Chapitre 7
Après avoir ouvert les yeux à la suite d’une très longue nuit d’un sommeil nerveux, Anthoea avait observé Glenn qui dormait encore. Son corps était vraiment très joli et bientôt, le contact entre leurs peaux allait recommencer. Peut-être aujourd’hui même ? Glenn n’avait pas l’air d’être du genre à faire passer le temps inutilement après tout et l’attente avait déjà été très longue… L’idée de cette durée fut rapidement chassée avec la force de l’habitude. C’était le genre de chose auquel personne ne réfléchissait tout simplement.
Observant le plafond, les différentes options lui traversèrent l’esprit. Les programmes étaient des fils conducteurs assez lâches. Les débuts des programmes choisis étaient orientés vers le désir de l’autre, ressentir le désir, il n’y avait pas besoin d’un contact pour ça. En réalité, ressentir du désir malgré le contact serait peut-être justement le défi. Anthoea en avait vraiment envie, mais quand les choses iraient plus loin, peut-être que son ressenti évoluerait. Est-ce que l’angoisse allait s’installer ? Que faire si soudainement le contact devenait juste aussi dégoutant qu’il aurait toujours dû être ?
Sur le lit d’à-côté, Glenn remua et lentement, ses yeux papillonnèrent jusqu’à dévoiler ses jolies orbes brunes. C’était un regard tout à fait embrumé par les affres du sommeil mais surtout d’une douceur surprenante. Pendant un long moment, l’observation sembla à sens unique, puis, elle devint réciproque. Le regard de Glenn était si intrusif qu’Anthoea se sentit rougir très légèrement. C’était idiot au vu des circonstances. Leur degré d’intimité irait bien au-delà de tout ça. Peut-être pour détourner l’attention ou pour se soustraire à cette contemplation qui avait l’air de réussir à tout voir, Anthoea lâcha :
- Tu sais ce que tu voudrais faire aujourd’hui ?
Glenn déglutit, sa bouche était un peu pâteuse.
- Je pensais suivre tes envies… Mais la phase suivante, c’est autour du désir non ?
- Oui…
Anthoea hésita avant d’ajouter, sans émotion apparente :
- Cela peut se faire avec ou sans contact.
Le regard brun de Glenn se ferma, presque douloureusement, comme si un rejet évident venait d’être prononcé bien que ce ne soit pas le cas. Et lentement, avec cette voix si douce, Glenn répéta :
- On a qu’à faire ce que tu veux…
- C’est ensemble qu’on doit le faire, rappela Anthoea doucement.
- Il peut y avoir une seule personne aux commandes…
- Ecoute, je n’ai vraiment pas envie de me disputer encore avec toi. J’aimerai vraiment qu’on arrive à trouver des terrains d’ententes et qu’on fasse les choses ensembles. Alors soyons sincères ! Qu’est-ce que tu voudrais pour aujourd’hui ?
Seulement Glenn n’en savait strictement rien, alors, silencieusement, un temps de réflexion fut pris avant de lâcher :
- Je crois avoir vu passer un programme un peu plus loin dans les étapes proposées… Un truc sur le strip-tease. Ça ressemble à ce que font les gens qui dansent ici je pense. Alors peut-être… Peut-être que ça ne saurait pas trop étrange... pour commencer.
Anthoea acquiesça, l’idée était bonne mais imaginer Glenn en train de danser était vraiment très bizarre pour le coup. Enfin, cela ne supposait-il pas un minimum de fibre artistique ? Néanmoins, chassant l’interrogation de son esprit, Anthoea proposa :
- Je me disais qu’on pourrait peut-être aller jusqu’à inclure un contact… encore une fois.
Il y eut un instant d’hésitation, puis, la proposition s’acheva sur ce qui ressemblait à un prétexte.
- Il faut qu’on s’y habitue…
Ce n’était qu’une excuse bien-sûr, en réalité, c’était cette envie étrange qui poussait les mots hors de sa gorge. Une partie de son esprit voulait recommencer, sentir cette pression qui lui répondait et le corps de Glenn en face.
Après un simple hochement de tête, Glenn s’isola un instant pour changer de tenue, cherchant dans les catalogues ce qui avait pu être jugé sexy à l’époque, mais les ensembles de lingeries lui semblaient au mieux tristement banal. Sans réelle conviction, les vêtements fins furent enfilés les uns après les autres en de multiples couches pour permettre un effeuillage assez long. Tout ce qui allait se produire, c’était que les vêtements finiraient au sol sans provoquer la moindre excitation chez Anthoea, se dit Glenn un peu sceptique. Ce serait ridicule.
En retournant vers la pièce principale, Glenn ne se sentait vraiment pas très à l’aise. Ce nouveau corps demandait à être apprivoisé. Volontairement, les contacts avec sa propre chaire avaient été évité. Oh, explorer ce vagin qui prenait place pour la première fois entre ses jambes était vraiment tentant, ses seins qui ballotaient doucement sur son torse lui faisait tout autant envie, mais Glenn préférait découvrir tout ça directement avec Anthoea…
Il était difficile de ne pas se sentir ridicule, engoncé dans ces vêtements. Sa personne n’avait jamais été particulièrement gracieuse, mais là, même dans ce corps tout nouveau, Glenn se sentait vraiment mal. Anthoea n’avait pas bougé, attendant simplement son retour.
