Le petit énervé
"Aux champs herbeux agités par le vent,
Un paradis du petit énervé,
Chaque brin d'herbe une proie devenant,
Attrapés, attrapés, tous les attraper."
Thomas passa la tête par la porte vitrée. Solène, son épouse, était assise sur le banc de pierre et souriait béatement en regardant la pelouse d'où émanait le plus beau son du monde : le rire de son fils. Stuart, leur petit prince de trois ans et demi sautillait en riant à gorge déployée.
Leur nouveau compagnon, un adorable chaton écaille de tortue sautait de brin d'herbe en brin d'herbe. Le petit animal n'avait visiblement jamais vu de gazon agité par le vent. Avant chaque bond, il plaquait ses oreilles sur son crâne et s'aplatissait contre le sol avec un regard exorbité. Prêt pour la chasse, il agitait son arrière-train quelques secondes, bondissait et puis passait au brin suivant.
La scène rappela à Thomas un poème qu'il avait lu à l'université. Il prit la main de sa femme et demanda :
- Et vous lui avez trouvé un nom ?
- Je t'avoue que non. Stuart était tellement pressé de rentrer et de jouer avec qu'on y a à peine pensé.
Thomas regarda le chaton excité et proposa : "Que penses-tu de "Petit énervé" ? "
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