Le sang de la pierre
Des gouttes de sang coulaient de ses yeux
Sur sa joue de pierre, froide et blanche
Pareilles à des larmes de chagrin
Graffitis sur sa peau de fée
Sans avoir existé
Elle mourait.
Des gouttes de sang mouillaient son antre
Bateau ivre autour de ses hanches
Forêt d'épines dégoulinantes
Sans avoir respiré
Elle mourait.
Des gouttes de sang gorgeaient sa bouche
Nourrissant ses entrailles de craie
Jusqu'au bas du ventre repu
Sans avoir mangé, jamais,
Elle mourait.
Mes doigts ont fermé ses paupières
Comme un rideau de pluie d'hiver
Le marbre a figé sa lumière
Ainsi que son âme.
Sans avoir existé,
respiré,
En n'ayant jamais vécu
Que sa maternité de poussière
Infante d'un royaume endormi
Sans avoir régné
Prisonnière de ses lignes,
Cariatide apprivoisée
Afin que le maître exulte
Elle mourait.
Elle meurt pour que je vive,
L'éternité est à ce prix.
Seule la vie s'efface.
La vie est une jachère.
Mes doigts ont fermé ses paupières
Elle pleure de ne pas voir le jour
Pareilles à des larmes de chagrin
Pourquoi l'avoir créé aveugle
Graffitis sur sa peau de fée
Son cœur est mort avant d'avoir
Existé, respiré, palpité
Par amour.
Afin que le maitre exulte.
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