Chapitre 18
Chapitre 18 :
Les tremblements d’Aroa dans son sommeil réveillèrent Kita. Il frissonnait et un voile de sueur couvrait son visage. La plaie infectée avait gagné son corps. Elle tendit la main, l’enroula autour de son épaule pour l’immobiliser.
—Il est brûlant, chuchota une voix dans l’ombre.
Un corps se dessina, celui d’Arment. L’inquiétude ravageait son beau visage, ses yeux semblaient s’enfoncer dans ses orbites, ses cheveux emmêlés et ternes drapaient ses bras. Assis en tailleur, il était plus las qu’intimidant. Même l’éclat de ses bijoux perdait de leur éclat.
—Je pensais que les plantes suffiraient à éliminer l’infection. Je savais qu’il refuserait de perdre son bras, j’aurai dû insister, ne pas l’écouter.
—Il t’en aurait sévèrement voulu.
—Mieux vaut de la haine plutôt que ça.
Son frère se tordait dans la mousse telle une larve. Derrière ses paupières s’agitaient ses yeux. Ses dents claquaient.
—Il ne sert plus à rien de lui couper le bras. Son sang est atteint. Seule la sorcière pour nous aider.
Et comment convaincras-tu cette pècheresse de t’aider ? Elle ne lui révéla pas ses pensées ; détruire le dernier espoir de ce guerrier serait cruel. Elle se rapprocha d’Arment, mi rampant mi clopinant.
—Vous non plus ne parlez pas beaucoup.
—Je n’ai rien à dire.
—Vous avez tué Xaelio.
—Allez-vous aussi me le reprocher ? Il tentait de me violer.
Ses compagnons se taisaient ma le dégoût dans leurs regards se métamorphosaient en respect. Un tueur pouvait recommencer.
—Vous auriez pu… Il y avait d’autres moyens de le contraindre que le réduire au silence.
—Un homme qui porte la main sur une femme ne cessera jamais de le faire. Il aurait guetté mes moments de faiblesses pour mieux assouvir ses désirs. Je n’aurai jamais été en sécurité.
Deux jours plus tôt, ils enterraient Xaelio. Elle avait aidé ses compagnons à le porter jusqu’à une mare profonde. Elle hérita de la tête. Ses doigts encadraient ses oreilles, ses ongles s’amusaient à gratter les filets de sans séchés maculant sa peau jadis dorée. Kita contemplait le carnage, son œuvre. Un visage ravagé, des lambeaux de peau tressautant au moindre de leurs pas. La cavalière dévisageait Xaelio, ne ressentait rien. Ni Tristesse, ni colère, ni joie, aucune émotion n’affolait son cœur. Elle jeta le cadavre dans l’eau, le fixa disparaitre sous la surface. Non loin, l’eau ondula. Il terminera son existence dans l’estomac de plusieurs prédateurs. Elle espérait qu’il ne trouverait pas le repos, que son âme hanterait les marais pour l’éternité. Peut-être la suivait-il en cet instant, peut-être essayait-il de la poignarder ?
Elle se plaisait à l’imaginer débout, près d’elle, l’examinant avec attention, élaborait de multiples plans pour qu’elle devienne sa compagne, le temple de sa queue jusqu’à la destruction de Naarhôlia.
—J’aime la vie, révéla Kita, et je ferai tout pour qu’elle se prolonge. Tuer s’il le faut, me damner s’il n’existe aucun autre moyen pour allonger mes jours.
La mort l’effrayait. Rejoindre Khéor dans son royaume Blanc la terrifiait. Elle ne souhaitait voir le crépuscule de sa vie mourir. Le soleil devait briller, aveugler tant elle le souhaitait puissant. La cavalière avait cru vouloir invoquer le Dieu Blanc, elle s’était fourvoyée. Que lui apporterait la mort de plus que la vie ? Un siège ? Khéor se tenait près d’eux, sa longue cape immobile malgré la brise. Sa main enveloppait le front de sa victime mais Aroa refusait de lâcher prise. Lui aussi hait le crépuscule.
Ils cheminèrent quelques instants encore avant que les forces d’Aroa ne cédèrent. Il s’effondra, entraina Arment dans sa chute. Ce dernier le gifla, le tira mais demeura inerte.
—Je suis trop faible pour continuer.
Seul un souffle d’air franchit ses lèvres mais sa voix, elle, les percuta tous.
—A combien de temps est le village ? S’informa Reikoo.
—A une demi-journée de marche.
Condamnerait-il un de ses guides pour du temps ? Nous en avons ! Aurait voulu crier Kita. Qu’importe-t-il le jour où nous dénicherons cette stupide forêt puisque nous n’y trouverons rien.
—Nous devons l’aider, s’exclama Kita.
—Je ne vous ai pas demandé votre avis.
