Liberté
Je me réveille, seule. Dans le noir.
Un bruit de verre qui se brise sur le sol, un chant de jurons bercent mon réveil. Il fait soudainement plus chaud dans la pièce.
Est-il revenu? Comment a-t-il fait pour rentrer ici?
Un faible sourire s'étire sur mes lèvres, et s'évanouit aussi vite que la durée de vie d'une goutte de pluie.
Il ne faut pas qu'il voie que j'ai exprimé une quelconque joie. Je ne veux pas qu'il croie que je ne le hais plus. Que je ne le hais pas.
"je te hais"
Il me regarde avec ces yeux qui me déshabillent, qui me transpercent, qui me lisent comme un livre ouvert.
Penchant la tête sur le côté comme si j'étais un étrange animal, une petite chose venue d'autre part, il esquisse un sourire amusé. Arrogant. Détestable.
"Vraiment ?"
Pourquoi me répondre ? Pourquoi prendre la peine de me poser une question. Pourquoi est-ce qu'il ne me croit pas? Pourquoi ? Pourquoi? Pourquoi?
"Si tu me haïssais autant que tu le prétends, tu n'aurais pas ce regard meurtri à chaque fois que je recule d'un pas. Tu n'aurais pas cette tendresse dans les yeux à chaque fois que tu m'aperçois."
Je me déteste. Plus que je ne le déteste lui. Je déteste mes yeux. Je déteste tout. Je le hais. Je me hais.
Je hais inconditionnellement.
J'aime inconditionnellement.
Je l'aime Lui, inconditionnellement.
Il se penche vers moi et me dépose un baîser étrangement froid sur le front. Glacé. Comme la mort. Tout le contraire de la chaleur presque brûlante de ses mains posées sur les miennes.
Je me lève chancelante, les pieds gelés sur le parquet grinçant.
Celui dont je ne connais pas le nom me prend dans ses bras, et m'emmène par la fenêtre. Nous marchons, nous errons, comme deux âmes perdues. Mes pieds prôfanent la pureté de la blanche neige, immaculée. Etrangement, Il n'apparaît pas. Il ne laisse pas de trâces. Il pourrait presque être entrain de voler.
Et je me retrouve à l'Endroit. L'Endroit où je l'ai rencontré. Il s'arrête et je vois son regard, je vois son sourire.
Une pureté, de la bonté, et une tendresse infinie.
Il s'avance vers le vide d'un pas, deux pas, puis disparaît.
Alors je me sens seule. Un goût de sang envahit ma bouche, et je m'allonge dans la neige, seule.
Des perles de rubis tapissent le tapis de blancheur. Et je m'endors, sous le froid. Je rêve de Lui.
"Rejoins-moi"
Alors je me lève, je marche, sans un regard en arrière.
Je plonge, je tombe, je coule dans l'air. Mes cheveux fouettent mon visage, mon corps tombe du haut de la falaise.
Et là, je le vois. À quelques mètres de moi...
Et soudain, je sens ses bras qui entourent ma taille, son nez caché dans mon cou, dans mes cheveux roux.
Et plus loin, plus bas, je vois un corps. Je vois le corps qui était mien.
Éclaté, allongé sur le sol marbré.
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