Chapitre 1 : Rentrée à Oak Ridge

8 minutes de lecture

« Il y a des rencontres qui te feront

fleurir le cœur à jamais ».

Jessica Simard.



The Neighbourdhood - Cry Baby

SEPTEMBRE

Californie, États-Unis.

7h30.



Kyle


– Ce n'est pas possible !, grognais-je en regardant l'heure sur mon téléphone.

Je suis en retard comme à ma fâcheuse habitude depuis mes deux premières années au lycée d'Oak Ridge sauf que là, c'est la rentrée et ma dernière année. Je n'ai pas le droit à l'erreur si je veux pouvoir continuer à jouer dans mon groupe de musique les - Red Astaire -, qu'on a créé avec mes potes quand on avait à peine quinze ans.

En rentrant chez moi hier soir, j'avais complètement la flemme de programmer mon réveil, incapable de faire le moindre effort avec la cuite que je mettais mise à cause de ses jeux d'alcools complètement débile.

Quelle idée de faire la fête jusqu'au bout de la nuit, Kyle.

Je m'empresse de sortir de mon lit pour enfiler mon baggy délavé et mon t-shirt blanc simple qui fait ressortir mes tatouages. Je secoue mes cheveux pour être un minimum coiffé même si ce n'est pas gagné, sans oublier de mettre mes bagues, ma petit marque de fabrique.

Kyle sans ses bagues, ce n'est pas Kyle.

Je récupère mon sac accompagné de mon étui à guitare pour la répétition de cet après-midi.

En descendant, j'aperçois ma mère et les jumeaux Diego et Manuela mangeaient leurs petits-déjeuners. Mon père, quant à lui, il est déjà parti au travail ou peut-être qu'il n'est pas rentré hier soir.

Tant mieux.

Je vois rarement mon père et quand il est présent, on ne fait que de se disputer. Alors plus je reste loin de lui, mieux c'est pour éviter à ma mère et aux jumeaux de souffrir de nos chamailleries répétitives qui peuvent parfois être violentes et en arrivée aux mains.

– Holà mamá, dis-je en rentrant dans la cuisine.

– Holà hijo, tu as bien dormi ? Tu ne fais plus de cauchemar ?, me demande-t-elle.

– Oui, ça va mieux, je ne fais plus de cauchemar, déclarais-je en prenant une bouchée de pancake. Et vous deux, prêt pour la rentrée ?

– Oui ! J'avais tellement hâte !, répond Manuela.

Diego, l'un des jumeaux désigne « oui » de la tête étant son seul moyen de communication, avec le langage des signes. On a toujours pensé qu'il avait un problème d'apprentissage quand il avait cinq ans, mais quand on est parti voir des spécialistes, on a appris qu'il était muet et ce n'est pas facile pour lui tous les jours surtout au collège.

Les jeunes ont tendance à se moquer facilement quand tu es différent d'eux, quand tu ne rentres pas dans les cases de la société. Il faut être un mouton pour survivre dans ce monde, tu ne peux pas être toi-même sans te faire juger. Et puis, franchement, on emmerde les gens qui nous jugent, je préfère être " bizarre ", qu'un mouton. On n'a pas besoin de changer pour être aimé. Les personnes qu'on rencontre doivent nous aimer pour ce qu'on est réellement.

– Putain ! Il faut que je parte, m'écrié en voyant l'heure sur ma montre.

– Pas d'insultes devant les jumeaux !, hurle ma mère.

– Lo siento mamá !, m'excusais-je en l'embrassant sur la joue.

Arrivé au lycée, je dépose mes affaires dans mon casier en prenant simplement les cahiers dont j'ai besoin pour la matinée.

Les couloirs du lycée sont bondés de plusieurs groupes d'élèves. D'un côté, nous avons l'équipe de Football Américaine toujours accompagnés des pom-poms girl. Ce sont les populaires du lycée : le capitaine de l'équipe James Scott, son acolyte Andrea Romano, Camille Williams, la copine de James et le meilleur pour la fin, mon ex Lindsey Callum.

Dans les autres groupes, nous avons les intellectuels, les as de l'informatique, les booktokeuses qui n'arrêtent pas de parler de personnages fictifs et pour finir la pépite de la pépite, les fans inconditionnels de boy's love qui ont écrit une romance concernant mon meilleur ami et moi sur Wattpad.

Horrible.

En parlant de lui, depuis que je suis arrivé, je n'ai toujours pas aperçu Lenny, Ivan et Luke, ce qui me semble étrange surtout concernant Luke. Habituellement, c'est le premier à me chercher de partout pour ensuite me sauter dans les bras et ça depuis la primaire.

Quand j'ai quitté la Colombie pour venir en Californie, il était venu avec sa famille pour nous souhaiter la bienvenue dans le quartier avec des gâteaux. Maintenant, nous sommes inséparables comme deux aimants incapables de se séparer. Nous sommes attirés l'un envers l'autre, même quand on se dispute ça ne dure pas longtemps, car on a besoin l'un de l'autre. C'est mon âme-sœur amicale.

– Kyle, m'interpelle une voix féminine en me tapant l'épaule.

Je me retourne pour lui faire face et à mon plus grand désespoir la personne qui se tient devant moi est Lindsey. Qu'est-ce qu'elle me veut, encore ? C'est bien la dernière personne que je veux voir avec mon père qui est juste devant elle dans le classement des personnes que je ne veux pas voir.

– Tu vas bien depuis cet été ?, me demande-t-elle.

– Oui, réponds-je froidement en fermant mon casier. Et toi ?

– Je vais bien, merci. Il faudrait qu'on parle, réplique-t-elle en attachant ses cheveux châtains.