—La sorciè…
—Fermez-là, petite gamine idiote ! Vous avez tué un de mes hommes à cause de votre trou entre les jambes. Bouclez votre gueule avant que je ne vous empale et abandonne ici. Vous voulez le sauver ? Allez-y. Cherchez la sorcière au village mais revenez avec elle ou ne revenez pas.
La menace la rendit muette. Elle avait oublié sa position de prisonnière.
—Je l’accompagne, souligna Arment.
—Non, si la sorcière refuse…
Nous n’aurons perdu qu’elle. Et qu’elle perte, compléta la jeune femme.
—Essayez de me retenir, le mit-il au défi. Mon frère se meurt pour votre expédition et je ne resterai pas impuissant à ses côtés en lui tenant la main.
Reikoo jugea plus sage de s’écarter de son passage.
—Kitaya, si vous revenez sans mon guide et la sorcière…
Il caressa du charnu de son pouce la lame arrondie. Elle sembla siffler à ses oreilles.
—Ne perdons pas de temps, la pressa Arment en la doublant. Vous terminerez votre rixe une fois que mon frère sera hors de danger.
Après un dernier regard, la cavalière se détourna, emboîta le pas à son camarade. Il traçait sa route sans même l’attendre.
—Nous atteindrons le village d’ici la tombée de la nuit, expliqua-t-il. Nous marcherons aussi rapidement que nous le pouvons sans nous arrêter. Je dois vous avertir : si vous ne suivez pas, je serai obligée de vous abandonner.
—Ca me parait honnête.
Le duo soutenait une allure de marche assez intense. Les muscles de Kita s’habituaient à cet effort constant. Ses courbes s’affinaient avec l’exercice. Sans être grosse, les gras de son repas et la bière eurent raison de son corps. Ses cuisses, ses fesses et même son dos se raffermirent.
—Comment connaissez-vous cet endroit ?
Il y été forcément venu. Il semblait suivre un fil, visible que de lui.
—Votre princesse nous a promis un sac d’or supplémentaire à chacun si nous explorions la région tandis qu’elle rassemblait les membres de notre expédition. Une fois qu’on y a posé le pied, il n’est pas difficile de retrouver l’empreinte.
Il escalada une racine. Ses longues tresses – plus d’une dizaine- retenus par une pince d’argent fouettaient son dos. Kita trébucha sur une racine, dissimulée par son œil borgne.
—Nous allons bientôt entrer dans les hautes herbes.
Même si elle ne pouvait le voir, le soleil palissait dans le ciel entre deux répliques du guide. L’inquiétude pour son frère le rongeait, son silence en témoignant. L’adjectif « haute » n’était qu’un euphémisme. Les tiges vertes dépassaient de loin la tête d’Arment.
—Méfiez-vous. Il y a des prédateurs partout.
Qu’ils soient animaux ou non, aurait voulu ajouter Kita mais la seule créature laide qu’elle rencontra fut un crapaud mécontent. Ses coassement furieux la suivaient encore dix pas plus loin. Il a peur, comprit la cavalière en suivant son guide. Il craint que les forces de son frère ne le quittent avant que nous ne puissions revenir avec l’aide espéré.
—Vous m’avez menti, l’accusa-t-elle soudain.
—C’est fort possible.
—Pourquoi prétendiez-vous être passé il y a longtemps. C’est ce que vous avez dit à notre Dame dans la salle des cartes.
—Elle souhaitait ce petit stratagème. Pourquoi, ne me le demandez pas. Je suis un mercenaire, pas un tacticien. Je voulais mon or et j’effectue beaucoup de courbettes pour princes et rois.
Elle le croyait mais ne comprenait pas sa libératrice. A quel jouait-elle ? Je dois vraiment être sotte pour n’y rien comprendre. Personne ne te demande de comprendre, s’amusa une voix dans sa tête. Contente-toi de les suivre et de sauver ta peau. A quoi servirait les hypothèses une fois morte ? Brusquement le vent s’engouffra dans les couloirs taillés par les animaux, les frappa de plein fouet. Elle eut l’impression que l’herbe ondulait sous le passage d’un fauve sur sa gauche. Quelques jaguars curieux s’approchaient de l’écurie de son père mais gardaient toujours une distance respectable (celle de la vie) de leurs prédateurs. Les dorakkars flairaient la différence entre proies sauvages et cadavres ou charognes distribuées par les palefreniers. Au sommet de la chaine alimentaire, malgré leur domestication, ils conservaient des instincts primaires.
—N’en n’avez-vous jamais assez de réaliser les petites besognes des régents.
Il réfléchit un instant.
—Même si nous sommes des voyageurs, nous avons toujours vécu dans l’ombre de l’opulence Nous ne épargnions jamais une fille et un repas chaud. Nous aimons voyager, conclut-il.
