Seul...
Je me réveille avec un fort mal de crâne. Je soulève mes paupières, il fait noir. Chouette, rien de mieux que de s'allonger dans le noir pour faire passer une migraine. Je tente de me rendormir mais rien a faire, en vain. Je suis bien consciente maintenant et l'odeur qui m'entoure n'est pas celle de chez moi... Comme je ne vois toujours rien, je panique un instant avant de me demander si je suis aveugle.
Je me redresse brusquement et pose mes mains de chaque côté de mon corps pour conserver un équilibre. Ma main droite écrase quelque chose, c'est rectangulaire, pas très solide comme du carton. Je prend l'objet et des trucs bougent à l'intérieur. Une surface est rugueuse, je tâte et pousse, un compartiment s'ouvre. Une boîte d'allumettes. J'en saisit une prenant soin de ne pas en reverser. Je la gratte. La flamme éclaire peu. Il y a d'autres objets ; un caméscope éteind (j'aurais vu la lumière rouge) et un couteau. Du genre très aiguisé et cranté sur une courte partie, près du manche. En veillant à ne pas éteidre la flamme d'un mouvement brusque, je regarde autour de moi. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici. Je commence à avoir faim. Pourquoi suis-je là ? Malgré mon mal de crâne persistant, je me lève et tatonne les murs à la recherche d'une porte ou d'une fenêtre. Je ne compte pas trop sur la dernière option car, même avec des volets, ce n'est jamais le noir complet, inverse de ma situation. Tap. Tap. Tap. Tap. Tong. Il n'y a pas que le bruit de différent, mes doigts glissent sur la surface avant rugueuse. Je fais le contour de mes mains, une porte. J'étais sûr qu'il y en avait une, sinon comment je me serait retrouvé ici ? Pas de poignée, une serrure oui mais pas de quoi ouvrir de l'intérieur...
Je prend soudainement conscience de la réalité et je commence à angoisser. Seul, enfermé, sans moyen d'alerter quelqu'un et sans eau ni nourriture. Allumettes, couteau, caméra et moi, c'est tou ce que j'ai. Il faut que je fasse un bilan. Rester calme, logique, concentré et réaliste. Ne pas se laisser submerger par les émotions et autres facteurs. Garder un esprit critique et ouvert. Je ferme les yeux et m'assoie un moment. Aucune idée du temps. J'aurais préféré avoir du papier et un crayon plutôt qu'un caméscope mais tant pis. Je gratte une seconde allumette et active la caméra après plusieurs essais. Je me place devant l'objectif.
<< Damien Belforts, 26 ans. Mes atouts : les sciences, les maths ; mon esprit critique et analyseur. J'aime la logique. Je ne sais pas quel jour ni quelle heure il est ; j'aurais pu trouver ces indications sur la caméra mais c'est écrit 00:00:00 et 00:00. Pas de repère spatio-temporel. Pour l'endroit, je suis enfermé dans une pièce avec des murs en béton et une porte en métal qui ne s'ouvre que de l'extérieur -si elle s'ouvre- et je suis seul. J'ai trois objets en ma possession que je n'avais pas avant ; des allumettes, un couteau et cette cam. Pas de lit, pas de chaînes, pas de fenêtres. Sur moi je n'ai ni papiers, ni téléphone et pas de quoi me nourrir. J'ai une migraine depuis mon réveil.>>
Je ne sais plus quoi ajouter, voilà tout ce que je sais. Je fais une pause, tentant de me rememorer le passé proche ; hier par exemple. Je ne suis pas sortit en boite ni dans un bar, j'en ai la certitude. En fait aucune piste solide en mémoire... Peu d'amis, mais des vrais. Pas d'amante, pas de petite amie qui aurait pu m'enfermer (je cherche quelqu'un de bien et je ne l'ai pas trouvée). La famille ; à part ma mère en fauteil roulant à cause de sa jambe cassée, j'ai coupé les ponts avec tout le monde. Des ennemis ? Je ne m'en connait aucun... Je n'ai pas été premier de la classe, j'ai un petit job pourri, je ne suis personne. En tout cas, pas quelqu'un qui cherche et attire les emmerdes. Qui ? Pourquoi ? Comment ?
Je suis posté à côté de la porte et j'espère entendre un bruit, qui pourrait m'indiquer la présence d'une autre personne. En vain, rien. Le silence, percé par ma respiration sifflante. C'est étrange, l'endroit est propre. Je ne suis pas chez moi, je n'ai pas de cave.
Je tourne en rond, je crie, je veux sortir je n'en peux plus. Rien ne passe sous la porte. Le couteau. En finir avec se cauchemar, partir. Résistance, non non ne pas abandonner. Je brise la caméra dans un excès de rage. Personne à soupçonner. Personne pour me trouver. Merde ! Je chiale, je crie. Je gratte quelques allumettes pour me persuader que je suis encore là. Je me brûle un doigt pour m'assurer que c'est vrai. La logique ne peux plus rien pour moi, je ne sais plus rien. Mes certitudes s'envolent avec mes espoirs et la probablité que quelqu'un vienne. Je m'endors épuisé et à bout de forces.
J'ouvre les yeux pour la seconde fois. Lumière. C'est tout doux sous mes mains et moelleux sous mon dos. Je me relève ; un lit. Je suis chez moi. Les odeurs sont réelles. Les choses sont à leurs places. Je fais le tour de la pièce, le tour de la maison. Ouiiii, c'était un rêve ! J'ai tout imaginé, je suis vivant et chez moi ! Je me fait un petit déjeuner en chantant. Je soupire, jamais la monotonie de ma vie m'avait parue aussi réjouissante !
Je souffle et regardes mes mains. Mon euphorie se stoppe net ; une trâce de brulure sur mon annulaire gauche.
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