Le fond des mers

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  Je nage dans l'eau foncée de la mer. C'est étrange, j'ai l'impression de rêver mais d'être également dans un univers parallèle. Je me dirige vers le grand large, là où je sens qu'est ma place. Pourquoi père me l'interdit ? On n'est pas des sirènes comme les autres, les humains savent notre existence et c'est également pour cela qu'ils nous ont déclarés une guerre sans merci depuis plus de 5 ans. Je ne comprendrais jamais pourquoi il y a tant de haine dans le monde, je n'ai jamais détester qui que ce soit du haut de mes 18 ans.

  Je dois avouer parfois mes parents sont énervant quand ils parlent du grand évènement à venir, qui me concerne pour mon plus grand malheur. En effet, les débuts de guerre ont été si dur que le royaume de la monomagie (c'est-à-dire les humains) nous ont prit des territoires dans l'océan qui ne leur serviront pas grand chose puisqu'ils respirent pas sous l'eau.

   Si mon royaume déteste les humains et tout ce qui va avec, pour ma part j'adore cet univers et ses nouveautés. J'adore m'installer sur les rochers, regarder les humains vivre, respirer, rire, cueillir des coquillages et enlever le sable méticuleusement de leur coquille pour pouvoir les mettre en pendentifs pour les femmes de la cours royal. Quelques fois lorsque les humains s'intéressent à l'horizon, je saute dans l'océan pour rejoindre ma cachette favorite, un vieux bateau où j'y trouve réconfort et paix. C'est là, le seul endroit où père n'envoie pas ses gardes pour venir me repêcher (sans mauvais jeu de mot bien entendu). Et c'est dans cet endroit que je me dirige pour rejoindre mes deux meilleurs amis sirènes.

  Peter est déjà là, comme à son habitude il est toujours en avance pour les bonnes gâces de la princesse de Mermaidia. Même s'il sait que je me fiche des bonnes grâces et que je préfère par-dessus tout que l'on me traite comme une sirène normale. En revanche, Lizia, une princesse également qui est la fille de Alysea, la grande reine du château voisin du mien, arrive toujours avec cinq voir dix minutes de retard. Lizia est une magnifique petite sirène, j'ai toujours été une petite peu jalouse de ses longs cheveux bleus qui flottent autour d'elle comme une future couronne de Reine. Ses yeux verts ont l'art de faire venir les hommes à elle, sa bouche si fine fait fantasmer tant d'homme que je ne saurais plus les compter. A ce que je sache, seul Peter n'a jamais fantasmé sur notre parfaite Lizia. Je triture une mèche de ma chevelure couleur de feu lorsque je vois Peter regardait un point derrière moi. Je me retourne et vois Lizia arrivait vers nous.

- Anaëlle ! Peter ! Désolé pour le retard de... quinze minutes, mais j'ai une information ! Au sujet de la terre ferme !

  Ma nageoire mauve frétille en entendant ces paroles et Peter soupire car son père est l'une des sirènes qui ne supportent pas du tout les humains, au point de vouloir tous les exterminer un par un.

- Vas-y, dit nous tout, marmonne-t-il.

  Lizia regarde aux alentours et elle nous fait signe de nous rapprocher pour pouvoir parler à voix basse. Alors Peter et moi nous faisons ce dont nous avions l'habitude quand nous étions enfants. Nous nous prenions la main tous les trois, et nous rapprochons nos têtes pour ne former plus qu'un. Lizia prend la parole avec une voix fragile qui lui ressemble pas.

- Anaëlle, nos pères ont imaginé un plan, j'ai surpris leur conversation lorsque j'étais à la bibliothèque pour emprunter le roman que tu as tant aimé la semaine dernière. Le roi Meras et le mien ont cru qu'ils étaient seul puisque les seul lecteurs fidèles du royaume étaient en cours...

  Peter ricane et pour ma part je souris d'un air espiègle, même quand on est issus d'une famille royale, il nous arrive de ne pas aller en cours si on en a pas envie.

- Continue, chuchote Peter.

Lizia inspire profondément et lâche d'une traite.

- Ils vont lâcher une bombe marine sur le château près de l'océan, là où vis la famille royale humaine. Le but est de tuer le jeune prince qui a notre âge. Il est fils unique, alors il ne pourra pas donner de descendance à leur pays pour gouverner.

  J'en reste bouche bée, non seulement car je viens d'apprendre que père veut tuer des humains mais également car je ne savais pas que le roi Aaron avait un fils de notre âge. J'en avais entendu parler sous forme de rumeur au lycée Aquamerida mais je ne pensais en aucun cas que cette rumeur était fondée. Alors notre emmeni, l'humain qui nous a déclaré la guerre il y a 5 ans, a un fils.