La jeune femme n’y prenait aucun goût mais entre l’inconfort et la mort, supporter les nuits fraiches et les rats rôtis lui apportaient un goût de paradis. Après tout, elle aimait la vie, sentir sa chaleur animer le sang, le cœur, les poumons, le cerveau. Le choix devenait une évidence.
Le visage de Xaelio parasita soudain son esprit ou son absence plutôt. Il n’était plus que chair meurtrie et os brisés. Elle se remémorait la facilité avec laquelle ce plan se dressait dans sa tête, avec quelle aisance la mort lui semblait le supplice idéal. Ses yeux ouverts alors que d’un seul coup de rein, elle le basculait et le gant de fer rencontra sa figure. Elle n’avait rien ressenti au moment même, ne ressentait toujours rien aujourd’hui. Elle l’avait tué sans âme ni conscience, seulement par envie et seule solution pour écarter un élément perturbateur de sa route. Non loin de là brillaient dans le ciel sombre, les lueurs d’un village et devant les flammes se dessinaient les toits des chaumières.
—Nous y sommes, la prévint Arment.
—Savez-vous où habite la sorcière ?
—Non.
Les hautes herbes moururent à une cinquantaine de pas du village. Au centre brûlaient un feu et plusieurs maisons, dont une ou deux sur pilotis s’enroulaient autour. Les ombres des arbres, menaçantes s’étiraient sur le sol. Des moustiques bourdonnaient leurs oreilles. Kita se gifla la joue, espéra voir une tâche noire sur ses doigts mais ne vit rien.
—Saleté de bêtes.
Arment n’y prêta pas attention. Seuls le temps et la vie de son frère comptaient. En s’approchant du but, le guide se mit à courir. Une question taraudait l’esprit de la jeune femme ; ils avaient parcouru de nombreuses lieues, rencontrés tout autant de gens et tué plusieurs monstres. Pourquoi se faire avoir par celui-ci ? Comment être aussi négligeant alors qu’ils savaient mieux que quiconque les risques encourus ? En constatant la distance creusée entre eux et la longue ombre vacillante de son compagnon, Kita courut.
Peu de personnes bravaient l’obscurité, seul un enfant et son père réchauffaient leurs mains. Ils les dévisagèrent tous deux, plus surpris qu’effrayés. Malgré les interdictions et les menaces des enfants de Nogaïla, nombreux consultaient les sorciers mais peu une fois la nuit tombée. Arment s’exprima dans une langue étrangères, le père lui répondit mais l’enfant dardait ses yeux sur elle.
—Nyshîm, nyshîm, la héla le petit.
—La sorcière habite dans une chaumière gardée par des cages vides, expliqua le guide en l’entrainant dans une ruelle étroite. Elle devrait être dans ce coin.
—Que veut dire Nyshîm ?
—Démon.
—Elle ne doit pas être appréciée si elle surnommée ainsi.
—Je ne crois pas que c’est d’elle qu’il parlait.
De qui, alors ? Elle n’eut pas le temps de l’interroger que grincèrent des cages dans le vent. Comme un signal, Arment bifurqua, s’orienta vers la source. Devant eux se dressèrent une chaumière aux doubles chandelles. Leurs flammes se tordaient, illuminant le chemin qui les conduisait. Trois cages d’oiseau oscillaient ; les gonds de leurs portes sifflaient des chants de souffrance.
Peu intimidé, Arment gravit les quelques marches et bondit sur le porche. Avec plus de retenue, Kita observa la maisonnette. Les hautes herbes et des arbres aux troncs sinueux la bordaient. L’homme frappa trois coups à la porte et s’exclama :
—Ouvrez-nous. Nous avons besoin de votre aide.
Kita s’assit sur un siège tressé de banchages. Inconfortable.
—S’il-vous-plaît, insista-t-il. Nous avons besoin de vos services. Je vous payerai. Un sac d’argent.
—L’avez-vous sur vous ? Lui répondit une voix étouffée mais féminine.
—Pas sur moi mais je respecte toujours mes promesses.
—Qui me le certifie ?
A bout de patience, il rétorqua :
—Je pourrai aussi me contenter de ne pas vous tuer.
La cavalière se campa près de la porte et d’un geste de l’index, indiqua à son compagnons de ravaler ses mots.
—Je suis l’héritière de l’écurie des trois Epées d’Or. Je me porte garent d’Arment.
Nulle réponse ne leur parvint mais le raclement d’objets que l’on glissait dans un sac. Dans l’encadrement de la porte apparut une femme aux longs cheveux bouclés.
—Vous !
—Je vous avais prévenu que nous nous reverrions.
Lalia les invitait à entrer mais Arment s’interposa.
—Nous avons besoin de votre aide. Tout de suite.
La sorcière les examina tout à tour, fixa son compagnon quelques instants de plus. Peu de gens arboraient autant de bijoux sur le visage en Horza.
