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Dans la chambre circulaire, Clémence atteignit la pièce la première et sans attendre, saisit l'écoutille centrale. Victor arriva, essoufflé.

« Clémence, attends !!! », dit-il tout en se rapprochant d'elle. Mais trop tard, elle avait ouvert la porte et se trouvait enveloppée tout entière par la lumière bleue. Elle voyait la pierre, elle voyait le bras lumineux, mais elle voyait aussi les âmes de tous les animaux prisonniers du champ de force. Elle tendait la main pour attraper la petite manivelle qui allait désactiver le champ, quand une voix venant de l'arrière l'interrompit.

« Reculez, les enfants ». Tout de rouge vêtu, Herimes se tenait debout, près de l'entrée, sa canne à la main, son gant sur l'autre. Il relança le même ordre.

« Reculez les enfants, c'est dangereux par là.

— Vous avez tué Chat, dit la gamine.

— Qui ? Je n'ai tué personne.

— J'ai vu ce qui se passait là-dedans, vous brûlez des animaux vivants avec votre boule bleue magique, et ils deviennent des fantômes.

— Nous ne faisons rien de tout cela. Nous nourrissons simplement la pierre philosophale.

— Philosophale ? rétorqua Victor.

— Oui, pour faire voler LightCity, nous avons besoin d'anti-gravité. Les turbines à vapeur ne sont là que pour le déplacement horizontal, c'est en fait la pierre philosophale qui permet de nous maintenir en l'air. Elle ne se nourrit que de choses vivantes, certes, mais les animaux ne souffrent pas, je vous l'assure.

— Vous mentez, les animaux sont enfermés et ils ne peuvent pas sortir. J'ai aidé Chat à sortir et il faut libérer les autres animaux.

— Tu as quoi ? Tu... tu... tu peux les voir ? Tu as eu un contact ? »

Mais Clémence ne répondit pas. Elle regarda la manivelle et s'avança pour la saisir. Victor, impuissant, la regardait sans réagir. Il se souvenait très bien dans quel état il avait trouvé Clémence la première fois, elle en portait d'ailleurs encore les cicatrices, mais il ne savait s'il devait l'empêcher d'agir. Herimes, lui, tint sa canne à l'horizontale et visa la petite fille.

« Arrête maintenant, tu risques de faire chavirer toute la ville. »

Mais Clémence ne s'arrêta pas. Elle s'apprêtait à saisir la manivelle quand soudain, derrière elle, une énorme détonation la surprit, "BANG", suivie d'une odeur de poudre brûlée et d'un dernier bruit sourd sur le sol. Elle se retourna. Herimes était toujours debout. Une petite fumée s'échappait de son fusil. Devant elle, Victor, allongé, une flaque de sang commençait à s'étaler.

Clémence, horrifiée, se précipita sur le corps de Victor. Son visage était blême, exsangue. Clémence était en larmes, à genoux dans la flaque rouge. Derrière elle, les esprits tournaient de plus en plus fort, des étincelles et des fissures apparaissaient çà et là dans le champ de force.

« Victor ? balbutia Clémence.

— Je ne voulais pas, il s'est interposé. Je voulais juste te faire peur.

— Menteur ! », cria-t-elle de toutes ses forces.

Sous la pression des âmes et comme aidé par l'énergie du désespoir de la gamine, le champ de force se brisa, tel un aquarium immatériel. Les animaux prisonniers déferlèrent, rage hurlante, sur Herimes tellement surpris qu'il ne put que faire marche arrière. Il reculait et frappait dans le vide pour éviter les brûlures infligées par ces êtres de lumière qu'il enfermait depuis des années, trébuchant et se heurtant la tête dans le couloirs de LightCity qui basculait peu à peu.

Les âmes dispersées et la pierre philosophale libérée, l'anti-gravité s'amenuisait et la ville, tout doucement, sombrait à travers les nuages. Clémence et le corps de Victor se détachèrent du sol, flottant sans contact au milieu de la pièce. Clémence regardait autour d'elle. Elle vit Chat et les autres animaux venir les pousser, elle et le corps de Victor, en direction du bras de lumière bleue. La petite avait peur mais ne disait mot. Elle se laissa faire. Le contact commença. Le toucher fut brûlant, mais Clémence fit un effort pour supporter la douleur. Qu'allait-elle devenir ? Pourquoi Chat et les autres animaux l'avaient-ils poussée à l'intérieur ? Inerte, elle se disait que c'était peut-être le meilleur moyen de rejoindre Victor...

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