L'oasis
De l'ombre ! Enfin, elle avait trouvé de l'ombre dans ce désert. Marie s'approcha de cette montagne aux contours étranges, réguliers, nets. Le sol s'effritait sous ses pas, mourait en un nuage de poussière. Dérangé, un lézard à plumes se réfugia dans sa galerie souterraine. Cette vue la rassura. Il y avait de l'ombre et il y avait de la vie : il y aurait de l'eau. Sa langue gonflée par la chaleur se fit plus sèche. Malgré sa soif assommante, elle se força à marcher lentement pour ne pas transpirer. La vitesse mène à la sueur, la sueur mène à la déshydratation, la déshydratation mène à la mort.
La colline était penchée sur le côté, faisant un angle aigu avec le sol, comme une étrange caverne. Elle se laissa guider à l'odeur. L'eau était toute proche, à la racine de la butte au fond de la grotte, dans un coin de pénombre presque fraiche. Une petite flaque de la profondeur de son ongle, de la longueur de son bras, assez pour faire vivre toute la faune trois jours à la ronde. Il était temps !
Sa gourde était à sec depuis deux semaines, jamais elle n'était restée si longtemps sans eau. Elle plongea la main du sac poubelle noir qu'elle transportait, attentive à ce que ses écailles ne percent pas le si rare plastique. Marie en sortit une serviette de toilette qu'elle laissa tremper quelques instants dans le liquide boueux. Elle suça le tissu avec soulagement. L'humidité provoquait des ondes de bien-être au travers de son corps. Sa gourde n'était remplie qu'au quart mais la flaque avait diminué d'une main. En prendre plus la ferait tarir. Marie se reposerait un peu avant de continuer sa quête.
Elle explorait le monde, une source après l'autre, pour trouver l'Océan de la légende. De l'eau à perte de vue, disait sa grand-mère, en telles quantités qu'on pouvait se baigner tout entier dedans. La jeune fille s'éloigna un peu et jeta un dernier regard sur cette oasis, distingua des lettres sur la montagne. Titanic. Joli nom. Elle reprit sa marche.
Annotations
Versions