Encore une fois, je rentre chez moi au bout du rouleau. Il n’y a rien de plus fatiguant qu’une longue journée remplie de cours et de gens ennuyeux. Lorsque j’ouvre la porte de ma chambre, j’ai l’impression de me faufiler au paradis : plus personne pour raconter d’anecdote inintéressante, et par-dessus tout, le silence total. Une atmosphère paisible qui me détend immédiatement. Comme à mon habitude, je me prépare une tasse de café glacé, balance mon sac sous le bureau et m’installe confortablement sur ma chaise. Je sirote cinq minutes et je ferme les yeux. La pluie fouette les carreaux, le vent siffle entre les arbres, mon cœur tambourine dans ma poitrine. Une douce mélodie pareille à un chant de sirène. J’avale d’une gorgée le contenu de ma tasse, et me jette sur le tabouret bancal en face de mon petit piano. En un seul geste, je fais craquer tous mes doigts, puis les fais glisser délicatement sur les touches. Une chanson me vient naturellement, comme si je l’avais toujours connue au plus profond de moi, comme si elle dessinait toutes les émotions qui se bousculent dans ma tête à cet instant précis. Mes doigts se sont toujours mieux exprimés que mes cordes vocales quand il s’agit de démêler mon esprit. Je décide alors, pour ne pas les oublier, de gribouiller les notes sur une feuille qui traînait là depuis une bonne semaine. Je dois trouver un titre à cette musique. Quelque chose qui résume tout ce qu’elle signifie. Je me tourne et me retourne sur mon petit tabouret, et soudain j’aperçois la peluche de mon enfance. Celle qui m’accompagnait quand l’orage éclatait le soir, et que la fine pluie me réveillait le matin. Voilà mon titre. Calamar.