Tout ce silence
Tout ce silence me consume, il me blesse, il me ronge. Tout ce silence, il pourrait me tuer. À lui seul, il pourrait me tuer.
Le néant qui m'enveloppe, le silence, et puis toute ma tête se met à résonner. J'entends les coups de mon cœur qui cogne et qui cogne, enragé dans sa cage ; mon cœur qui veut s'extraire aux tourments qui l'habitent. Il tape, et tape encore. Il tape comme un fou ; je voudrais l'étouffer.
Tout ce silence, il pourrait me tuer.
Le martellement de mon cœur, le silence qui martèle mes pensées. Je pense trop, et mes pensées sont si confuses que je m'y embourbe. Toujours la même rengaine, la culpabilité. Je cherche ce que j'ai pu faire pour me sentir à ce point accablée ; je cherche toutes les raisons possibles de me haïr. Toujours la même rengaine, qui porte bien ses fruits. J'éprouve envers moi-même un dégoût ineffable. De mon propre dégoût, je m'empoisonne, espérant qu'ainsi le venin finira par me noyer dans l'oubli.
Tout ce silence, il pourrait me tuer !
C'est le vide qui m'emplit, qui empêche tout le reste de me pénétrer : ni nourriture, ni joie, ni plus aucune passion. C'est le vide qui en moi propage ses ondes froides comme autant de tentacules qui me crispent les muscles.
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