Je suppose que je n'ai pas vraiment le choix de discuter avec elle. Lindsey a toujours été comme ça pendant nos deux ans de relations, à m'imposer ce qu'elle désirait faire, peu importe si je me sentais bien ou non. Malgré sa beauté avec ses cheveux longs, ses yeux noisette en forme d'amandes et sa bouche pulpeuse qui a une teinte de rose, elle n'est pas saine pour se mettre dans une relation. Et puis, je ne pouvais pas supporter sa jalousie envers mon amitié avec Luke.

« Tu dois faire un choix, Kyle ! C'est Luke ou moi, pas les deux ».

Son ultimatum était la goutte de trop qui a fait déborder le vase alors je n'avais pas d'autres choix que de la quitter. Pour rien au monde, je ne mettrais fin à ma relation avec Luke et sûrement pas pour une relation amoureuse.

– Je t'écoute, qu'est-ce que tu as à me dire ?, demandais-je en croisant les bras.

– Je voudrais qu'on se re-.

Un hurlement l'empêche de finir sa phrase.

– Kyle ! Kyle !

Une touffe blonde me saute dessus, mettant ses bras autour de mon cou. C'est Luke. Mon sauveur !

– Je te cherchais de partout, bafouille-t-il, sa tête fourrée dans mon cou.

– Tu n'avais pas besoin de crier mon prénom dans les couloirs, m'énervé-je. Tu sais très bien que je déteste me faire remarquer.

Lindsey me jette un regard noir agacée que Luke est coupé sa phrase qui doit être importante pour elle.

Ce n'est pas la première fois que Luke fait ce genre de chose devant elle et ça ne sera pas la dernière fois, j'en suis persuadé. Chaque fois qu'elle ou une autre fille m'approche, il fait en sorte d'apparaître et de hurler mon prénom comme un gamin qui cherche sa mère dans un magasin.

J'aime Luke de tout mon cœur, mais il m'agace quand il le fait devant une fille qui me plaît, mais je ne dis rien. Je fais une exception pour lui, et nos dix ans d'amitié.

Comment voulez-vous que je l'engueule avec son visage d'ange ?

Entre ses cheveux court blonds, son nez fin digne d'un dieu grec et ses yeux bleus qui me rappellent l'océan de ma ville natale en Colombie, je ne peux pas résister face à cet ange tombé du ciel. Qui malgré tout à un caractère bien à lui - borné, imprudent, et franc -, surtout quand il ne t'aime pas, il n'hésite pas à te le faire savoir et c'est ce qu'il me plaît chez lui. Ce n'est pas pour rien qu'on est ami.

Luke est studieux et bon dans tout, surtout quand ça concerne notre groupe de musique. Il est le batteur, celui qui lance le top départ de la musique, le premier à jouer.

Il finit par me lâcher pour se placer à côté de moi en croisant les bras tout en dévisageant Lindsey de haut en bas. Au mois, on est sûr qu'il ne l'aime pas.

– Tu avais quelque chose à lui dire ?, lui demande-t-il.

– Oui ! Et c'est une bonne chose que tu sois là, Luke, insiste-t-elle sur son prénom.

Je crois bien que la troisième guerre mondiale va éclater plus vite que prévu et sous mes yeux.

– Je voudrais qu'on se remette ensemble, Kyle. J'ai été égoïste avec toi, je suis vraiment désolé, déclare-t-elle. Je t'aime et je veux une relation saine avec toi désormais.

Je me mets à ricaner nerveusement, serrant les poings pour contrôler la colère qui me submerge. La chose que je déteste, c'est qu'on se foute de moi en me regardant droit dans les yeux et c'est exactement ce qu'elle fait. Je ne suis pas le genre de personne qui laisse de chance une fois trahie et pourtant, je l'ai fait avec elle, mais c'est trop, je suis épuisé de me battre pour une relation inutile. Elle ne changera jamais et je le sais très bien, je la connais plus qu'elle ne se connaît.

Une main attrape mon poing serré contre ma jambe que je desserre petit à petit face au contact de Luke, qui a un don phénoménal pour me détendre.

– C'est terminé entre nous et définitivement. Il n'y aura pas de troisième chance, tu aurais dû réfléchir quand je t'en avais donné une deuxième. Maintenant, c'est trop tard pour réparer les pots cassés.

Je chope le poignet de Luke pour sortir dehors pour prendre une bouffée d'air, la laissant seule en plein milieu du couloir sous les regards de tous les étudiants.

J'ai besoin d'une clope ou d'un peu d'herbe.

Une clope entre les lèvres, j'inhale la fumée. La nicotine me détend les muscles en une fraction de seconde même si j'aurai été plus tenté par de l'herbe, mais ça attendra ce soir. Je ne peux pas me permettre d'arriver défoncée en cours et de pénaliser le groupe à cause de mes addictions. Une addiction qui met impossible d'arrêter. J'ai déjà essayé de me sevrer, mais ce n'était pas beau à voir, je ressemblais à un zombie tout droit sortie de The Walking Dead. Les insomnies se faisaient à répétition à cause des cauchemars, ce qui m'empêchait de suivre les cours et les répétitions de musique, sans parler de mes sautes d'humeur incontrôlables qui allait me coûter mon amitié avec Luke si je ne reprenais pas l'herbe.

– Tu devrais arrêter cette merde ! Ça sent trop mauvais. C'est horrible pour mes narines, putain !

– Surveille ton langage ! Et tu as cas rentré dans le lycée.

– J'ai passé des heures à te chercher donc non, je reste.

– Rentre dans le lycée.

– Non, je reste !, insiste-t-il.

Il n'a pas changé depuis cet été bien qu'il soit parti deux mois au Canada voir sa famille. Il est toujours aussi borné.

Il m'avait manqué.

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