Le gentilhomme

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Le 7 mai 1664, Dame Janna Di Mandelli âgée de vingt-cinq ans profitait du début des festivités de la fête Plaisirs de l'île enchantée donnée par le Roi Louis XIV. Celui-ci appréciait la littérature comme tant d'autres arts ; Mlle Mandelli étant la nouvelle Madame de Lafayette, mais de Venise ; il l'invita au bal au nom de l'une des familles fondatrices de la cité de Venise dont elle est l'héritière.   Un jeune noble proche du groupe avec qui elle échangeait des mots, entendu son nom de famille et compris qui était cette jeune femme, puisqu'il était revenu d'un voyage à Venise il y a quelques mois avec un livre, aussi un homme de sa connaissance lui avait révélé qui était l'auteure cachée sous le pseudonyme.

  Après le dernier jour de la fête, il lui envoya un Page avec un bouquet d'Iris qu'il avait pris dans un jardin botanique pour lui offrir. Ce bouquet était accompagné d'un mot : Pour la plus belle femme de la Cour, sans aucune signature.

  Le 18 juillet 1668, le roi donne une fête d'une soirée appelée Grand Divertissement royal ; Dame Di Mandelli a adoré le parcours à travers les jardins royaux et surtout le feu d'artifice où l'inconnu s'approcha d'elle sans qu'elle ne sente rende compte ; mais quelques minutes plus tard, des gens les séparèrent, puis il s'évanouit dans la pénombre.

  Le jour suivant, un Page différent apporta à Janna un collier de perles baroque à quatre rangs, accompagné d'un seul mot et une lettre : Seigneur B.

  Le 4 juillet 1674, une nouvelle grande fête de six jours est offerte par Louis le grand où le doge de Venise lui avait envoyé des gondoles où ils furent illuminés sur le grand canal dont Dame Di Mandelli devenue Madame Di Lotti adora la promenade sur l'eau en plus des moments musicaux ; un délice pour les oreilles fines.

  Le jeune homme fut déçu d'apercevoir par les lumières des festivités qu'elle avait une bague à l'annulaire lui indiquant qu'elle s'était mariée ; la jeune femme avait à présent trente-cinq ans.   Alors que la Dame Lotti était restée à Versailles encore une semaine ; la veille de son départ, un Page potelé lui donna un paquet qui contenait un morceau de vitrail peint montrant la jeune dame près d'un bosquet du jardin royal.

  Le cadeau était accompagné d'une lettre cachetée noircie d'un poème.

  Au mois de février 1697, le Roi-Soleil donna un bal masqué qui suivait le carnaval, ce bal se déroulait dans la Galerie des Glaces, en attendant son ouverture, il était disposé dans le salon d'Hercule, des buffets de poissons, de gâteaux, des pyramides de fruits et de confiseries ainsi que des vins et des liqueurs pour se désaltérer.

  La Dame veuve vénitienne âgée de cinquante-huit ans, s'était apprêté d'une robe en deux pièces bleu marine et crème avec des bordures dorées, de même de son corset et sa coiffe maritime.

  Tenant dans sa main le masque de loup blanc, elle prit la fuite ayant besoin d'un peu d'air et se dirigea vers le bassin d'Apollon ainsi s'assit pour se reposer.

  L'admirateur l'avait suivi, il vêtit tout de noir et de bordeaux et portait un simple masque noir et argenté. Il se retrouva juste derrière elle et lui dit d'une voix grave :

  - Le Bonsoir, belle Dame ! Surtout, ne vous retournez pas. Cela fait tellement longtemps que je rêve de me retrouver près de vous, à sentir votre parfum et d'être aussi proche que votre époux avait pu l'être.

  La femme l'écoutait sans rien dire, mais elle était quand même curieuse de savoir qui se cachait derrière les mots et les cadeaux d'un amour platonique de la part d'un gentilhomme de la Cour de Versailles.

  - Qui êtes-vous ? Pourquoi cachez-vous de moi ?

  - Cela serait dommage de gâcher une telle histoire d'amour interdit ! Je ne sais si cela va dans les deux sens, mais je préfère taire mon nom ; il me doit de protéger votre réputation ma Dame, voilà pourquoi mes lettres de correspondances sont signées d'initial.

  - Donnez-moi au moins un autre indice ?

  Dans ses courriers, il lui racontait entre'autres qu'il s'était amouraché de sa personnalité autant que de sa beauté ainsi que de ses romans ainsi que de son nom de plume « Lys de Venise ».       L'inconnu hésita, puis lui révéla :

  - Mon pays préféré est la Lorraine Janna ; peut-être qu'un jour nous nous y croiserons.

  - Oh ! Je …

  Il la coupa et lui fit ses adieux. Lorsqu'elle se retourna, il était déjà au milieu des bosquets.

  En été 1698, la Dame de Venise arriva dans la forêt de Darney dans le Duché de Lorraine sans avoir prévenu de sa visite, elle était accompagnée de gardes.

  Elle avançait à cheval sur le chemin de la verrerie.

  À la vu de leur approche, un employé courut prévenir son patron après qu'elle lui est demandée « J'aimerais parler au maître-verrier ? »

  Quelques minutes plus tard, celui-ci s'avança vers le groupe. La femme sauta à terre avec l'aide d'un garde.

  Janna Di Lotti s'approcha de l'homme légèrement grisonnant et lui demanda :

  - Que puis-je faire pour vous ma Dame ?

  La Dame se pencha vers lui et lui dit à voix basse :

  - Je sais que c'est vous mon admirateur secret !

  La bouche du noble fit un O., puis élargit ses lèvres d'un grand sourire ravi qu'ils soient face à face ; déjà, rien que de la voir de loin, il était heureux.

  - Je suis content que l'on se rencontre enfin officiellement ! Je me présente le Sieur Fursy de Bongard, pour vous servir Madame.

  Elle lui rendit son sourire et lui répondit :

  - Moi de même ! Fursy, cela ne signifie-t-il pas Prince ?

  - Si, ma Dame !

  FIN

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