Déclaration
En le voyant ainsi, j'ignore comment réagir. Il n'a plus rien à voir avec l'homme qui me tenait tête au restaurant, me blessant volontairement avec ses mots. C'est donc prudemment que je m'avance vers lui avant de m'accroupir à ses côtés. Timidement, je pose ma main gauche sur son épaule droite. Évidemment, il me rejette sans scrupules. Je tombe sur le sable, mais fais abstraction de sa colère naissante. Je me redresse et m'avance de nouveau vers lui. Puis, j'attrape sa nuque d'une main fébrile, passant l'autre dans son dos. Une fois de plus, il tente de prendre la fuite, sauf qu'à cet instant, je reste ferme, lui faisant ainsi comprendre que je n'irai nulle part.
Il continue de pleurer tout en me résistant, mais, constatant que je ne cèderai pas, il finit par lâcher prise. Il enfouit son visage contre mon buste, passant ses bras puissants autour de moi, s'accrochant fermement à ma taille, s'effondrant.
Ses pleurs me déchirent le cœur, car j'en ignore leurs douleurs. Quant à la force avec laquelle il s'accroche à moi, elle me remplit soudainement de doutes et d'incertitude.
Comment savoir ce qu'il ressent à cet instant ? Comment comprendre ses émotions lorsqu'il ne les exprime pas ? Quand il se joue de moi depuis qu'il m'a reconnu ? C'est difficile, néanmoins, réconfortant, car désormais, je sais que je ne lui suis pas indifférente.
Je le garde contre moi jusqu'à ce qu'il finisse par se calmer, ce qui arrive quelques minutes plus tard. Il détache alors ses bras de ma taille avant d'attraper mes avant-bras.
Soucieuse, je le laisse faire tout en gardant le silence, ignorant ce qu'il ressent, ni même ce qu'il compte faire. Soudainement, il se met à rire avant de prendre mes mains dans les siennes, m'aidant ainsi à me relever. Son regard percute le mien, tandis que je l'observe, cheveux aux vents, mes fringues encore trempées, malgré la bonne température extérieure.
Il vient ensuite retirer une mèche de cheveux qui colle à mon front afin de mieux voir mes yeux. Il sourit, tandis que je reste stoïque, ne comprenant pas ce revirement de situation.
Dans un élan d'incompréhension, je lâche sa main et recule de quelques pas avant de lui tourner le dos. Celui-ci s'approche de moi avant de passer ses bras autour de ma taille, laissant reposer son menton sur mon épaule gauche.
– Que se passe-t-il ? Demande-t-il alors que je perçois de la joie dans sa voix.
– Je ne comprends pas... Que se passe-t-il ? M'interrogé-je tout en secouant ma tête de gauche à droite.
Xiao Bai, sentant visiblement mon trouble, me fait pivoter face à lui, attrapant une nouvelle fois mes mains dans les siennes. Il me dévisage puis me sourit avant de prendre la parole.
– Idiote, me lance-t-il, taquin, faisant une pichenette sur le bout de mon nez, avant de m'attirer contre lui, m'enlaçant tendrement et de déposer un baiser sur le haut de ma tête. Sais-tu depuis combien de temps je t'attends ? Dit-il tout en resserrant son emprise autour de moi.
En entendant ça, je me surprends à vouloir l'aimer davantage. Le chérir plus que tout au monde, mais surtout, je souhaite pouvoir lui montrer à quel point je l'aime à travers mes yeux.
Timidement, j'avance mes mains vers lui, avant de les passer autour de sa taille que je finis par serrer fortement, comme si ma vie en dépendait.
Nous restons ainsi quelques minutes avant de nous détacher l'un de l'autre. Je le regarde un instant, me posant mille et une questions, puis décide à mon tour de rompre le silence.
– Je ne comprends pas. Pourquoi agis-tu de la sorte avec moi ? Tu t'es montré agressif toute la journée et maintenant, tu... J'ai besoin de comprendre.
– Je sais. Je sais Wei Jie, dit-il tout en attrapant l'une de mes mains avant d'y déposer un baiser sur le dessus. Je sais qui tu es et ce qu'il s'est passé il y a dix ans. Je n'ai jamais pu oublier ton regard. Malgré notre différence d'âge, à l'époque, je savais déjà que tu serais celle qui ferait basculer ma vie entière.
– Pourtant, tu n'as jamais prêté attention à moi. Sais-tu combien de temps j'ai attendu, pour oser espérer t'approcher et avoir le courage de venir te parler ? Ça fait dix ans que je te poursuis et je...
– Ça aussi, je le sais, me coupe-t-il tout en se moquant légèrement. Je t'ai vue et observée toutes ces années où tu venais avec tes parents. Malgré ta peur de l'eau, je savais parfaitement que tu te rendais sur le port dans l'espoir de me voir. Dix ans que tu m'épies et dix ans que je t'évite.
– Pourquoi ? Pourquoi m'avoir évitée durant toutes ces années ? Qu'ai-je fait de mal ? Pourquoi ne me regarde-t-il pas ? Se souvient-il de moi ? A-t-il déjà quelqu'un dans sa vie ? Voilà les questions qui n'ont pas arrêté de me hanter. Alors, pourquoi maintenant ?
– Parce que je devais être certain que tu étais là pour moi, mais aussi pour confirmer ce que je savais déjà.
– C'est-à-dire ?
– Je suis amoureux de toi, Wei Jie, dit-il comme s'il avait mal en prononçant ses mots, se sentant probablement coupable de ne pas les avoir dit plus tôt. Alors, c'est vrai, j'ai été infecte avec toi parce que... Parce que j'ai eu peur. Wei Jie, tu es beaucoup plus jeune que moi. Tu as tout quitté pour me trouver. Comment aurai-je pu être certain que je pouvais t'apporter ce que tu recherchais ? Comment aurais-je pu être la hauteur ? J'ai paniqué.
– Je comprends, c'est normal, dis-je avant de me mettre à rire bêtement.
– Qu'est-ce qui te fait sourire ? Demande-t-il tout en s'avançant vers moi, avant d'approcher son visage près du mien, collant ses lèvres à mon oreille droite alors qu'il attrape mes mains dans les siennes. Ne me réponds surtout pas que c'est moi, murmure-t-il avant de me voler un baiser sur la joue.
Je souris de nouveau avant de plonger mon regard dans le sien. Je replace alors une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, nerveuse, ne sachant pas comment me comporter face à lui. Ignorant complètement quelle attitude adopter, j'ai l'impression de me retrouver avec cette même petite fille d'il y a dix ans. Timide et maladroite face à ce jeune homme pour qui j'étais éperdument tombée amoureuse. J'inspire un grand coup, puis prends la parole.
– Xiao Bai, que fait-on maintenant ? Que va-t-il se passer ? Pour nous, je veux dire. Es-tu toujours terrifié ?
– Je le suis, c'est vrai, me répond-il tout en m'observant droit dans les yeux. Mais, mon amour pour toi est beaucoup plus fort que ma peur, me sourit-il, alors, prenons le temps de réapprendre à nous connaître et faisons un long chemin ensemble, tu veux bien ?
– Hum, acquiesçant d'un signe de la tête, sourire aux lèvres.
– Bien, dit-il tout resserrant ses mains dans les miennes.
Il s'avance près de moi, avant de caresser ma joue d'une main, posant délicatement l'autre sur mon cou. Il approche ensuite son visage et subtilement, il pose ses lèvres contre les miennes. Ceci est notre véritable premier baiser. C'est de cette manière que nous scellons notre amour, qui, finalement dure depuis toujours. Depuis le jour où j'ai failli me noyer il y a dix ans.
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