Chapitre six – Le Prisme maudit d’Umm-al-Sháal
Le rayon aux couleurs de l’arc-en-ciel se transforma soudain en vortex et happa à la vitesse de la lumière Noémie. Elle perdit connaissance quelques minutes puis des coups de marteau lui tambourinèrent le crâne. Une poussière grise flottait dans l’air, et elle distinguait à peine des silhouettes accroupies dans une carrière de pierres. Tout à coup, elle reconnut le dictateur qui s’avançait vers elle, en haillon et couvert de vermine. Il tenait entre les mains, le Prisme, qu’il venait juste d’extraire du sol. Il observa la jeune fille en ricanant, puis lui présenta son trophée irisé.
— Tu es arrivée trop tard, femme. Je l’ai déniché en premier.
— Mais, je pensais être invisible ?
— Tu oublies que je suis en possession de l’artéfact qui a annulé ton sortilège.
— Où, suis-je ?
— Bienvenue dans le site d’Umm-al-Sháal. J’y suis esclave depuis trente ans. Le Prisme vient de m’extirper de ma vie miséreuse, je vais pouvoir enfin découvrir le monde et voler ses ressources. Toi, tu vas creuser dans les galeries jusqu’à la fin de tes jours.
Une panique s’empara de Noémie qui se jeta bec et ongles sur le dictateur.
— Comment, ai-je pu remonter le temps cinq mille ans en arrière ? Non, c’est impossible, je ne veux pas mourir ici, donnez-le-moi !
Elle lui envoya une droite dans la mâchoire qui le fit trébucher, il lâcha alors l’objet sacré qui roula au sol.
Dès qu’elle le toucha, Noémie fut projetée dans un autre vortex.
Quand elle rouvrit les paupières, sa grand-mère était agenouillée face à elle.
— Mamie, tu es vivante, c’est un miracle !
— Ma chérie ne vient plus me rendre visite dans le quartier Monochrome, tu dois rejoindre la caste des Coloris.
— Tu ne comprends pas, le Prisme m’a renvoyé dans le temps pour te sauver la vie, j’ai réussi !
— La belle affaire, tu oublies l’injustice dans le monde. La secte des Coloris et sa descendance ont accaparé quatre-vingt-dix-neuf pour cent des richesses de la planète. J’ai préféré rallier celle des Monochromes qui survit dans l’indigence. Au moins, j’ai un objectif louable dans l’existence. Quel est le tien, Noémie ?
— Tout ça est nouveau pour moi, grand-mère. Le Prisme a modifié l’univers auquel j’appartenais.
— Bien sûr, tu es devenue son esclave. Tu es maintenant dénuée de toute empathie, et tu vis dans l’opulence sans te soucier de rien ni de personne.
— Que me conseilles-tu de faire, mamie ?
Noémie fut interpellée, tout à coup par des cris rauques qui semblaient venir de l’enfer. Des dizaines de rats se disputaient les restes d’un sandwich. Elle gisait dans les immondices devant la grille en métal, mais la lumière s’était éteinte. Elle se frotta les yeux, se demandant si elle n’avait pas rêvé.
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