- Tu es sur de ce que tu racontes là ? interroge Peter septique.

  De nous trois, Peter est le plus rationnel. Il cherche dans le moindre détail un mensonge partout là où il passe. Ce n'est pas étonnant qu'il pose cette question à Lizia malgré sa confiance en elle.

- Oui absolument, le roi Meras parlait à mon père à voix basse. Quel roi fait ça s'il n'a rien à se reprocher.

  Je secoue la tête et donne un coup de nageoire pour m'élancer dans l'océan entre les poissons lune et les poissons clown. Peter et Lizia crient mon nom mais je ne me retourne pas, ils savent que quand on parle de ce sujet sensible, je préfère nager la tête hors de l'eau même si cela nous est défendu. L'océan m'ennuie avec ces mêmes paysages de montagnes, de palais, de coquillages, de vieux bateaux échoués il y a 100 ou 200 ans auparavant. Je rêve que de la terre, avec les fleurs, l'herbe, les champs remplissent de ses couleurs magnifiques. Les humains m'intriguent autant qu'ils me paraissent fantastiques, je suppose que dans leur monde il y a tellement de joie lorsqu'on voit ce que la nature leur a donnée.

  J'émerge de l'eau tout doucement pour ne pas faire de petite vague et ne pas éveiller les soupçons. Depuis mes douze ans j'ai appris à me montrer discrète lorsque je nageais à côté de notre ennemi. Mais ce jour-là, tout est différent. Je me sens moins seule alors que sur la plage il y a personne. Je regarde autour de moi, les rochers marron clairs sont parsemés de coquillage et de petites fleurs roses et bleues. Je me hisse malgré le danger sur celui qui est le plus proche de moi et je mets à chanter d'abord d'une petite voix. Lorsque je m'aperçois que personne ne me tue avec un harpon, alors ma voix prend plus d'ampleur et je chante l'une des berceuses que mère me chantonnait le soir avant de dormir. Cette berceuse est douce, délicate et elle avait le don de m'envouter. Les humains sont insensibles aux chants des sirènes. Notre magie n'est en aucun cas dans notre voix, mais dans notre aura. On peut envouter les humains si ça nous chante mais pour cela il faut attendre la majorité, c'est-à-dire 21 ans pour nous les sirènes. Je n'envouterais pas une personne quand j'aurais cet âge-là, je trouve horrible à empêcher quelqu'un d'avoir son libre arbitre. Alors j'utiliserais ma magie pour faire le bien et j'espère que je me débrouillerais à la hauteur des espérances de père.

  Mon chant est devenue plus fort encore, et je sens mon aura se réveiller lorsque j'entends des éclaboussures sur la plage derrière moi. Je saute instantanément dans l'océan pour me cacher et je ressors la tête de l'eau afin d'observer derrière le gros rocher sans être vu. Mon regard est alors attiré par une personne qui marche sur la plage. Je me hisse un peu plus haut sur le rocher pour mieux voir ce que ça peut être et mes yeux s'écarquillent devant tant de beauté.

  Il s'agit d'un jeune homme grand, ses cheveux châtain foncé brillent sous le soleil de plomb. Il marche sur la plage d'un air pensif, la tête baissée et je devine qu'il est de sang royal rien qu'en observant sa façon d'avancer avec élégance sur le sable. Il tourne le regard vers l'océan et je ne peux pas distinguer la couleur de ses yeux. Sans le vouloir ma nageoire sort de l'eau et cela attire son attention sur moi. Je suis paralysé par ses yeux qui me dévisage bouche bée. J'aimerais sauter dans l'eau et me réfugier auprès de mes amis mais cela m'est impossible tant que ce jeune homme me fixe avec émerveillement. Nos regards se croisent, nous arrêtons de bouger et de respirer pendant quelques minutes. Il s'approche de l'écume de l'eau et je me hisse plus haut sur mon rocher. Il m'adresse un sourire et je sens mon coeur exploser de joie pour la toute première fois.

  Soudain une voix grave vient rompre la magie de l'instant et je vois mon ennemi lui-même sortir du balcon de son château en écartant l'oriflamme qui se trouve sur l'entrer.

- Ben ! C'est l'heure de la cérémonie en l'honneur de ta mère ! Viens nous rejoindre s'il te plaît !

  Le jeune homme soupire et va rejoindre le roi Aaron qui regarde l'océan avec méfiance et dégoût. Le dénommer Ben se retourne pour me regarder mais je saute dans l'eau en faisant un arc de pluie de goutte d'eau et je nage sans m'arrêter vers mon refuge.

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