La fin d'un millénaire
5000m d'altitude - Le précipice, l'abîme d'un lieu perdu entre l'espace et le temps. Où étais-je ... Les yeux fermés sur un monde qui me dépassait, je m'élançais. Le corps basculant vers l'avant, je laissais alors le temps décider s'il était l'heure de s'endormir, à tout jamais.
Après des millénaires de loyaux services, pouvais-je espérer trouver le repos, la paix. Plus de quarante-cinq mille années, ne respirer que pour un empire voué à sévanouir. L'ambre de mes yeux avaient tant vue, le sable de leurs écailles se transformer en charbon, alors a quoi bon ? Continuer, se battre et échouer. Voir la mort tout emporter et espérer, toujours espérer pouvoir oublier.
Oublier les sentiments qui accablaient nos poitrines meurtries par les mœurs d'une patrie apathique. Briser sa coquille, et n'apercevoir qu'un tas de chair à canon, vouée à mourir pour une cause perdue depuis longtemps. Depuis combien de temps avais-je cessé de croire en eux. Le temps me dépassait, autant que les écailles noires faisant cadavérer l'or des miennes. Le précepte de ressentir ou de s'évanouir... À qui pouvait t-on réellement interdit de ressentir ? Ô combien même le grand Nozdormu avait échoué à cette tâche, respecter le temps, ne pas succomber à ses sentiments et veiller sur la tâche qui nous avait été donnée.
Que pouvait-on dire aujourd'hui de la grande Jindormi, Gardienne et protectrice du temps ? Dragonne parmi les plus usées et fatiguée ... Que celle-ci allait enfin trépasser ? Et comme beaucoup après elle, serait oublier, bien qu'ayant voué sa vie à ce qu'on pouvait appelez son foyer. Si vous saviez à qu'elle point la vie avait été cuisante.
Connaitre l'amour, connaître la perte. Donner vie, la voir s'éteindre. Avoir une famille, être seule, mais ne jamais pouvoir s'exprimer, pleurer. Voir son cœur se défragmenter, ne rien laisser paraître et continuer d'exister. Au jour d'aujourd'hui, avait-il continué de me chercher ... Moi qui avais disparu, déserter le vol sans laisser un grain de sable derrière-moi. J'avais remonté le temps, parcourus mon passé ... Cela m'avait parus duré une éternité.
Le sourire avait caressé mes babines, les larmes fendues mes joues. Mon cœur s'était enflammé, puis s'était frigorifié. J'avais revu mon amour d'antan, le seul que j'eus vraiment aimé, puis mes premières couvées. Sathaeldormu et son frère ... Je n'avais jamais été une très bonne pondeuse, mais j'ose espérer avoir été une bonne mère, une bonne compagne. Enfant après enfant, la mort les avait emportés, comme elle avait également emporté l'aile sous laquelle je me blottissais à chaque nuit tombée, mon aimé ... Ce jour-là m'avait brisé.
Une larme commençait à perler alors que ma mémoire se remémorait ma dernière dulcinée, mon chevalier. Celle qui m'avait tant fait espérer retrouver un amour désemparé, une bien triste réalité, cela m'avait brisé. Appréhender, redouter, aimer et jalouser... Pourquoi cela avait été tant compliqué ? Et si elle n'avait jamais été marier, si l'on ne m'avait jamais interdit d'éprouver, serais-je capable de m'arrêter dans ma lancer.
Aujoud'hui, je pouvais l'avouée, j'étais sur le point de me suicider. J'étais fatigué et usée, j'avais tant vécu, tant souffert ... et bien qu'il me subsistait encore des personnes pour m'aimer, mon cœur s'était renfermé, une dernière fois pour ne pas succomber. Succomber au néant, a l'appel de Murozond qui n'échouait "jamais". Est-ce qu'Elvyressa avait vu sa pierre de voeux s'obscurcir ? l'a verrait t'elle se consumer jusqu'à trépasser et perdre avec elle tout ce que je lui avais donné. La fin d'un millénaire, la fin des sentiments et des obligations, le repos, celui que j'avais tant mérité. Allait-je renaître dans l'au-délà ? retrouverais-je ceux que j'avais perdu ici bas ? Mourrir ne m'avais jamais fais peur, au contraite, je l'avais attendu les bras ouvert mais, elle n'étais jamais venue d'elle même. La vie avait été étrange, si étrange ...
La chute était si longue, je m'impatientais. Des pouvoirs que me conférait mon vol, je vis le temps alourdir mon corps tout entier, accélérant le processus que je m'étais fixée. La vitesse était accablante, mes tympans me faisant aussi souffrir que ma hanche écaillée, devenue nécrosée. Je ne pouvais dire combien de kilomètre à l'heure, j'avais atteint à cet instant, ne percevant de toute manière aucun détail dans ce paradoxe sombre, perdu dans les méandres du temps. Une vison m'apparut, celle de ma mort, moi qui pensais un jour mourir des crocs endiablée du vol infini, j'avais décidé comment trépasser.
Dans quelques instants, l'espace-temps autour de moi disparaîtrait, je retournerais à mon époque, en mon temps, sur Azeroth. Perdu quelques parts au milieu du désert des Tanaris, le corps annihilé, méconnaissable. Du reste de mes chaires, se dispersera le sang de mes entrailles, ainsi que du sable. À travers celui-ci, ma vie défilerai, du début jusqu'à la fin. Je dévoilerai mes secrets, les plus infimes à celui qui arriverait en premier sous la détonation de l'impact. L'impact.
...
Arbitre : Bienvenue dans la cité d'éternité, Jindormi
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