Jacques et le pot de confiture.

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6h00, le radio-réveil diffusait les informations du jour tandis que Jacques émergea doucement de sa nuit. Le vieil homme avait toujours autant de mal à se lever, non pas qu’il n’était pas un lève-tôt, mais parce que son corps n’avait plus la souplesse de ses 20 ans. Victoire ! Après un ultime effort, Jacques parvint enfin à se redresser dans son lit.

S’appuyant sur la canne en roseau que ses petits-enfants lui avaient offerte pour ses 88 ans, il chancela en pyjama droit vers la salle de bain. Il voulut ouvrir le robinet pour se débarbouiller, mais ce dernier resta coincé. Après plusieurs minutes d’une bataille acharnée, victoire, le robinet céda et Jacques put enfin se rafraîchir.

De retour dans sa chambre, Jacques ouvrit la fenêtre pour l'aérer. Dehors, il pleuvait averse et dans l'anonyme ruelle déjà bondée, les voitures crachaient leurs gaz pollués dans l’air. Une quinte de toux prit le pauvre Jacques tandis que les gaz nauséabonds pénétraient dans ses poumons. Il tenta de refermer la fenêtre, mais dans la précipitation, coinça son pyjama dans la fermeture qui se bloqua.

« Sacré non de Dieu », lâcha-t-il en tirant de toutes ses forces sur le pan de sa chemisette de satin. Victoire, le tissu s'échappa de l’emprise de la fenêtre, et Jacques manqua de tomber à la renverse sur son lit, emporté par l’inertie du mouvement.

Jacques se dirigea vers la cuisine. Un bon petit déjeuner le mettrait sûrement de meilleure humeur. « Déjà 8h00 » pensa-t-il en passant devant le réfrigérateur où une note en papier jaune fluo était accrochée par un magnet. « RDV dentiste 16h00 le 20 » avait-il griffonné pour s’en rappeler.

Le café finit de couler dans la cafetière tandis que Jacques finissait de mettre la table. La vision d’une tartine de confiture de fraise, sa préférée, le fit saliver. Sa tranche de pain toastée et beurrée, Jacques voulut ouvrir le pot, mais le sucre l’avait complètement scellé. Usant de toutes ses forces et d’un torchon, Jacques força jusqu’à s’en déboiter le bras, mais rien à faire, le bocal ne voulait pas céder. « Je vais le passer sous l’eau chaude, cela devrait aider » pensa-t-il. Quelques secondes sous le jet, et Jacques appliqua sur le couvercle sa prise la plus musclée.

Victoire ! Avec un « ploc » soudain, le pot s’ouvrit. Jacques, content, se retourna vers la table, mais trébucha en s'emmêlant les pieds dans ses pantoufles. Basculant en avant, le crâne du pauvre homme vint frapper violemment le coin de la table en chêne. Allongé au sol, inerte, une flaque de sang commença à se répandre autour du corps du pauvre vieillard.

Victoire, le bon Jacques n’aura plus jamais à subir cet épuisant rituel.

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