PHOBOS

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Aujourd'hui je m'éveille avec un satellite cousu dans l'orbite de ma volonté.

Viens en paix

Phobos, car je n'ai plus peur.

Mes cellules bissextiles ont fait la révolution de trop et l'astéroïde du solstice m'a explosé la chair, le big bang dans ma graisse, qui zappe direct du crétacé au bug de l'an 2000.

C'est ça.

Juste ça.

Un bug dans la matrice. Une cartouche qui bave. Photocopie couleur ? Les pages me sortent en noir et blanc.

Me voilà dans Méliès : des perfus qu'on catapulte droit dans ma face cachée pour harponner mes luniens.

Y a pas de générique de fin. Reste le jumeau qui pointe comme une Épée de Damoclés. Et toi le sili-clone qui le nargue, boursoufflé.

Y a des jours, tu fais mal.

Hier t'étais pas là.

Hier j'étais juste moi.

Y a des jours je te hais, mais c'est surtout à moi que j'en veux.

De quoi ?

J'sais pas, putain. De tout. D'enfiler les tumeurs sur le chapelet du pas-de-bol.

Y a des jours où je rigole. Des fois où j'imagine quelle cicatrice mettre à l'honneur au prochain Halloween ; des heures où l'humour noir noie l'ébène que je broie ; des secondes chapardées sous le nez de l'éternité.

Faisons la paix, Phobos

Et sois ma bonne étoile.

Parce qu'entre le nid de coucou sous mon crâne perforé et ses mille oiseaux, on raconte que je ne suis plus à un pote chelou près.

Comment tu vas, Phobos ?

Est-ce que t'es bien ?

Est-ce que tu tiens le coup ?

Aujourd'hui je m'éveille avec un satellite. Un petit bout de" pas moi" qui gravite en mon sein. Un dé-corps incrusté.

Et je l'appelle Phobos, l'ami gonflé de Styx, forgé dans mes enfers. Et je l'appelle Phobos, la Silicone Valley des plaines olympiennes.

De mes terres hivernales, dormeuse sous la surface gelée, une autre révolution s'amorce. C'est la quête du plaisir.

Et tu es là, Phobos.

Fidèle comme le matin,

Muet comme les coyottes dans le Puy Vénusien,

Les douleurs aussi sèches que les larmes sont devenues compulsives.

Mais ce n'est rien.

Vraiment.

Hier encore tu n'étais rien.

Et "tout va bien", comme on se répète pour de faux des mots qui sonnent aussi fanés que le pub du bas de la rue.

Sous le coussin, Phobos, je te confie un vœu. Pulse-le si tu veux dans la traînée gluante d'une étoile qui file.

Moi, je saigne réglisse, de tout ce noir broyé, de toute cette encre folle lavée à l'herceptine et je compte les gouttes jusqu'à demain.

Pour que nous souffrions, jouissions, vivions

Ensemble

Toi et moi

Phobos.

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