Prologue
24 Octobre 2005 - Angleterre
Je m’en souviens encore comme si c'était hier. Il faisait froid mais c'était une belle journée. La neige avait recouvert le petit parc en face de la maison, j’en avais profité pour inviter ma meilleure amie. C'était un petit quartier calme, rempli de petites bâtisses aux briques multicolores. J’aimais bien jouer ici, habituellement avec les autres enfants. Cependant, personne n'était là pour jouer avec nous. Le ciel était bleu et il n’y avait pas de nuage, un vent glacial venait s'engouffrer dans les arbres dénudés de feuilles.
Ma mère nous surveillait assise sur les bancs, un large sourire sur le visage. Maman était une très belle femme, assez jeune et elle avait une longue chevelure blonde. J’en avais longtemps été jalouse autrefois, car les miens étaient noirs, sûrement comme ceux de mon père que je n’avais jamais connu. Aujourd’hui ses cheveux étaient attachés en un chignon négligé. Elle n’avait pas eu le temps de bien se coiffer, comme je les traînais de force dehors. Avec mon amie nous avons couru dans le petit espace en s'envoyant des boules de neige. Il faisait très froid mais tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. J’étais heureuse et insouciante comme tout enfant de mon âge. Cassandre, l’autre petite fille, m’avait lancé une boule de neige en plein visage qui m’avait fait trébucher. J'étais tombée tête la première sur le tas glacé de petites boules que je venais de créer pour la bataille. J’avais tourné la tête vers celle qui nous surveillait dans un fou rire pour vérifier qu’elle avait bien regardé la scène. C'est là que j’avais vu cinq grands hommes encercler ma mère. Ils étaient habillés de costumes noirs, des lunettes de soleil ainsi que des oreillettes, comme dans les films qui passaient à la télé, c’était très cliché.
Je m’étais avancée vers maman pour faire connaissance avec ses nouveaux amis, celle-ci m’avait regardée, paniquée et m’avait crié de fuir avec Cassandre le plus loin possible. Je n’avais pas tout de suite compris ce qu'il se passait et j’avais mis un petit moment à réagir à la situation. J’étais prête à courir vers ma génitrice pour la protéger mais qu’aurais-je pu faire du haut de mes 8 ans?
Un nouvel homme avait eu le temps d’arriver derrière mon dos et m’avait attrapée par le bras.
« Viens avec moi si tu veux que ta mère reste en vie »
avait dit l’homme. Je regardais à nouveau vers la concernée, ne comprenant toujours pas ce qu'ils nous voulaient. Allaient-ils vraiment la tuer? Qu’est-ce que je devais faire ? Les suivre? J’avais risqué un dernier regard vers la personne qui m’avait mise au monde et ce que j’avais vu m'avait glacé le sang. Les hommes s'étaient rapprochés d’elle et elle… Elle qui avait d’habitude un regard et un sourire si gentils s’était transformée. Ses yeux d’origine vert étaient devenus jaune et remplis de rage. J’avais eu un mouvement de recul, elle l’avait remarqué et la colère s'était transformée en tristesse. La première chose qu’elle fit ensuite, c’est courir vers moi. Sa vitesse était surhumaine et elle n’avait eu aucun mal à dépasser les hommes. Elle avait projeté l’intrus derrière moi avec la paume de sa main et m’avait prise dans ses bras. Des larmes coulaient le long de ses joues si douces et rouges, son regard toujours jaune intense.
« Les Sept te sauveront » m'avait-elle dit en me serrant de plus en plus fort. Pas un mot n'avait pu sortir de ma bouche, j’avais peur et les larmes avaient aussi coulé sur mes joues gelées par le vent d’hiver. La suite était floue dans ma mémoire. Je me souviens du baiser chaud de ma mère sur mon front, de la chaleur qui m’avait envahie à cet instant, d’un « Je t’aime » puis plus rien. Je m’étais réveillée poings et pieds liés par des chaînes solidement attachées dans une pièce munie d’une minuscule fenêtre. Les murs étaient blancs et froids, aucune décoration, aucun lit ou autre meuble. J’étais là, seule, en ne comprenant toujours pas ce qu'il s'était passé, des tonnes de questions en tête.
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