Alors j'écris
Écrire :
Sous la toile bleue et étendue du ciel surgissent de blancs cotons dessinant dans leurs formes et traits apurés, dans leurs tissus effilés et abstraits, les volutes sensuelles d'une inspiration fugitive. Éclat d'âme éphémère et discret, qu'on le caresse sur une feuille ou qu'on le chantonne au creux d'une oreille. Il se fait beau et audible. Il se fait beau à écrire...
Il se fait poésie.
Poésie :
Un nuage pour muse sous les hospices du ciel,
Et un dieu qui s'amuse dans un sourire éternel.
Écrire :
Alors j'écris. Les paroles sourdes du vent guident mes pensées muettes. Mon esprit vole léger au gré de mon désir. J'ouvre le trésor caché d'un destin onirique. Mon bras voltigeant empoigne un livre abandonné. Une page vierge recouvre mes vers échappés. Je couche les mots et la plume est dirigée par l'insondable poésie.
Poésie :
Que proposer à ces mots, cheminements d'un désir ?
Peuvent-ils rimer, jouer, s'entrelacer par plaisir ?
Écrire :
Alors j'écris. Car je vis. Car je suis. Car mon être décharné réclame sa liberté. Car l'imperceptible sensibilité d'un corps humainement indécis rencontre l'ineffable mais fabuleuse expression de mon âme.
Elle est l'éclosion éminente du poète qui sommeille en nous et la vérité de chacun dans les mots de tous.
Elle est la poésie.
Poésie :
Que proposer à ces mots et qu'ont-ils à nous offrir ?
Voudraient-ils s'émanciper, pour nous regarder mourir ?
Écrire :
Alors j'écris et mes mots me survivront. Quand bien même nous resterions mortels, la poésie ne périra jamais. Sur nos stèles funéraires demeureront les effluves de nos âmes momentanément délivrées dans l'ivresse de nos mots, constituant le souvenir téméraire de notre amour.
Sans la contrainte de la chair ni la vulnérabilité de la matière, notre esprit subsistera grâce à nos écrits.
Notre pensée comme éternelle poésie.
Alors j'écris...
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