Il y avait une montagne, dans un pays lointain ; une montagne très haute, que nul n'osait gravir. La pierre de cette montagne était froide. Très froide. Et au sommet, il pleuvait continuellement. De cette pluie un peu étrange, était née une jeune fille. Son corps s'était formé au fil des siècles, goutte après goutte, et elle restait là, debout sur la montagne, tandis que l'eau, toujours, ruisselait sur son sein.

La jeune fille avait un rêve : gagner une terre promise au-delà des nuages. Dans ce havre de paix, dont il lui arrivait d'entendre les échos d'un chant de sirène, certaines nuits où le vent se calmait, elle sentait qu'elle trouverait l'autre partie d'elle-même, ce fragment manquant que l'on appelle Âme Sœur. Alors la jeune fille tendait les bras vers les nuées obscures et se laissait submerger par la pluie, en espérant un jour croiser le regard de l'ange qui berçait tous ses songes.

Cependant, la montagne était vaste. L'écho résonnait de paroi en paroi, de falaise en falaise, jusqu'à ne plus venir de nulle part. Nulle Part, c'était le paradis que cherchait l'innocente. Car ce qu'elle ignorait, c'est que la voix de l'ange ne venait pas des cieux, mais d'en-bas, sur cette terre noyée dans le brouillard où la jeune fille craignait de tomber par mégarde.

Et elle tendait les bras dans la mauvaise direction.

C'est l'histoire d'une jeune fille avide d'un futur qui, dans sa naïveté, cherche perpétuellement à étreindre le passé.

Je reste plantée là à braver la tempête. Et j'attends ton appel, ange de mes chimères.

Je demeurerai de marbre, écrasée par la pluie.

J'existerai pour toi, le songe d'un cœur débile.

Génie de mes tourments.

Démon de mon Amour.