Parfois, j'imagine que l'on ressent le besoin aussi primitif que typiquement humain de se rappeler la sensation de la douleur. C'est la raison pour laquelle on fait des choix inconsidérés, voire complètement irrationnels. On se laisse embarquer par une pulsion insensée tout en sachant que la chute sera fatale, et on se délecte de sa bêtise avant de déguster la souffrance qui en résultera.

Rien de plus normal. Rien de plus vivifiant que de sentir ses entrailles se presser sous le joug de l'angoisse, de frissoner d'effroi devant nos propres monstres. Nulle sensation ne nous renvoie avec une telle intensité à notre éphémérité, et paradoxalement au constat sans appel : nous somme bel et bien en vie. Seule la peur de perdre pied peut insuffler la volonté suffisante pour s'accrocher et agir. La peur constitue ainsi le moteur-même de notre évolution, pour peu que l'on parvienne à la dépasser...

Il y a un crocodile

tapi dans l'eau qui stagne...