Phantom of guilt

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Minuit.
Minuit une.
Il fixait son regard sur le radio réveil depuis quarantes minutes maintenant. Impossible de dormir. Il savait que "c'était là".
Dans un coin de la pièce.
Il sentait sa présence.
Minuit deux.
Il jeta un coup d'oeil dans le recoin sombre de sa chambre.
Une forme blanchâtre se tenait debout. Vêtue d'un grand drap blanc, comme un fantôme pitoresque. Comme si un enfant avait fait deux trous dans un linge et revétu ledit drap. Il était là. Il l'observait.
Minuit trois.

-Tu vas continuer de m'ignorer longtemps?
La voix était robotique, inhumaine, agenrée. Il ne répondit pas.
- tu sais que je suis là.

Il se releva, passa devant le fantôme et alla à la cuisine pour boire un verre d'eau au robinet. Un souffle d'air. Il tourna la tête. Le fantôme était sur la table de la cuisine. Immobile. Il reposa son verre et lui fit face.
-Tu n'existes pas.
L'autre eut un léger mouvement de ce qui semblait être sa tête.
-Alors pourquoi me parler?
- T'ignorer ne te fait pas partir.
-Me parler non plus.
Le garçon soupira et alla dans le salon. Il se laissa tomber sur le canapé. Courant d'air. Le fantôme était à un mètre de lui.
- Tu sais qui je suis.
L'insomniaque grogna.
- Non je ne sais pas.
- Bien sur que tu sais. Tu refuses simplement de l'avouer.
- Tu n'es pas réel.
- Pour toi si.
Le fantôme fit un pas en avant.
- Tu sais ce que tu as fait.
- Je n'ai rien fait.
- Même pas l année dernière?
- J'ai fait des centaines de trucs l'année dernière mais rien qui justifie d'être hanté par un fantôme de pacotille.
- Qui suis je?
Il tourna la tête pour regarder le spectre.
- Je ne sais pas.
- Vraiment?
- Oui vraiment. Comment pourrais je le savoir? Ta voix n'a rien d'humain et tu es caché sous ce drap.
- Dis mon nom et je l'enlève.
- Je ne sais pas qui tu es.
- Menteur!

La voix robotique s'était faite agressive. Le revenant fit un pas en avant.
- Dois je te rappeler la soirée chez Sofiane?
Il ne répondit pas.
- Une bonne soirée n'est ce pas. Ton bon pote So qui t'invite pour picoler. Y avait du monde, à peu près vingt personnes. Plein que tu ne connaissais pas. Plein de filles...
L'homme se leva et se dirigea vers la porte de l'appartement. Il voulait sortir, prendre l air, s'éloigner. Il mit ses chaussures, pris son manteau mais quand il ouvrit la porte il se retrouva face au fantôme.
- Elle te plaisait. Tu l'as trouvée mignonne.
Il claqua la porte. Son souffle s'accélèra. Courant d'air. "Il" était derrière lui.
- Tu as passé un bon moment de la soirée à lui parler. Vous rigoliez bien. Tu te disais que tu avais ta chance. Tu avais envie d'elle...
- Ferme là!
Il se retourna et donne un coup de poing. Mais son attaque ne toucha que du vide. Disparut. La voix se refit entendre derrière lui.

- A trois heure du matin, elle voulut rentrer car elle était fatiguée. Tu t'es proposé pour la ramener en voiture. Tu étais clean...
- Laisse moi...
-... Elle a accepté...
- Laisse moi j'ai dis!
- ... Vous êtes partis...
- Laisse moi Camille!
Voilà.
Il l'avait dit.
Oui, en réalité, il savait. Il savait très bien. Mais il refusait de l'admettre.
Il se retourna lentement.
Plus de fantôme. Plus de drap.
Elle était là.
Elle était belle, comme à cette soirée chez Sofiane. Elle le regarda droit dans les yeux. Ses yeux verts étaient splendides.
- Qu'a tu fais?
ça voix n avait plus rien de robotique. C'était sa voix.
- Je... Je n'ai rien... Je ne...
- Tu as arrêté la voiture dans une ruelle.
- Ecoute... Je ne voulais...

- Tu as tenté de m embrasser. J ai tord?
- ...
- REPOND!
Elle avait hurlé tellement fort qu'il tomba à la renverse. Elle le dominait de toute sa hauteur.
- Répond...
- Oui... J ai tenté de t'embrasser...
- Et?
- On s'est embrassé...
- MENTEUR!
il sentit les larmes monter.
- ... Tu m'as repoussé.
- ça t'as arrêté?
- ...
- Alors?
- Laisse moi...
- Répond.
- Je ne voulais pas...
- Répond.
- Je pensais qu'elle jouait à un jeu...
- Et donc ça t'as arrêté?
- Je ne pensais pas que...
- Réponds!
- Non j'ai continué. Je l'ai forcé, je l'ai...
Il pleurait.
-... Je l'ai... Je t'ai...
- Tu m'as violé.
C'était tombé.
La phrase.
La sentence.
La guillotine.
Elle s'agenouilla près de lui.
- Tu m'as violé. Tu m'as déshabillé. J'étais tétanisée. Je n'arrivais plus à parler. Mais toi ça ne t'as pas arrêté. Tu m'as enlevé ma culotte. j'ai commencé à pleurer. Mais ça ne t'as pas arrêté. Tu es rentré en moi. Tu m'as violé jusqu'a ce que tu jouisses en moi. Puis tu m'as laissé devant chez moi. Je t'avoue que je ne me rappelle pas du trajet. J'étais détruite. Et toi tu étais fier.
- Non... Je ...
- Eh tu as continué de mener ta petite vie. Tranquille. Jusqu'a aujourd'hui. Que s'est t-il passé aujourd'hui?
Il n'osait même plus la regarder. C'est en regardant ses pieds qu'il répondit.
- J'ai vu dans le journal que tu étais mortes... Un suicide.
- C'est tout ce que disais l'article?
- Non... ça disais qu'elle avait porté plainte il y'a quelques mois mais que les flics n avaient pas pris sa plainte. Et après elle a sombré jusqu'a...
-... Jusqu'a commettre l'irréparable.
Il explosa alors en sanglots.
Elle repris.
- Tu sais pourquoi je suis là?
- Tu viens te venger je suppose...
- Me venger? Je ne sais pas qui je suis. Je ne sais pas si je suis un spectre ou un produit de ton imagination. Comment pourrais je me venger. Non je suis là car tu culpabilise.
- Bien sur putain!!!
Il essuya la morve qu'il avait au nez.
- C'est ma faute... Je t'ai tué... Je t'ai fais du mal... Je le savais mais je me suis dis que si je n y pensais pas ça n'existait pas... Que ce n'était pas grave au fond...
Il l a regarda enfin dans les yeux.
- Je suis désolé Camille.
Pour la première fois elle sourit.

Le lendemain, il alla au commisariat raconter se qu'il avait fait. Il trouvait ça important. Il se disais qu'il devait être puni pour avoir ainsi détruit une vie.
Sa peine fut dérisoire. Mais il l'a fit sans se plaindre.
Quand il sortit de prison, il alla au cimetière pour déposer une fleur sur sa tombe.
Camille ne réaparut jamais. Mais il garda toujours la sensation qu'elle le surveillait. De quelques part. Peu être de l'intèrieur de sa tête.
Et, bien des années après, alors que le grand âge l'avait happé depuis un moment, il se demanda si, quand son tour viendra de fermer les paupières une dernière fois, elle lui sourira encore une fois.

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