- Je crois qu’ils mettaient de la musique pour ce genre de choses…
Glenn acquiesça et laissa l’autre gérer l’ambiance, tamisant les lumières et réclamant une musique qui était sans doute appropriée. Glenn resta là, les bras croisés sur sa poitrine, totalement immobile à se maudire pour sa propre proposition. Après plusieurs soupirs entre angoisse et gêne profonde, Glenn ferma les yeux et fit de son mieux pour se prêter à l’exercice. Sa hanche partie sur le côté dans ce qui aurait dû être une esquisse de déhanché, mais elle partit loin. Ce nouveau corps avait une facilité déconcertante à faire ce genre de chose. A titre d’essai, le mouvement fut reconduit de l’autre côté avec le même succès et c’est ainsi que Glenn commença une danse maladroite, les yeux clos, juste à découvrir les possibilités de son nouveau corps.
Lentement, le premier vêtement couvrant fut dégrafé et il glissa jusqu’à ses pieds, caressant tout son dos. Glenn frémit, la musique et son corps jouaient sur deux rythmes différents mais ce n’était pas grave. Pas aux yeux d’Anthoea en tout cas qui l’observait avec de grands yeux émerveillés. Glenn ne savait pas danser. Ce n’était pas sensuel non plus. Marguerite aurait mieux fait en deux petits gestes du poignet, certes. Mais ce que Glenn offrait, ce n’était pas sa danse, ses mouvements ou sa nudité car après tout, Anthoea connaissait déjà très bien son corps pour l’avoir modelé. Non, Glenn s’offrait directement, c’était tout son être le cadeau. Chaque couche de vêtement qui rejoignait lentement le sol n’était qu’un peu de l’emballage qui entourait son présent. Qu’est-ce qu’Anthoea aurait pu recevoir de plus que ça ?
Une émotion étrange monta dans sa poitrine. Ce n’était pas l’excitation qui avait déjà atteint ses reins, durcissant son sexe et validant sans aucune forme de difficulté l’objectif. Non, c’était quelque chose de plus étrange, quelque chose de nouveau qui lui donnait un peu envie de pleurer. Ce cadeau était si beau, si rare et si précieux. A cet instant, Anthoea n’avait plus du tout envie de fuir. Non, son envie était de prendre ce présent et de le savourer.
Soudainement, Glenn s’immobilisa et ouvrit les yeux. Il n’y avait plus de vêtements à retirer. Son corps était nu. La nudité n’avait jamais été un problème avec son propre corps d’origine et celui-ci n’était pas plus gênant à montrer. Au contraire. Par contre, sa danse était sans doute ridicule et l’expression d’Anthoea était étrange.
- Est-ce que… ça a fonctionné ? demanda Glenn tout doucement en passant son poids d’une hanche à l’autre.
- Oui… Est-ce que tu es d’accord pour que je te touche ?
Glenn mordit sa lèvre inférieure tout en acquiesçant. Anthoea se leva, franchit les quelques mètres qui les séparait et hésita. La peau de Glenn était juste là, à portée de main. Elle était belle, cette peau. Anthoea passa un moment à l’observer en silence, laissant son regard courir le long de ses épaules en douceur. Puis, avec la même lenteur, sa main se leva pour venir à la rencontre de la joue douce qui l’attendait. Le contact le fit frémir. Glenn ferma les yeux et se pencha pour approfondir le contact. C’était bon.
La main le caressa doucement comme pour découvrir ses traits et Glenn savoura ce touché tout en se faisant une image mentale de ces doigts. Que c’était délicieux. Quand les doigts vinrent se perdre dans son cou, tout son corps se tendit pour lui offrir un meilleur accès. Ce n’était qu’une caresse des plus chastes mais l’excitation était venue s’installer dans leur ventre respectif. Personne ne pensa à vérifier les objectifs en cours qui venaient d’être validés en quelques minutes à peine. Anthoea caressait simplement la peau douce avec un émerveillement qui n’avait rien de feint. Entre ses jambes, son sexe pulsait de plus en plus douloureusement, comme s’il cherchait à se libérer.
Au bout d’un long, très long moment, Glenn ouvrit ses jolis yeux marrons et leurs regards se croisèrent. Il n’y avait alors aucune animosité, juste de l’envie, de la curiosité et quelque chose qui ressemblait à une profonde acceptation de l’autre.
- Merci… souffla Glenn.
- … je n’ai pas envie d’arrêter.
- Continue alors.
Anthoea acquiesça et ses caresses tendres se poursuivirent sur les épaules douces pour descendre, très lentement, vers le creux délicat de ses coudes. Un sursaut parcourut son corps quand la main fine de Glenn vint à son tour se poser sur son avant-bras, testant sa solidité, sa texture, sa force, sa présence. Bientôt il n’y eut plus que ça, des découvertes faites du bout des doigts et une excitation si palpable qu’elle en devenait suffocante.
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