Si on me demande ce qu'est l'amour, je dirai simplement « Un sentiment singulier ».

L'amour est si petit qu'il ne se voit pas au premier coup d’œil. Mais il est si titanesque qu'on s'en sent totalement submergé, une fois qu'on en a pris conscience. Ce qu'il y a de plus surprenant, dans l'amour, c'est sa contradiction. Nul autre sentiment ne peut déverser en vous tant de torrents de joie que de larmes douloureuses. Il n'en existe pas d'autre qui soit aussi sucré et qui laisse un arrière-goût aussi amer. Aucun autre sentiment n'est capable de vous donner un tel désir de vivre, et de vous mortifier à la seconde suivante. Rien d'autre ne parvient à être à la fois aussi magnifique et abjecte, envoûtant et terrifiant, délicieux et dégoûtant. Rien ne saurait être aussi complexe. Mais ce qui rend l'amour à ce point attractif, c'est qu'il est si dérisoire, si insensé.

Aimer, c'est être déraisonnable.

L'amour, si fragile et chétif qu'il soit, il trouve toujours de quoi étouffer et noyer la raison. Il l'enrobe dans ses dentelles, lance autour d'elle un tourbillon de paillettes. Et une fois que la raison nous quitte, on est hors de contrôle et capable de tout accomplir. On peut bâtir un monde comme le défaire, on peut donner la vie comme l'arracher.

L'amour, si on me le demande, je dirais que c'est un sortilège d'une puissance absolue.