Classique
Là devant moi, une main. Rose, aux doigts fins. Une main qui parle.
« Saisis moi, qu'attends-tu ? »
A qui appartient-elle donc ? Est-ce votre, mon cher père ? Non le trépas vous a déjà pris dans ses bras. Peut-être est-ce vous amour. Peut-être est-ce vous chères sœurs. Certainement que ce n'est pas vous Mère. La peau sombre qui habille mon corps est la même que la votre. Or cette main est d'une chaire plus belle et brillante. Je présume que ce ne peut être la Mort elle-même qui vienne me trouver. De plus, ses extrémités, si ce n'est son corps entier, n'est pas de sang et d'os comme nous. La Mort est belle mais celle qui se trouve devant moi est pure.
Je n'ai pas le courage de lever les yeux pour te chercher Inconnue. Je n'ose prendre ta petite main, elle n'est pas fragile, non, elle est éphémère.
Es-tu réelle ? Oui, mon cœur le sais. Es-tu bonté ? Oui, ma foi est forte. Es-tu éternelle ? Oui répond ma naïveté.
Questions, questions, réponses absentes et ton agréable insistance.
« Je ne veux pas t'attraper, t'embrasser ou t'emprisonner. »
Laisse moi frôler tes doigts inlassablement. Comme ça je sais que tu ne partiras pas car dès lors que je t'aurai étreinte Bonheur tu auras disparue aussi aisément que les traces de joies dans la neige pendant la tempête.
Derrière toi, une fumée traînante et d'amers souvenirs d'un état d’errance à travers les paysages multicolores de l'île du Neverland.
Un goût acide dans la bouche pleine de bile, le nez saupoudré.
Quelle est sensible cette corde, ses liens froissés, et rompue si mortelle. C'est à toi, main chaleureuse, que revient l'honneur de couper ce qui est suspendu au-dessus de ma tête.
Nous tous Anges de la Terre auréolés d'épées tranchantes et lancinantes.
« Je couperai la corde et je briserai l'épée qui sont sur ta tête ! »
Cruelle attention qui m'est accordée. Une douce bise en présent de Judas.
Chaque jour, cette vision m'accable. Chaque nuit, je m'endors en larme.
WIWANE Azaëlle, 11/09/2022
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