PROLOGUE
22 mars (deux ans auparavant)
C’était une journée ordinaire, en ce début de printemps. L’heure du déjeuner approchait et le soleil était presque à son zénith. Sur le trajet qui me ramenait à mon appartement, je m’agaçais entre les embouteillages habituels du périphérique de Bordeaux et les sonneries incessantes de mon téléphone.
Arrivée à destination et les bras chargés de deux énormes sacs de courses, je peinais à enfoncer la petite clé dans la serrure de ma boîte aux lettres. La mélodie de mon portable me déconcentra. Je réussis à apercevoir : Isabelle Bureau. Le quatrième appel depuis ce matin, Isabelle insistait. Certainement culpabilisait-elle et avait besoin de justifier sa décision de garder le silence. Qu’elle aille se faire voir ! Rien de ce qu’elle peut dire n’excusait son comportement. Avec ou sans elle, notre but serait atteint. A nous deux, nous étions suffisamment fortes. J’en avais la certitude.
Je me trompais terriblement.
A l’exception des publicités qui inondaient ma boite aux lettres, je ne découvris qu’une enveloppe blanche et fermée. Seul mon prénom était indiqué sur l’avant du courrier : Noëlie.
Etrange.
Je me suis dandinée tant bien que mal jusqu’à mon appartement avant de soulager mes bras de leurs paquets. Puis, je me suis affalée sur le canapé, le courrier entre les mains. Sans prendre de soins particuliers, j’ai déchiré le papier pour en découvrir son contenu.
J’aurais voulu ne jamais en prendre connaissance.
D’instinct, je me suis emparée de mon téléphone. J’ai composé son numéro. Répondeur. J’ai raccroché. J’ai recomposé son numéro. Répondeur. J’ai raccroché.
J’ai répété ces gestes des dizaines de fois. Je ne me souviens plus du moment exact où j’y ai renoncé. Le choc fut tel, que je suis restée figée, le regard hagard, durant des heures assise sur mon canapé avant de me tirer de ma torpeur.
Dorénavant, il n’y avait que moi face à ce calvaire.
J’aurais voulu ne pas lire cette lettre. En fait, j’aurais souhaité effacer l’intégralité de ce contre quoi, j’étais, malgré moi, contrainte de me battre.
J’aurais préféré que cette histoire n’existe pas.
Presque deux ans déjà, et je suis encore écorchée vive. J’avais fait du chemin durant de longs mois, mais je me suis de nouveau effondrée lorsque j’ai reçu la date d’échéance : le 6 avril prochain.
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