Mademoiselle Atrides
Surtout n'attends pas ; n'attends pas de comprendre mille ans plus tard, que les fous, ce sont eux. Que dehors le monde est grand, bienveillant, violent parfois mais jamais autant qu'eux.
N'attends pas qu'ils se réveillent, qu'ils comprennent, qu'ils te laissent vivre. Sauve ta peau, maintenant, sauve toutes les années que plus tard, tu perdras à leur échapper. Sauve ta lumière, elle est là, elle brille, plus fort que les cendres dans lesquelles tu es née.
Surtout n'écoute pas ; n'écoute pas ceux qui devraient t'aimer et te construire, mais qui te tuent chaque jour un peu plus fort, un peu plus loin. N'écoute pas ces gestes qui te montrent que tu ne vaux rien.
N'écoute pas le fiel et le mépris, parce qu'ailleurs il y a une vie qui t'attend, une vie où les règles sont celles que tu acceptes, une vie où tu ne vaux pas moins que rien, une vie où on te trouve jolie, charmante, drôle.
N'attends pas, n'écoute pas, et pars ! Pars sans te retourner, pars loin de ces fous dont le sang est le même que le tien ; pars doucement, sans haine, sans regret, pars comme une vie qui ne peut s'écrire que sans eux.
Pars et ne reviens jamais ; parce que ta vie sera belle et absolue, quand tu auras quitté les Atrides. Inutile de les sauver, de les aider, de les espérer autrement qu'ils ne sont. Sauve ta peau, sans perdre une minute, sans perdre 30 ans comme je l'ai fait ; va, vis, et deviens* !
*Va, vis et deviens : film de Radu Mihaileanu, 2005
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