J'ai vécu dans le noir tout ce temps, dupée par des halos de lumière grésillants : pâles copies des astres que masquaient les nuées. Je vivais dans le noir, je vivais dans la brume. Éblouie par les lueurs, j'accourais m'en saisir. Mais perpétuellement ne m'attendait qu'un leurre dont jamais l'éclat ne pénétrait mon cœur. Je courais d'artifice en artifice, toujours pleine d'illusions et constamment déçue. Je m'enfonçais dans les ténèbres à la recherche d'une étoile, alors que seuls les clignotements des avions daignaient jaillir du brouillard qui englobait mon monde.

Et te voilà qui te dresse au milieu du chemin, astre tombé du ciel dont la flamme hésitante propage en moi soudain une brûlante émotion. Tout en moi se disloque. Mes viscères s'entrechoquent. Et ma carcasse s'embrase. Je renais de mes cendres.

Enfin j'ai trouvé l'étoile singulière capable d'adoucir l'obscurité profonde des nuits où flânent sans cesse les ombres du passé. Vénus scintillante, gardienne des vagabonds, tu as plongé vers moi, comme un ange arraché à la quiétude céleste qui sereinement rejoint mon cortège infernal.

Je t’entraînerai au-delà des mornes paysages éclos dans mes chimères, où la mélancolie a régné sans relâche. Tandis que dans chaque songe tu sèmeras la joie : tu es la muse sublime qui d'un souffle envoûtant illumines mes toiles oniriques. Tes étreintes peu à peu étouffent chaque doute. Tu as fait des cratères qui gangrenaient mon âme des sources miroitantes. Et maintenant je vois clair. Je vois ta pupille délicate, posée sur moi quand je clos les paupières. Et je sais que toujours nos esprits s'entrelacent dans un jardin secret, dans un temple lointain, au-delà du réel, par-delà le rêve même ; là où nos cœurs battants ont forgé le Sacré : rejet de la raison, démon insaisissable, et paradoxalement ce qu'il y a de plus vrai. Ici se déploie notre Amour.