Un samedi matin
Les rues sont vides
Pas un chat
Au dehors
Je suis seul.

Le silence retentit
Il absorbe l'air
Me bouscule
Je bascule
Tombant à la renverse.

Mes membres endormis
S'effondrent
Mon corps endolori
S'essouffle
Je tremble.

L'asphalte est froid
Il glace ma peau
L'irrite
Je me relève, sonné
Chancelant.

Tout est vide
Tout est terne
Tout est distant,
Volets et rideaux tirés,
J'avance péniblement.

Un samedi matin
Où l'heure ne tourne plus
Le temps s'est figé
La Terre m'a oublié
Mes pas résonnent.

J'en perds la raison
À marcher,
Seul dans ce monde :
Seule âme qui vive ;
Seule âme qui meurt.

J'écoute mes pensées.
Je discute avec moi-même
J'espère rencontrer
Un être vivant,
J'ai besoin de parler.

J'ai besoin de combler le vide.
J'ai besoin d'avoir besoin,
Pour me sentir vivant,
Ni dans un songe
Ni dans ma tête.

J'accélère le pas
Titubant sur des pavés
Je me demande pourquoi
La vie s'en est allée
Un samedi matin.

Et je pense...
Car je ne sais faire que ça
Penser pour survivre
Penser pour panser
Les plaies de la solitude.

Un sifflement s'installe
De l'intérieur
Sournois, insistant
Et insidieux,
Éclats de rires au loin.

Je frappe mon crâne
Pour atténuer la douleur
Persistante
Mais j’ai mal.
Je succombe à la folie.

Une ondée soudaine
L'orée du jour
À l'horizon...
Un samedi matin,
Je respire.

Je me relève
Une fois encore
Je ne suis plus le même
Mais j'existe...
La vie reprend son cours.

Que s'est-il passé
Au juste ?
Qui était cet homme
Qui voulait être moi,
Oublié par le monde ?

Un samedi matin
Poisseux,
Étrange,
Quelque part
Entre la vie et la mort.