Scène 4 - Révélation

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Quinze minutes plus tard, un nouveau décès était annoncé aux informations. Un professeur cette fois. Christopher fut averti que le véhicule utilisé par le terroriste avait été retrouvé dans un parking à proximité du lieu du drame. Evidemment, toutes les empreintes avaient été effacées et l’ensemble passé à l’eau de javel pour supprimer les éventuelles traces d’ADN.

Ils étaient submergés d’appels de personnes soucieuses de les aider à arrêter le coupable sans que cela ne les fasse progresser d’un dixième d’Ångströms.

Plusieurs revendications étaient parvenues aux autorités, mais d’après les spécialistes de ces sociétés elles ne pouvaient pas être prises au sérieux. Peu crédibles et, surtout, sans « preuve ». Depuis l’attentat de Nice et la fusillade de Las Vegas, la nature potentiellement opportuniste des revendications de l’Etat islamique est souvent évoquée. Le monde ne manquait pas d’hommes à la recherche d’un mode opératoire et d’une raison quelconque pour assouvir leurs pulsions sanglantes.

Christopher songea à Sten. Il regardait l’écran de son téléphone portable. Une icône lui apprenait que son ami lui avait laissé plusieurs messages qu’il n’avait même pas le temps d’écouter, et le policier s’inquiétait de l’augmentation de ses appels à l’aide. Le Suédois traversait peut-être les prémisses d’un épisode dépressif. Christopher savait qu’il ne fallait pas le laisser ruminer dans ces périodes-là. Bon sang ! Ce n’était vraiment pas le moment.

Soudain, il remarqua une autre icône à côté de celle qui lui indiquait le nombre de messages reçus. Une icône qui avait toujours été là, bien sûr, mais qui le ramena à nouveau vers les premières images de l’attentat et à la femme brune. Un G. Le G de Google. Et tout lui revint enfin en mémoire.

Il se leva précipitamment et alla rejoindre Clarice.

— Elle travaille chez Google, lança-t-il dans un souffle.

Sa supérieure se tourna vers lui avec une figure désappointée.

— Quoi ? De quoi tu me parles ?

Il réalisa combien il avait été stupide. Evidemment qu’elle n’avait aucune idée de ce à quoi il faisait référence !

— Une femme qui se trouvait sur les lieux de l’attentat, expliqua-t-il. Une blessée transportée dans une ambulance. Je l’ai vu à la télé et j’ai reconnu sa tenue. Il s’agit d’une femme qui travaille pour Google. C’est une photographe. Elle a peut-être pris une photo du terroriste…

Clarice balaya sa proposition de la main.

— Non. Les agents sur place sont déjà au courant. Ils ont effectivement vu une photographe dans la liste des victimes. Mais ils ont aussi dit que le matériel était rangé dans la valise quand elle a été blessée. Elle se trouvait à l’extérieur de l’école. Tu sais très bien que la cagoule n’a été retirée que face à quelques témoins et qu’un seul a survécu. Tu le sais mieux que moi puisque tu lui as parlé. Emma t’a parlé d’une photographe dans sa déposition ?

— Tu as raison. Mais tout de même. Je ne sais pas exactement comment ça marche, mais ce sont des technologies pas comme les autres qu’utilise Google dans son projet. J’ai entendu parler de leur projet de monde virtuel… ils envoient des photographes partout pour photographier le monde en trois dimensions. Le reproduire comme dans un jeu vidéo géant en réalité virtuelle. La machine qu’ils utilisent, ils disent qu’elle permet de voir à travers les murs.

— Oui, moi aussi je me souviens de ces pubs, ironisa Clarice. « Voir à travers les murs » ?! Tu y crois sérieusement ? Ce sont des pu-bli-ci-tés. Des inventions de commerciaux pour faire du storytelling.

Elle s’interrompit pour se frotter les yeux.

— De toute façon, ajouta-t-elle plus sérieusement, s’il y avait quelque chose à fouiller de ce côté-là, je pense que les équipes qui sont sur le terrain s’en seraient chargées.

— C’est une façon de me dire que je ne dois pas essayer de résoudre l’enquête à la place des « vrais » enquêteurs ?

Elle se gratta un peu le menton. C’est ce qu’elle faisait lorsqu’elle était gênée. Elle savait très bien qu’il cherchait depuis plusieurs années à changer de branche. Il ne voulait pas rester un agent spécialisé toute sa vie. Clarice était la mieux placée pour connaître sa motivation, elle soutenait sa candidature chaque année. Sur le papier, il avait tout pour réussir. C’était l’oral qui ne passait pas. C’était toujours l’oral qui ne passait pas.

— Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, se justifia Clarice. Je disais ça pour l’enquête. Ça n’a rien de personnel. C’est juste que… cette histoire d’appareil photo qui passe à travers les murs…

— Tu as raison, s’excusa-t-il. Je suis sans doute un peu fatigué. Je vais essayer de me détendre un peu.

Il s’éloigna défait, convaincu d’avoir fait fausse route. Pour qui s’était-il pris ? Un enquêteur ?

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