Le bonhomme de neige

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Comme toujours, quelques jours avant Noël, les enfants se lèvent tôt. L’excitation à l’approche du grand jour les empêche de rester au lit bien longtemps quand le jour est levé.

Les premiers flocons sont apparus à l’aube. Par la fenêtre, le ciel laiteux et le jardin d’une toute fraiche blancheur fusionnent petit à petit. Le sourire aux lèvres, les enfants observent, à travers la baie, les flocons chuter en silence. Au bout de quelques minutes, Lucie demande s’ils peuvent aller faire un bonhomme de neige mais je leur intime d’abord de déjeuner. Ma phrase à peine achevée, Boris a déjà sorti les céréales, les bols et la bouteille de lait. En quelques minutes, les morfales engloutissent leur déjeuner et se ruent vers leurs chambres pour s’habiller.

De mon côté, je cherche dans les tiroirs du salon l’appareil photo pour immortaliser l’événement. Il y a bien longtemps qu’il n’a pas neigé pour Noël. Je pense même que les enfants n’ont jamais vu la neige à cette période. Nous pourrons les mettre dans l’album, à côté des photos des Noëls précédents. Comme d’habitude, Hélène est chez sa mère à Saint Augustine pour les jours précédents le réveillon. L’âge et la maladie la cloue chez elle.

Les enfants dévalent l’escalier en bois brun, leurs combinaisons imperméables enfilées. La joie irradie leurs visages. Boris tire le tiroir sous l’escalier pour en extraire des bonnets et en lance un en direction de sa sœur qui prend un malin plaisir à ronchonner. Lorsqu’ils quittent la maison, le tapis blanc, déjà bien épais, accueille leurs empreintes d’un bruit sourd.

Hélène préfère être seule avec sa mère. Depuis son attaque il y a quatre ans, la veille n’est plus que l’ombre d’elle-même. D’un commun accord, nous préférons éviter ces moments difficiles aux enfants.

Lucie amasse de la neige entre ses mains gantées et projette une boule en direction de son frère qui se précipite vers elle en représailles. Les voilà à terre, à se rouler dans la neige, doux matelas accueillant leur étreinte fraternelle. Je m’attends à ce qu’ils se disputent mais au contraire, ils partent d’un éclat de rire commun et communicatif. Je souris à mon tour et me dis qu’ils ont bien grandi.

Le retour de leur mère de Saint Augustine est toujours un moment chaleureux. Nous savons à quel point ces séjours sont traumatisants pour Hélène.

A l’aide d’une pelle au manche fissuré, les enfants amoncèlent de la neige et façonnent un bonhomme. Machinalement, je prends quelques photos. Alors qu’ils ont presque achevé leur chef d’œuvre éphémère, je déniche, dans le frigo, une carotte à la forme capricieuse et tape sur la baie, signifiant aux enfants qu’il manque une pièce essentielle. Une fois le bonhomme achevé, je prendrai une dernière photo que j’enverrai à Hélène, accompagné d’un message auquel je réfléchis déjà. Même si je sais qu’elle ne me répondra pas. Depuis une semaine qu’Hélène est partie, je n’ai pas eu le courage de leur dire.

Lucie me ravit la carotte des mains et avant que je referme la baie, me dit :

- J’espère qu’il ne sera pas fondu quand maman va rentrer !

Je ne sais pas quand le bonhomme sera fondu mais je sais qu’Hélène ne sera pas là puisqu’elle ne reviendra plus.

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