Cendres ?
C'est en ouvrant les yeux que je remarquais que le couloir de l'université s'était transformé en une salle toute blanche. J'étais allongée dans un lit et je regardais, surprise, les bandages qui comprimaient mes mains. Totalement insensibles, je n'arrivais pas à faire le moindre gestes avec elles. Je me redressais et observais les alentours.
Grâce à mes nombreux séjours à l'hôpital, je reconnut immédiatement la salle de quarantaine. Pas de fenêtre, une porte vitrée qui menait à un sas et à une autre porte, ainsi que de nombreuses machines.
Les sensations me revenant petits à petits, je sentis les entraves autour de mon corps avant de les voir. Une à chaque chevilles, une autour de mon bassin et deux autres à mes poignets, assez longues qui me permettaient tout de même de m'asseoir.
- Qu'est-ce que c'est que ce délire ?
Je regardais nerveusement les moindres recoins de la chambre, cherchant ne serait-ce qu'un indice. Un dossier attira mon regard sur la table avoisinante mais pas moyen d'y parvenir. Et qu'est-ce que je faisais ici d'abord ?
Le grincement de la porte dans le sas attira mon attention et j'observa anxieusement un trio de médecin y pénétrer accompagnés de deux policiers. Ils arrivèrent dans la chambre sans un bruit, cinq paires d'yeux me regardant fixement. Un des policiers resta près de la porte tandis que l'autre se déplaçait dans la chambre en veillant à me garder bien en vue, ce qui ne risquait pas d'être compliqué avec moi attachée au lit. Deux des médecins vérifièrent des machines que je remarquais seulement maintenant et qui étaient reliées à moi par différents cables, et le troisième s'empara du dossier qui me faisait de l'oeil depuis mon réveil.
- Elie Mallet, 19 ans, étudiante. Née le 04 Août 2000 de Paul Mallet, électricien et Lucie Mallet, infirmière. Petits frères Antoine Mallet, 14 ans et Lucas Mallet, 11 ans.
Il se plaça à mes côtés et tourna une page. Je remarquais ses yeux bleus fabuleusement clair et aucun sons ne sortis de ma bouche, alors que mon esprit regorgeait de questions.
- Mise en isolement suite à l'incident provoqué à l'université. Cause inconnue.
Ma langue se délia soudainement quand son regard perçant se détacha du mien. Surprise, je chercha néanmoins le regard d'un autre médecin.
- Est-ce qu'on peut m'expliquer ce qui se passe ? J'étais à l'université et je me retrouve à l'hôpital sans savoir comment et pourquoi ! Je voudrais savoir et comprendre ! Est-ce que...
- Elie. On vous a retrouvé au milieu de votre université en flammes.
- Pardon ?
Je regardais les cinq adultes dans la pièce en pensant à une blague. L'université. En flammes ? Sérieusement ?
Les nouvelles aux journaux télévisés n'étaient pas très bonnes en ce moment, mais de là à ce que ma propre université parte en fumée c'était exagéré non ? Quand on pense que rien de grave ne nous arrivera jamais...
- Qu'avez-vous fait ?
- Moi ?
Je n'y comprenais plus rien. De quoi j'étais accusée ? Ma respiration s'accéléra et je sentis mes mains devenir moites.
- Expliquez-moi !
Les médecins s'éloignèrent du lit rapidement quand ils remarquèrent l'état dans lequel j'étais. Moi-même je ne comprenais pas. Pourquoi mon corps réagissait ainsi ? La fraîcheur de mes doigts dû à l'immobilité se dissipa rapidement pour laisser la place à une chaleur plus que réconfortante, voir brûlante. Les bandes se mirent à rougeoyer avant de littéralement s'embraser. La panique s'empara de mon corps qui se contorsionna dans tous les sens pour parvenir à me détacher. Mes mains prenaient feu !
Terrifiée je regarda les flammes gagner en intensité. Ce n'est que quand elles atteignirent les liens qui me rattachais au lit que je remarquais quelque chose. Elles ne m'étaient pas douloureuse... La peur céda sa place à la surprise et, comme en adéquation avec ce que je ressentais, les flammes se firent moins menaçantes. Elles continuèrent de bruler les entraves, me libérant, et s'attaquèrent au lit qui ne tarda pas à se consumer. Je m'agenouillai au sol, la tête dans les mains.
Des flammes sortaient de mes paumes et ne me faisaient pas mal, mais réduisaient en cendre tout ce qu'elle touchaient.
- Cendres ?
Délaissant les flammes mystérieuses, mon esprit se fit accaparer par les restes du lit. Les cendres ressemblaient beaucoup à la poussière qui était dans ma main quand son stylo avait disparut. La stupeur me fit bloquer et toute activité cessa. Les flammes se résorbèrent sur elle même, et je me retrouvais assise au sol, contre le mur, les deux policiers me visant de leurs armes.
- Il serait plus sûr de l'emmener à l'institut.
- Quel institut ?
Je ne reçu d'autre réponse que la décharge électrique qui me parcourut le corps grâce au pistolet à impulsion électrique que tenait l'un des policiers. La dernière chose que je vit avant de m'effondrer, fut le médecin au yeux bleus qui s'approchait de moi avec une camisole.
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