—Mon frère est mourant. Une créature l’a mordue et la plaie s’est infectée. Elle s’est propagée dans le corps. Vous devez absolument nous aider sinon je crains qu’il ne passe pas les prochains jours.
—Où est-il ?
Sa voix autoritaire et ses yeux froids fixaient le jeune homme.
—Dans les marais, avoua-t-il.
—Alors, ne tardons pas.
Elle s’empara d’un sac, souffla sur les flammes des chandelles et les dépassa. Lalia s’engagea sur le chemin les menant au village. Sa robe giflait ses chevilles et ses cheveux s’enroulaient autour de sa taille.
—La connaissez-vous ?
—Je l’ai rencontré une fois à une foire. Elle disait connaitre ma mère.
—Pensez-vous qu’elle saura quoi faire ?
Elle n’en savait rien. Cette femme maîtrisait les objets de divination pour ce qu’elle en avait vu et les mystères de l’anatomie.
—Je ne sais pas, répondit-elle avec honnêteté.
Kita ignorait en quoi consistaient réellement les pouvoirs des enchanteurs, elle savait seulement qu’ils étaient mauvais.
—Elle semble attendre quelque chose de moi, murmura-t-elle à la nuit.
—Où va-t-elle ?
La sorcière disparut à l’opposé du champ des herbes hautes.
—Attendez, la héla Arment. Mon frère est dans l’autre direction.
—Je cherche un ami pour soigner votre frère.
Le guide libéra son bras emprisonné.
—Pardon ?
—Croyez-vous que je sais également guérir ? Je lis l’avenir, jeune homme. Je ne possède pas en plus les connaissances pour soigner votre frère.
—Je… bégayait-il.
—Si je vous aide, c’est grâce à elle. Souvenez-vous en bien.
Elle posa son regard sur la cavalière avant de pivoter sur ses talons.
—Que vous veut-elle ?
Elle l’ignora, se rapprocha de la sorcière. Les mots demeurèrent dans sa gorge.
—N’ayez pas peur, Kitaya. Vous en savez autant qu’il est nécessaire.
—Je ne sais rien, rectifia-t-elle.
—C’est précisément cela : pour le moment il n’y a rien à savoir mais vous deviez venir ici. C’est ce que m’ont montré les Dieux.
—Les Dieux.
—D’où croyez-vous que viennent nos visions, nos certitudes quant à l’avenir sinon d’Eux ? Seuls les Dieux décident quoi nous envoyer. C’est ici.
Elle frappa la porte. Les planches vibrèrent sous l’impact, appelant leur propriétaire à rencontrer des étrangers. Arment s’adossa aux murs. Enfin, les gonds cliquetèrent et un homme d’âge mur, les cheveux clairsemés tombant sur ses épaules les salua.
—J’ai besoin de ton aide. Son ami est blessé.
Une complicité évidente les liait.
—Il est mourant, précisa Kita. Une plaie s’est infectée.
—Comment l’a-t-il reçu, cette plaie ?
Arment se glissa derrière la jeune femme.
—Y en a-t-il beaucoup d’autres cachés dans l’ombre ? Grogna-t-il.
—C’est mon frère, se justifia le guide. Il a été mordu par un alligator dans les marais. Une bête qui leur ressemblait du moins.
—Vous l’avez laissé seul là-bas ?
—Plusieurs de nos compagnons sont avec lui.
—Depuis combien de temps a-t-il été mordu ?
—Quelques jours. Deux ou trois.
L’homme acquiesça.
—Votre frère est fort. Un homme faible aurait pu mourir seulement deux ou trois heures après sa contamination.
—Morghel, acceptes-tu de les aider ?
Il les regarda l’un après l’autre, jaugea son amie, le guerrier à l’impressionnante allure et la borgne.
—Je ne les connais pas mais j’ai confiance en toi, Lalia.
Puis il se tourna vers Kita et Arment :
—Je ne peux vous promettre de le guérir mais je ferai mon possible.
—Merci.
Le soulagement détendit sa mâchoire crispée. Elle pressa sa main sur le poignet du jeune homme dans un geste hésitant mais réconfortant.
—Il a une chance maintenant.
—Je prie les Dieux pour que vous ayez raison.
La cavalière pressa ses doigts et pas cet intime contact, espéra lui transmettre son soutien. Lalia remarqua son bâshki, la queue enroulée autour de son bras, la tête reposant sur son épaule, ses ailes enveloppant ses omoplates.
—Un fidèle compagnon, commenta la sorcière.
Kita ne voyait pas son animal, dissimulé derrière le pan d’obscurité qui remplaçait son œil mais sentait le moindre de ses frémissements. Morghel réapparut, un sac à la main, une lanterne dans l’autre.
—As-tu tes plantes ?
—Je ne me rends jamais dans les marais sans, sourit-il.
—Montrez-nous où gît votre frère.
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