Un matin pas comme les autres
7h45 je suis dans ma voiture, en route pour une journée de travail
Je traverse les champs illuminés par le doux soleil du matin
La radio chante « J’ai tant aimé, j’ai tout donné »
Les larmes glissent de mes yeux encore endormis.
Mon maquillage va couler, zut, ce n’est pas le moment
Pour pleurer, il faut être dans son lit, au calme
Dans le noir, incognito.
Les couleurs de l'été indien,
Les paroles de cette chanson,
et mon cœur déborde de chagrin.
C’est un constat, la fin de l’espoir, la conclusion de mon incompétence,
Je voudrais rester là, au bord de l’eau immobile, laisser le trop-plein s’écouler
Le calme de la nature pourrait m’apaiser.
Je m’arrête, je me faufile dans le paysage, la quiétude reprend le dessus sur le chagrin.
Alors, l’idée de ne pas aller travailler fait son chemin, de ne plus me préoccuper du monde, de la société actuelle,
Rester en dehors de cette existence faite de jalousie, de méchanceté, d’agressivité,
L’autorité, la quête insatiable de l’argent, le manque d’empathie, le travail à tout prix, qui en fait l’unique but de toute leur vie,
A ceux qui n’ont aucune reconnaissance, aucune écoute, aucun partage et surtout aucun amour dans cette quête superficielle.
Je voudrais construire ma cabane au bord de l’eau, avec mon chien, mes livres et mon piano.
M’entourer d’enfants et d’animaux,
Leur promettre un avenir plus généreux,
Rester fidèle à mes valeurs et ne rien attendre des autres.
Pourtant, j’aurais tant besoin d’amour et d’amitié
Si je pouvais tout quitter et avoir du temps pour aller les trouver,
Car ils existent, ceux qui savent aimer,
Sans préjugés, sans limites.
Je sèche mes larmes.
J’admire une dernière fois le paysage,
Je lui tourne le dos pour entrer dans ma vie .
Je dois me résoudre à paraitre comme avant,
Marrante, gentille, serviable, travailleuse,
Déguiser ma colère derrière un masque agréable,
Et pourtant, s’ils savaient…
J’ai tout donné, j’ai tant aimé.
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