois ensoleillé pour vagabonder dans les rues de Paris. Le dédale de la capitale me guide jusqu'à la place Vendôme. Dans ce luxueux environnement, une anomalie me perturbe. Inaperçue des badauds, se trouve une jeune fille nue et visiblement désorientée. Voulant faire comme tout le monde, je tente de l'ignorer. Malheureusement, c'est plus fort que moi, tel un chevalier servant je vole à son secours. Je m'avance vers elle, je sens une odeur de brûlé qui agresse mon odorat. Je lui tends la main, pour lui signifier que je désire l'aider. Effrayée, elle n'ose me la prendre. Je tente de la rassurer en lui parlant lentement et calmement.  Elle me répond dans un langage que j'ignore. J'ai l'impression que c'est un mélange de latin et de français. Je tente l'anglais. Elle a le regard rempli de haine, j'abandonne la langue de Shakespeare pour revenir à celle de Molière

    Après maintes tentatives, j'arrive enfin à la convaincre que je ne lui veux pas de mal. Je lui donne ma veste qu'elle enfile rapidement et je décide de la conduire chez moi. Non sans méfiance, elle accepte de me suivre. Nous empruntons la rue Castiglione puis la rue Rivoli en direction de la Bastille. En arrivant sur la place des Pyramides, elle s'arrête ébahi devant la statue dorée de Jeanne d'Arc. Elle me semble intriguée.

  • Cy est mi ?
  • Je ne comprends pas désolé, mais c’est la statue de Jeanne d’Arc.
  • Dje sui Jeanne d’Arc !

    Elle me répète sans arrêt cette phrase en pointant tour à tour son doigt sur la statue et sur sa personne. Je finis par saisir ce qu’elle veut me dire. D’un rire gêné, je lui explique qu’elle ne peut pas être la personne sur la statue, que la pucelle d’Orléans est morte en 1431. Son regard reflète son incompréhension. Nous décidons de poursuivre notre chemin.

                En arrivant dans mon appartement porte d'Orléans, je lui indique la salle de bain. Par sa réaction, je comprends qu'elle souffre d'aquaphobie. Je ne veux pas la froisser et abandonne l'idée de lui faire prendre une douche. Je fouille dans mon placard et par chance trouve des vêtements oubliés par mon ex. Cette fois, elle accepte mon présent. Je lui offre un repas chaud, qu'elle dévore comme si elle n'avait pas mangé depuis des mois. À force d'essayer de communiquer, nous arrivons à nous comprendre. Elle me raconte son incroyable histoire. N'importe qui l'aurait fait interner, mais la pureté et l'innocence de son récit m'ont convaincu et sans m'en rendre compte je rentre dans son jeu. Je lui raconte ce que j'ai appris sur elle quand j'étais écolier. Comment son procès a été révisé en 1455 et qu'elle a été canonisé en 1920. La nuit tombante, je remarque qu'elle est épuisée, je l'installe sur mon canapé.

                Il est six heures du matin, elle est déjà debout et me réclame à manger.  Quand elle voit le petit-déjeuner que je lui prépare, elle rigole nerveusement et me demande le reste du repas. Un peu gêné, je lui explique que la plupart des gens de notre génération se contente d'un café au lait. Elle me demande ce que c'est du café. C'est vrai qu'au moyen âge, il n'y avait ni café, ni chocolat, ni toutes ces bonnes choses qu'on avale sans connaître son origine.  Pendant que nous mangeons, je lui parle de notre époque. Elle ne comprend pas la démocratie et me fait comprendre qu'un pays ne peut fonctionner que grâce à la force d'un roi. Nous discutons de tout et de rien, elle désire en savoir plus sur les mouvements féministes. Je lui promets de la mettre en contact avec mon ex qui est un membre actif de l'association « Ni pute, ni soumise ». Lentement, elle s'habitue au langage moderne. Je lui montre une carte du monde et elle me questionne sur le continent américain. Je repars sur un cours d'histoire improvisé. Je remarque son visage frappé d'horreur quand elle comprend que l'anglais est devenu la langue officielle dans le monde.

  • J'ai donné ma vie pour chasser les Anglais du royaume et tu m'annonces que je suis morte sur le bûcher pour rien ! Maudit soient les Anglais.
  •  Je suis d’accord avec toi, je n’ai jamais pu les supporter. Maudit soient les Anglais.

 

    Les mois passent et Jeanne s’habitue à la vie moderne. Elle a rejoint mon ex au sein de son association. Elle habite toujours dans mon appartement porte d'Orléans, mais son surnom de pucelle est bien fondé. Des mois que nous vivons heureux et pas une seule fois j’ai réussi à l’embrasser.

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Lancé par Alexis Ids
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